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Correspondance avec M. X15 (étudiant en médecine pro-choix)

Trophime Bigot. Un médecin.
(Trophime Bigot. Un médecin. Source)

Table des matières

4 brefs courriels, juste pour décider de faire un débat
1) M. X15 (2008-novembre-30)
2) S. Jetchick (2008-décembre-03)
3) M. X15 (2008-décembre-04)
4) S. Jetchick (2008-décembre-09)
5) M. X15 (2008-décembre-09)
6) S. Jetchick (2008-décembre-12)
7) M. X15 (2008-décembre-12)

1) M. X15 (2008-novembre-30)

-----Original Message-----
From: reponse Joute intellectuelle [reponse.a.inquisition (mettre arobas) gmail.com]
Sent: 30 novembre 2008 10:42
To: Stefan Jetchick
Subject: Re: Voulez-vous commencer où vous voulez que je commence?

Avant de débuter, j'aimerais immédiatement attaquer l'argument pro-
vie. Il ne faudrait pas tuer le foetus parce qu'il est un humain
innocent. Dans ma critique, je ne vais pas nier que le foetus est un
humain même si je trouve cela très ambigüe. Selon moi, le foetus est
humain, mais il n'est pas une personne. Une personne c'est
quelqu'un qui est conscient d'elle-même. Le foetus ne l'est
visiblement pas. La conscience c'est le seul critère qu'on doit
s'attarder. Dire que le foetus est important à cause de son
appartenance à notre espèce serait un argument spéciste. Le foetus
n'a pas plus de valeur qu'un animal inconscient.

J'entends venir votre point, sur le fait que le foetus est une
personne potentiel. Il ne faut pas considérer que tuer un foetus a
le même point éthique que de tuer une personne. Justement, je ne
donne pas la même valeur à un être potentiel qu'à un être
"terminé". Arracher un gland n'a pas la même valeur que d'abattre
un chêne vénérable. Sans compter qu'il serait ridicule d'essayer
de sauver des spermatozoïdes sous prétexte que ce sont des
personnes potentiels.

Ensuite, lorsque l'on tue le foetus on n'agit pas contre son
intérêt de vivre. Pour avoir un intérêt, il faut au moins être
conscient. Cependant, refuser l'avortement est une action contre
l'intérêt de la mère. D'une certaine manière l'intérêt de la mère
est plus important que le foetus parce que le foetus n'a pas
d'intérêt.

2) S. Jetchick (2008-décembre-03)

-----Original Message-----
From: Stefan Jetchick
Sent: 3 décembre 2008 17:45
To: reponse Joute intellectuelle
Subject: RE: Voulez-vous commencer où vous voulez que je commence?

Bonjour M. X15,

Désolé de ma lenteur à vous répondre.

Avant de commencer, je voudrais juste expliquer un peu qui vous
êtes, pour le bénéfice des visiteurs de mon site. Vous m'avez
contacté il y a quelques jours à propos de la:

	Joute intellectuelle!

Vous m'avez demandé si vous pouviez participer, même en restant
anonyme (et sans trouver 3 arbitres, et sans que vous soyez une
femme), entre autres parce que vous êtes un étudiant en médecine.

J'ai répondu non, pour la «Joute intellectuelle» strictement
parlant, car vous me demandiez trop de concessions, mais qu'on
pouvait certainement faire un débat ordinaire par courriels.

Alors allons-y!


>> Avant de débuter, j'aimerais immédiatement attaquer l'argument
>> pro-vie.

OK.


>> Il ne faudrait pas tuer le foetus parce qu'il est un humain
>> innocent.

Ouf, déjà avec votre première phrase, nous avons du pain
sur la planche! Comme vous le savez, dans un débat efficace
et constructif, une des premières tâches est de bien
définir nos termes.

Ici, je dois vous remercier parce que vous m'avez forcé à
nettoyer mon site web, pour clarifier ma terminologie. Je
pense que vous détenez le record: je vous dois au moins
100$ (à 0.5 sous par faute)! J'ai été obligé de corriger
presque toutes les pages de mon site web! Ça m'a pris 2 jours!


>> Dans ma critique, je ne vais pas nier que le foetus est un
>> humain

Clarifions donc notre terminologie.

Un «humain», c'est une faute de français, et en plus c'est
très sexiste (on laisse de côté toutes les humaines!)

Un «foetus», selon le Petit Robert, c'est «Dans l'espèce humaine,
Produit de la conception à partir du troisième mois de
développement dans l'utérus». Cette définition n'est pas
complète (Quand cesse-t-on de l'appeler «foetus»?
Pourquoi le troisième mois? etc.), mais je n'ai rien contre
son utilisation dans ce débat.

Un «être humain», c'est ambigu. Normalement, cela veut dire
un «homme», mais (en tirant un peu par les cheveux), cela
peut vouloir dire quelque chose d'humain. Par exemple, un
policier trouve une jambe dans un congélateur, et constate
que c'est une jambe, non pas de cheval ou de gorille, mais
une jambe humaine. Il peut donc dire que c'est un être,
et un être humain, même si c'est seulement une jambe!

Je vais donc éviter d'utiliser l'expression «être humain».


>> je trouve cela très ambigu.

Moi aussi. Alors nous nous entendons pour éviter cette
expression.


>> Selon moi, le foetus est
>> humain, mais il n'est pas une personne.

Voilà en effet la position standard pro-choix. Nous
nous approchons du débat!


>> Une personne c'est
>> quelqu'un qui est conscient de lui-même.

OK, ici commence le débat en tant que tel.

D'abord, de la manière dont votre définition est formulée,
il serait possible d'être quelqu'un, sans être une
personne! (Peut-on être «quelqu'un», sans être une
personne?)

Il serait peut-être plus précis de dire:

	Tout être doué de conscience de soi est une personne.

Si cette reformulation vous est acceptable, moi je lui
donnerais un Concedo (au moins pour les hommes et les
anges).


>> Le foetus ne l'est visiblement pas.

Ici, l'ambiguïté signalée ci-haut va nous nuire. Un bébé
sur le point de naître est-il un «foetus»? À ma connaissance,
longtemps avant de naître, un bébé entend les sons et réagit
en conséquence.

Pour empirer cette ambiguïté, au Canada de nos jours,
il faut que le bébé ait complètement quitté le canal de
la naissance pour être légalement une personne.
Si le pied gauche du bébé est encore dans le canal de la
naissance, le bébé a beau respirer, faire «gaga-gougou»,
sourire en voyant sa maman, etc., il est encore considéré
comme un «foetus» par nos lois, et n'importe qui peut le
tuer pour n'importe quelle raison.

Comme si ces deux ambiguïtés ne suffisaient pas, nous en
avons une troisième! En effet, il faut distinguer entre
«l'acte premier», et «l'acte second». Un patient couché
sur la table d'opération et profondément anesthésié n'est
pas conscient. Pourtant, il est une personne. Sa
conscience de soi n'est pas en «acte second», mais elle
est en «acte premier». Un jour, les techniques de
congélation nous permettront peut-être de congeler un
homme et de le décongeler sans effets négatifs.
Pendant qu'il sera congelé, sa conscience de soi sera
en «acte premier» seulement.

S'il faut être conscient en acte second pour être une
personne, un criminel n'a qu'à anesthésier ses
victimes avant de les tuer! Et hop! Pas de meutre, puisqu'il
a tué quelque chose qui n'était pas conscient, donc qui
n'était pas une personne!

:-)


>> La conscience c'est le seul critère [sur lequel]
>> on doit s'attarder.

Distinguo. Si vous voulez dire: la conscience en acte
second, Nego. Si vous voulez dire: Le principe
ontologique de la conscience, Concedo.


>> Dire que le foetus est important à cause de son
>> appartenance à notre espèce serait un argument spéciste.

Distinguo. Si le foetus est un «être humain»,
dans le sens signalé ci-haut (celui par lequel une
jambe humaine est un être humain), alors Concedo.


>> J'entends venir votre argument, selon lequel le foetus est une
>> personne potentielle.

Nego. Ce n'est pas mon argument. Une personne potentielle
n'est pas une personne. Être en puissance, ce n'est pas
être en acte. (L'explication technique de la différence entre
la puissance et l'acte se trouve entre autres ici.)

Un bloc de marbre a beau être une statue
de la Vierge Marie en puissance, il n'est quand même pas
une statue! Un client qui paie pour avoir une statue
de la Vierge Marie, et qui se fait donner un bloc de
marbre, va être un client très insatisfait!


>> Il ne faut pas considérer que tuer un foetus a
>> la même valeur éthique que de tuer une personne.

C'est de nouveau l'affirmation de la position pro-choix.
Mais pour justifier cette affirmation, il faut d'abord
définir clairement ce qu'est un homme, pour ensuite
déterminer quand un homme commence à exister.


>> Arracher un gland n'a pas la même valeur que d'abattre
>> un chêne vénérable.

Concedo, bien sûr! Les pro-vie n'ont jamais
dit que l'enfant à naître était une personne potentielle,
mais bien une personne en acte!


>> il serait ridicule d'essayer
>> de sauver des spermatozoïdes sous prétexte que ce sont des
>> personnes potentielles.

Concedo, bien sûr! Les pro-vie n'ont jamais
dit que les spermatozoïdes étaient des personnes!


>> lorsque l'on tue le foetus on n'agit pas contre son
>> intérêt de vivre. Pour avoir un intérêt, il faut au moins être
>> conscient.

Conférer ci-haut mon argument du criminel qui anesthésie
ses victimes avant de les tuer.

Il faut plutôt commencer par déterminer le statut ontologique du
«bidule qui est dans l'utérus de la femme enceinte».


>> l'intérêt de la mère
>> est plus important que le foetus parce que le foetus n'a pas
>> d'intérêt.

La victime anesthésiée ci-haut n'a pas d'intérêt non plus.

Il faut plutôt commencer par déterminer le statut ontologique du
«bidule qui est dans l'utérus de la femme enceinte».

Au plaisir!

Stefan

3) M. X15 (2008-décembre-04)

-----Original Message-----
From: reponse Joute intellectuelle [reponse.a.inquisition (arobas) gmail.com]
Sent: 4 décembre 2008 20:47
To: Stefan Jetchick
Subject: Re: Voulez-vous commencer où vous voulez que je commence?

(Je suis lent parce que je suis dans ma période d'examen.)

Je suis content qu'on soit d'accords sur un point. Nous rejetons
l'argument de la personne potentiel. Cependant, nous sommes en
désaccord sur l'importance du rôle de la conscience. Dans cette
lettre, je vais me concentrer sur la conscience.

On peut commencer par ce demander pourquoi il est si important
moralement de ne pas tuer les personnes. Selon moi, être une personne
c'est avoir une conscience de soi et d'être capable de ce projeté
dans l'avenir. On ne doit pas tuer une personne parce qu'on ne
respecterait pas sa volonté de vivre.

Je vais maintenant répondre à votre question : pouvons-nous tuer une
personne endormie qui n'est pas consciente?

La réponse est naturellement non. Lorsque l'on tue une personne qui
dort, on lui prive de son futur qu'elle espérait avant de dormir. On
ne respecte pas sa volonté de vivre.

Pour distinguer ce qu'est une «personne», il ne faut pas ce
demander si la chose est consciente à cet instant, mais plutôt est-ce
que cette chose est un être doué d'une conscience?

Et le foetus? Veut-il vivre? Veut-il mourir? Le foetus n'a jamais été
conscient alors il n'a aucun désir.

(Si possible, j'aimerais avoir une réponse rapide)

4) S. Jetchick (2008-décembre-09)

-----Original Message-----
From: Stefan Jetchick
Sent: 9 décembre 2008 11:58
To: reponse Joute intellectuelle
Subject: RE: Voulez-vous commencer où vous voulez que je commence?

Bonjour M. X15,

>> On peut commencer par se demander pourquoi il est si important
>> moralement de ne pas tuer les personnes.

Oui, c'est un excellent point de départ! En effet, si
nous n'avons pas la moindre idée ce qu'est le
bidule nommé «dignité humaine», il ne sert à rien de
débattre sur l'avortement!


>> Selon moi, être une personne
>> c'est avoir une conscience de soi et d'être capable de se projeter
>> dans l'avenir.

OK, voilà votre définition de «personne». Maintenant, en bons
philosophes, notre devoir est de l'examiner, pour voir si elle
est conforme à la réalité.

Pour la première partie de votre définition («être une personne
c'est avoir une conscience de soi»), je suis partiellement
d'accord, et partiellement en désaccord, comme je l'ai déjà
dit ci-haut. Si le principe ontologique de la conscience de
soi est présent, c'est une personne, même si sa conscience
de soi n'est pas en acte second.

Pour la deuxième partie de votre définition («être une personne
c'est [...] être capable de se projeter dans l'avenir»), je ne
suis pas certain. Strictement parlant, l'avenir n'existe
pas, ni le passé d'ailleurs. Donc on ne peut pas se «projeter dans
l'avenir». Il est possible de prendre son élan, et de se
projeter de l'autre côté d'une grosse flaque d'eau, mais il est
impossible de se «projeter» dans le non-être.

Mais si on prend «le futur psychologique, celui de l'imagination
créatrice», et qu'on prend le verbe «projeter» dans un sens
métaphorique, alors l'expression «planifier une action future»
peut aussi se dire «se projeter dans l'avenir». Dans ce sens,
oui, être une personne, c'est être capable de «se projeter dans
l'avenir». Sauf que se rappeler des actions que nous avons
posées dans le passé, ça aussi c'est être une personne!

En d'autres mots, exister mentalement implique plusieurs choses:
être capable de planifier une action future, se rappeler de
nos gestes passés, résoudre des problèmes, parler, réfléchir,
organiser, etc. (voir toute une liste ici).

Dans votre cas, l'idée de «se projeter dans l'avenir» semble
surtout une réminiscence de Jean-Paul Sartre et de son
existentialisme athée.

Bon, c'est une analyse un peu longue de votre définition, mais
nous essayons de faire un débat scientifique. Il faut bien
tenter de savoir de quoi on parle!


>> On ne doit pas tuer une personne parce qu'on ne
>> respecterait pas sa volonté de vivre.

Bon, ici vous énoncez une règle de morale. Est-elle vraie?

Pour le savoir, il faut non seulement examiner votre affirmation
en tant que telle («On ne doit pas tuer [...] volonté de vivre»),
mais aussi les affirmations implicites qui la sous-tendent!

C'est un peu comme un médecin qui voit arriver un patient dans
son cabinet. Si le patient se plaint de maux de ventre, le médecin
doit s'occuper de ces symptômes. Mais le médecin doit aussi chercher à
découvrir la cause de ces maux de ventre. Ulcères peptiques?
Déchirements de Mallory-Weiss? Léiomyosarcomes? Gastropathie
d'hypertension portale?

Reprenons votre affirmation:

	On ne doit pas tuer une personne parce qu'on ne
	respecterait pas sa volonté de vivre.

Quelles sont les causes possibles de cette affirmation? En d'autres
mots, pour que cette affirmation soit vraie, quelles autres affirmations
devraient aussi être vraies? Lançons quelques hypothèses:

	h1)	Le bien et le mal sont déterminés par l'homme (et non
		par Dieu).

	h2)	Le bien et le mal, non seulement sont déterminés par l'homme,
		mais par chaque homme individuellement, pour lui-même.
		En d'autres mots, une société n'a pas à imposer ses
		critères de «bien» et de «mal» à un homme individuel.

	h3)	Cette détermination n'a pas de fondement objectif, mais
		est purement fondée sur le choix libre, conscient et
		arbitraire de chaque homme. En d'autres mots, le «bien»
		et le «mal», c'est ce que je décide qui est le «bien» et
		le «mal».


Les affirmations h1 à h3 sont-elles vraiment nécessaires pour que
la vôtre puisse être vraie? Je pense que oui.

Imaginons un exemple: Un père de famille, marié et avec plusieurs
enfants, décide, librement et consciemment, de se suicider.

Il a maintenant la volonté de mourir, et non la volonté de vivre.
Son suicide est-il bon ou mauvais? Nous sommes tous deux d'accord
qu'il tuerait un vrai homme, pas une personne potentielle ou
un enfant à naître. Et c'est sa décision libre et consciente.
La petite société de sa femme et de ses enfants n'a pas à lui
imposer ses critères de «bien» et de «mal», ni Dieu d'ailleurs.

Qu'en dites-vous?

Et que pensez-vous des hypothèses h1 à h3?


>> Lorsque l'on tue une personne qui
>> dort, on la prive de son avenir qu'elle espérait avant de dormir. On
>> ne respecte pas sa volonté de vivre. [...] Le foetus n'a jamais été
>> conscient alors il n'a aucun désir.

Encore ici, vous avez de gros problèmes. Primo, vous n'avez pas répondu
à ma question concernant la définition exacte de «foetus» (Quand cesse-t-il
d'être un «foetus» et devient-il un «bébé»?). Secundo, vous n'avez
pas répondu à ma question concernant ce que le foetus perçoit,
et comment il réagit, et pourquoi il réagit. Tertio, en supposant
que vous ayez raison, à quel moment fait-on le premier acte conscient et
libre de vivre? Au moment où on sort complètement du canal de la
naissance? J'en doute fortement! Je ne connais aucun psychologue
qui place le premier acte de l'intelligence avant plusieurs années après
la naissance! Mais dans ce cas, tuer les jeunes enfants serait légal!

Si vous tentez de riposter en disant que le bébé qui vient de naître
manifeste sa volonté de vivre implicitement, par exemple
en retirant son bras ou sa jambe si on la pince douloureusement,
je vais vous demander de me décrire le comportement d'un bébé
dans le ventre de sa mère, durant un avortement tardif. Il y a
des vidéos de ce genre de choses; on peut voir le comportement du
bébé.


>> Pour distinguer ce qu'est une «personne», il ne faut pas se
>> demander si la chose est consciente à cet instant, mais plutôt
>> est-ce que cette chose est un être doué d'une conscience?

Ici, c'est soit la lumière au bout du tunnel, soit une autre
ambiguïté de votre part. Quel principe ontologique permet
d'être «doué d'une conscience», sans être conscient en acte?


>> (Si possible, j'aimerais avoir une réponse rapide)

Ici, je vais faire une petite «montée de lait»! Je suis lent, j'en
conviens. Mais je lis très soigneusement vos courriels, et
j'essaie de répondre à toutes vos questions. Remarquez comme
je dissèque vos courriels, en vous citant précisément, et en
répondant point-par-point à vos affirmations.

Plusieurs choses m'inquiètent. D'abord, bien sûr, il y a votre
anonymat. Ensuite, je ne pense pas que vous avez cité une seule
phrase de moi jusqu'ici (ni une citation de mon site web, ni une
citation de mes courriels). Aussi, votre dernière réponse est
venue très rapidement.

Enfin, nous allons voir la suite.

Bon courage dans vos études et vos examens!

Stefan

5) M. X15 (2008-décembre-09)

-----Original Message-----
From: reponse Joute intellectuelle [reponse.a.inquisition (arobas) gmail.com]
Sent: 9 décembre 2008 17:42
To: Stefan Jetchick
Subject: Re: Voulez-vous commencer où vous voulez que je commence?

Je ne parlerai pas de l'avortement dans la première partie de ce
texte. J'aimerais défendre mon affirmation :

On ne doit pas tuer une personne parce qu'on ne respecterait pas sa
volonté de vivre.

Cette affirmation n'est pas basée sur mes intuitions, mais bien sur
un fondement objectif. Cette affirmation provient de principe
déontologique. Selon cette éthique, «nous devons toujours agir de
telle sorte que nous voulions que notre maxime devienne une loi
universelle». De façon vulgarisée, il faut respecter l'intérêt des
autres parce que d'une certaine manière on désire avoir nos intérêts
respectés. Dans cette exemple, le tueur est égoïste parce qu'il fait
passé ses intérêts superficiels (le plaisir de tuer) devant les
intérêts primaires (tous les plaisirs que la victime  espère) de la
victime.

Ensuite, vous faites un exemple sur le suicide. C'est surprenant, je
ne pensais pas que je devrais exprimer mon opinion sur le suicide
dans ce débat. Pour le suicide, je pense qu'il est important de
respecter le choix des individus. Le problème c'est qu'il faut
s'assurer que la personne fait un choix éclairé. Une personne
souffrant de dépression peut difficilement faire un choix éclairé.
C'est pour cela qu'il faut absolument interdire le suicide chez les
gens qui n'ont pas obtenu d'aide psychologique. Dans les pays
européens qui acceptent le suicide, les personnes qui obtiennent la
permission sont souvent des personnes extrêmement malades.

Revenons à l'avortement. Vous m'avez demandé quand cesse-t-il
d'être un «foetus» et ensuite vous avez formulé une pente glissante
disant que ma théorie permettait également l'infanticide. Il est
vrai que je ne sais pas quand le foetus devient conscient. Cependant,
dans le doute j'utilise un principe de précaution. On peut établir
une limite où l'on est certain que le foetus n'a pas de conscience.
Par exemple vous avez dit qu'au Canada il faut que le bébé ait
complètement quitté le canal de la naissance pour être légalement
une personne. Voilà une limite de sécurité où l'on est certain qu'on
ne tue pas un être conscient.

De plus, je suis prêt à accepter l'infanticide. Dans le cas d'un
nouveau né avec des difformités, il vaut mieux le tuer avant qu'il
devient un être conscient.

On peut également ce demander si la souffrance du bébé quand on le
pince a un poids moral. J'aimerais rappeler l'un de mes arguments
principaux. Le bébé n'est pas une personne et cela implique qu'il a
un poids moral aussi grand qu'un autre animal inconscient. Son poids
moral est très mince. Par contre, le poids moral de la mère est très
grand parce qu'elle est une personne.

Pour terminer, je vais répondre à cette critique :

M.x15 : Pour distinguer ce qu'est une «personne», il ne faut pas se
demander si la chose est consciente à cet instant, mais plutôt est-
ce que cette chose est un être doué d'une conscience?

S. Jetchick: Quel principe ontologique permet
d'être «doué d'une conscience», sans être conscient en acte?

Simplement, les êtres conscients ne sont pas toujours
conscients. Exemple l'homme qui dort.

6) S. Jetchick (2008-décembre-12)

-----Original Message-----
From: Stefan Jetchick
Sent: 12 décembre 2008 00:31
To: reponse Joute intellectuelle
Subject: RE: Voulez-vous commencer où vous voulez que je commence?

Bonjour M. X15,

>> Cette affirmation n'est pas basée sur mes intuitions, mais bien sur
>> un fondement objectif.

OK, examinons-le.


>> Cette affirmation provient d'un principe
>> déontologique. Selon cette éthique, «nous devons toujours agir de
>> telle sorte que nous voulions que notre maxime devienne une loi
>> universelle».

Primo, c'est L'Impératif Catégorique d'Emmanuel Kant:

	«Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse
	toujours valoir en même temps comme principe d'une législation
	universelle»
	[Source]

Secundo, la théorie morale de Kant est fausse. Voir la Source
citée ci-haut.


>> De façon vulgarisée

Nego, ce n'est pas une vulgarisation correcte de L'Impératif
Catégorique d'Emmanuel Kant. Voir la Source citée ci-haut.


>> il faut respecter l'intérêt des
>> autres parce que, d'une certaine manière, on désire que nos intérêts
>> soient respectés.

Concedo, mais ça, ce n'est pas L'Impératif Catégorique, mais bien
la Règle d'Or de la Bible («Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais
pas que l'on te fasse», [Tb 4:15]).


>> Dans cet exemple, le tueur est égoïste

Oups, là, vous m'avez perdu. De quel exemple parlez-vous?
Quel tueur?


>> il fait
>> passer ses intérêts superficiels (le plaisir de tuer) devant les
>> intérêts primaires (tous les plaisirs que la victime espère)

Aille! Aille! Aille!

En d'autres mots, le but de la vie (les «intérêts primaires» comme
vous le dites), seraient supposément «tous les plaisirs» corporels
qu'on peut espérer? Tiens tiens, j'ai déjà écrit un long texte à
propos d'une conférence donnée à des étudiants en médecine, et
qui résumait cette position ainsi:

	Un batteur à oeufs n'a pas de valeur en soi, mais est un pur
	instrument conçu pour battre les oeufs. Si les oeufs
	disparaissent, le batteur à oeufs n'a plus de raison
	d'exister et on peut l'éliminer.

	C'est la même chose pour les hommes. L'homme est un
	instrument purement matériel qui existe pour ressentir le
	plaisir physique. Si ses possibilités d'avoir du plaisir
	physique diminuent, ou s'il gêne le plaisir d'un autre,
	l'homme n'a plus de raison d'exister et doit donc être
	éliminé, par lui-même ou par les autres, avec ou contre son
	gré.
	[Source]


>> Ensuite, vous prenez un exemple sur le suicide. C'est surprenant, je
>> ne pensais pas que je devrais exprimer mon opinion sur le suicide
>> dans ce débat.

Cher Monsieur X15. Relisez vos propres courriels. Vous avez
proposé un principe général de morale, qui permet (selon vous)
de déterminer quand il est moralement bon de tuer une
personne humaine. J'applique votre principe, pour voir s'il
fonctionne. (Si quelqu'un m'offre un outil et me dit: «Avec ça,
on peut planter n'importe quel clou», et que je vois un clou
devant moi, je vais taper sur ce clou pour voir si cet outil
fonctionne bien!)


>> il faut absolument interdire le suicide chez les
>> gens qui n'ont pas obtenu d'aide psychologique.

OK, alors le père de famille mentionné ci-dessus se fait
donner de l'aide psychologique, et ensuite il maintient
sa décision. Selon vos principes, rien de mal à ce qu'il
se tue...


>> Dans les pays
>> européens qui acceptent le suicide

Il y a un pays européen dans lequel le suicide est encore
illégal? Lequel? À ma connaissance, la Culture de la Mort
est quasi-omniprésente en Europe.


>> ensuite vous avez formulé une pente glissante
>> disant que ma théorie permettait également l'infanticide.

Ce n'est pas une «pente glissante». C'est un déduction logique,
que vous confirmez d'ailleurs quelques phrases plus loin.


>> Il est
>> vrai que je ne sais pas quand le foetus devient conscient.

Question: Un chasseur voit quelque chose bouger dans un
buisson. Est-ce un chevreuil? Est-ce une vieille grand-mère
qui récolte des champignons? Il ne le sait pas, mais il
tire quand même.

A-t-il bien agi moralement?


>> On peut établir
>> une limite où l'on est certain que le foetus n'a pas de conscience.

Oublions un instant votre incompréhension navrante du «ce qui
doit exister pour qu'un être puisse avoir la conscience de soi».

Interprétons charitablement votre affirmation. Présumons que vous
voulez dire: «Limite où le foetus n'a pas le principe ontologique
de la conscience».

Alors, quelle est cette limite?


>> il faut que le bébé ait complètement quitté le canal de la naissance
>> [...] Voilà une limite de sécurité où l'on est certain qu'on
>> ne tue pas un être conscient.

Incroyable. C'est à se demander si vous êtes vous-même «conscient»!

Le bébé est sorti du ventre de la mère. Il fait gaga-gougou, sourit,
mange, etc., mais son pied gauche est encore dans le canal de la
naissance. Donc il est inconscient, selon vous! Et ça serait une limite
de sécurité certaine!

Je serais tordu de rire, si votre cas n'était pas aussi pitoyable...


>> De plus, je suis prêt à accepter l'infanticide.
>> [...] Le bébé n'est pas une personne et cela implique qu'il a
>> un poids moral aussi grand qu'un autre animal inconscient.

Un bébé n'est pas une personne? Un bébé est comme une vache ou
un poulet qu'on peut envoyer à l'abattoir?

OK, j'ai atteint ma limite.


>> Dans le cas d'un nouveau-né ayant des difformités

Et bien sûr, vous parlez des difformités corporelles. «Votre bébé
est laid, Madame, on le jette aux vidanges. Ayez confiance en
moi, je suis un médecin québécois athée, formé par un expert.»

Il y a d'autres difformités. Il y a d'autres laideurs. Par
exemple, la difformité spirituelle; la laideur morale. Un
exemple? Hum, comme par hasard, vous avez soigneusement caché
votre vraie identité durant ce débat. C'est comme si vous
aviez honte d'une hideuse difformité non-corporelle...


>> Simplement, les êtres conscients ne sont pas toujours
>> conscients. Exemple l'homme qui dort.

Petit exemple simple: une lampe de poche à pile. Elle peut
être allumée et donner de la lumière, ou être éteinte. Même
quand elle est éteinte, le principe ontologique qui lui permet
de donner de la lumière existe quand même.

SVP travaillez sur votre incompréhension navrante du «ce qui
doit exister pour qu'un être puisse avoir la conscience de soi».

Adieu.

Je prie pour vous (mais surtout pour vos futurs patients!),

Stefan

7) M. X15 (2008-décembre-12

-----Original Message-----
From: reponse Joute intellectuelle
Sent: 12 décembre 2008 11:50
To: Stefan Jetchick
Subject: Re: Voulez-vous commencer où vous voulez que je commence?

Bonjour, j'ai réalisé que lorsque j'écris un grand texte, vous
déformiez mes phrases et mes idées. j'ai réalisé qu'il y avait
beaucoup d'aberration dans vos critiques. De plus, Je considère que
vous ne pouvez pas vous déclarer gagnant, sauf s'il y a consensus.
Selon moi, c'est fuir le débat.  C'est pourquoi, je pense qu'à
l'avenir, je vais plutôt critiquer vos idées au lieu d'écrire un
long texte et j'ai l'intention d'invité une personne pour juger.

>>Secundo, la théorie morale de Kant est fausse. Voir la Source
>> citée ci-haut.

Votre lien ne marche pas.

SJJ: Tous mes hyperliens fonctionnent, j'ai revérifié plusieurs fois. Ce qui a probablement confondu M. X15, c'est que le mot "Source" pointe la première fois vers Kant, mais les deux hyperliens subséquents pointent vers le premier hyperlien. Quelqu'un qui ne connait pas le HTML et qui en plus n'est pas attentif ne remarquera pas que le fureteur défile la page un peu pour se remettre vis-à-vis le premier hyperlien, lorsqu'on clique sur un des deux suivants.

>>Concedo, mais ça, ce n'est pas L'Impératif Catégorique, mais bien
>>la Règle d'Or de la Bible («Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais
>>pas que l'on te fasse», [Tb 4:15]).

La règle d'or est une logique déontologique, c'était juste ça le
point.


>> Tiens tiens, j'ai déjà écrit un long texte à
>>propos d'une conférence donnée à des étudiants en médecine, et
>>qui résumait cette position ainsi:

Je n'ai jamais parlé du but de la vie. J'ai dit qu'il ne faillait
pas faire passer ses intérêts superficiels avant celle des autres.


>>Un batteur à oeufs n'a pas de valeur en soi, mais est un pur
>> [...] le batteur à oeufs n'a plus de raison
>>d'exister et on peut l'éliminer.

Un autre exemple que vous déformez mes idées.


>>J'applique votre principe, pour voir s'il
>>fonctionne. (Si quelqu'un m'offre un outil et me dit: «Avec ça,
>>on peut planter n'importe quel clou», et que je vois un clou
>>devant moi, je vais taper sur ce clou pour voir si cet outil
>>fonctionne bien!)

Un autre exemple que vous déformez mes idées.


>>OK, alors le père de famille mentionné ci-dessus se fait
>>donner de l'aide psychologique, et ensuite il maintient
>>sa décision. Selon vos principes, rien de mal à ce qu'il se tue...

Si le psychologue déclare qu'il est sain d'esprit, je suis
absolument d'accords dans ce cas de figure. Sa vie lui appartient.


>>Question: Un chasseur voit quelque chose bouger dans un
>>buisson. Est-ce un chevreuil? Est-ce une vieille grand-mère
>>qui récolte des champignons? Il ne le sait pas, mais il
>>tire quand même.
>>A-t-il bien agi moralement?

NON! C'est exactement pourquoi je dis que dans le doute il faut
s'abstenir. C'est pourquoi il faut mettre une limite avant l'arrivé
de la conscience de soi de l'enfant. Par exemple, si la conscience
de soi arrive chez l'enfant en moyenne à 1 mois après
l'accouchement, on peut mettre la limite à l'avortement dans le
dernier trimestre de l'accouchement.


>>Interprétons charitablement votre affirmation. Présumons que vous
>>voulez dire: «Limite où le foetus n'a pas le principe ontologique
>>de la conscience».
>>Alors, quelle est cette limite?

On met la limite avant pour ne pas prendre de risque.


>>Incroyable. C'est à se demander si vous êtes vous-même «conscient»!

Aucun rapport!


>>Le bébé est sorti du ventre de la mère. Il fait gaga-gougou, sourit,
>>mange, etc., mais son pied gauche est encore dans le canal de la
>>naissance. Donc il est inconscient, selon vous! Et ça serait une limite
>>de sécurité certaine!

Quand je parle de conscience, je parle de la conscience de son
existence. Même quand le bébé est complètement sorti a-t-il
conscience qu'il existe? C'est ce critère là que j'évalue
d'important. J'explique pourquoi c'est si important d'avoir une
conscience de son existence dans la prochaine réplique.


>>Un bébé n'est pas une personne? Un bébé est comme une vache ou
>>un poulet qu'on peut envoyer à l'abattoir?
>>OK, j'ai atteint ma limite.

C'est un commentaire très spéciste. En éthique ce qui nous importe
c'est que les intérêts des participants soient respectés. Le critère
de la race est absolument arbitraire. Pour avoir un intérêt, il faut
le désirer ou l'avoir désiré. Le foetus ne peut pas désirer donc il
n'a aucun intérêt et il faut absolument le considérer dans le calcul
d'utilité.

Les animaux sont important parce qu'ils ont des intérêts. Il faut
avoir une considération égale des intérêts des humains et ceux des
animaux. Une vache adulte a une conscience d'elle-même tandis que le
foetus non. La vache a plus d'intérêt que le foetus. La raison pourquoi
le foetus est plus important normalement que la vache c'est parce que
la famille a des intérêts pour que le foetus existe.


>>Il y a d'autres difformités. Il y a d'autres laideurs. Par
>>exemple, la difformité spirituelle; la laideur morale. Un
>>exemple? Hum, comme par hasard, vous avez soigneusement caché
>>votre vraie identité durant ce débat. C'est comme si vous
>>aviez honte d'une hideuse difformité non-corporelle...

Je n'arrive pas à croire que même dans l'expression «nouveau-né ayant
des difformités» vous avez de la misère à comprendre que je parle de
difformité physique causant des souffrances.

 


Désistement standard de fin de débat («Pourquoi n'as-tu pas toujours le dernier mot dans les débats par courriel?»). Je pourrais peut-être reprendre le débat, mais pas avant que M. X15 m'ait envoyé son nom, son adresse et sa photo, et qu'il manifeste quelque bonne volonté à travailler sur son incompréhension navrante du «ce qui doit exister pour qu'un être puisse avoir la conscience de soi».

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