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Catéchisme de l'Église catholique -- §600 à §699

§600
A Dieu tous les moments du temps sont présents dans leur actualité. Il établit donc son dessein éternel de «prédestination» en y incluant la réponse libre de chaque homme à sa grâce: «Oui, vraiment, ils se sont rassemblés dans cette ville contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, Hérode et Ponce Pilate avec les nations païennes et les peuples d'Israël (cf. Ps 2, 1-2), de telle sorte qu'ils ont accompli tout ce que, dans ta puissance et ta sagesse, tu avais prédestiné» (Ac 4, 27-28). Dieu a permis les actes issus de leur aveuglement (cf. Mt 26, 54; Jn 18, 36; 19, 11) en vue d'accomplir son dessein de salut (cf. Ac 3, 17-18).

«Mort pour nos péchés selon les Écritures»

§601
Ce dessein divin de salut par la mise à mort du «Serviteur, le Juste» (Is 53, 11; cf. Ac 3, 14) avait été annoncé par avance dans l'Écriture comme un mystère de rédemption universelle, c'est-à-dire de rachat qui libère les hommes de l'esclavage du péché (cf. Is 53, 11-12; Jn 8, 34-36). S. Paul professe, dans une confession de foi qu'il dit avoir «reçue» (1 Co 15, 3) que «le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures» (ibidem; cf. aussi Ac 3, 18; 7, 52; 13, 29; 26, 22-23). La mort rédemptrice de Jésus accomplit en particulier la prophétie du Serviteur souffrant (cf. Is 53, 7-8 et Ac 8, 32-35). Jésus lui-même a présenté le sens de sa vie et de sa mort à la lumière du Serviteur souffrant (cf. Mt 20, 28). Après sa Résurrection, il a donné cette interprétation des Écritures aux disciples d'Emmaüs (cf. Lc 24, 25-27), puis aux apôtres eux-mêmes (cf. Lc 24, 44-45).

«Dieu l'a fait péché pour nous»

§602
S. Pierre peut en conséquence formuler ainsi la foi apostolique dans le dessein divin de salut: «Vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères par un sang précieux, comme d'un agneau sans reproche et sans tache, le Christ, discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous» (1 P 1, 18-20). Les péchés des hommes, consécutifs au péché originel, sont sanctionnés par la mort (cf. Rm 5, 12; 1 Co 15, 56). En envoyant son propre Fils dans la condition d'esclave (cf. Ph 2, 7), celle d'une humanité déchue et vouée à la mort à cause du péché (cf. Rm 8, 3), «Dieu l'a fait péché pour nous, lui qui n'avait pas connu le péché, afin qu'en lui nous devenions justice pour Dieu» (2 Co 5, 21).

§603
Jésus n'a pas connu la réprobation comme s'il avait lui-même péché (cf. Jn 8, 46). Mais dans l'amour rédempteur qui l'unissait toujours au Père (cf. Jn 8, 29), il nous a assumé dans l'égarement de notre péché par rapport à Dieu au point de pouvoir dire en notre nom sur la croix: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné» (Mc 15, 34; Ps 22, 1). L'ayant rendu ainsi solidaire de nous pécheurs, «Dieu n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous» (Rm 8, 32) pour que nous soyons «réconciliés avec Lui par la mort de son Fils» (Rm 5, 10).

Dieu a l'initiative de l'amour rédempteur universel

§604
En livrant son Fils pour nos péchés, Dieu manifeste que son dessein sur nous est un dessein d'amour bienveillant qui précède tout mérite de notre part: «En ceci consiste l'amour: ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés» (1 Jn 4, 10; cf. 4, 19). «La preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous» (Rm 5, 8).

§605
Cet amour est sans exclusion Jésus l'a rappelé en conclusion de la parabole de la brebis perdue: «Ainsi on ne veut pas, chez votre Père qui est aux cieux, qu'un seul de ses petits ne se perde» (Mt 18, 14). Il affirme «donner sa vie en rançon pour la multitude» (Mt 20, 28); ce dernier terme n'est pas restrictif: il oppose l'ensemble de l'humanité à l'unique personne du Rédempteur qui se livre pour la sauver (cf. Rm 5, 18-19). L'Église, à la suite des apôtres (cf. 2 Co 5, 15; 1 Jn 2, 2), enseigne que le Christ est mort pour tous les hommes sans exception: «Il n'y a, il n'y a eu et il n'y aura aucun homme pour qui le Christ n'ait pas souffert» (Cc. Quiercy en 853: DS 624).

III. Le Christ s'est offert lui-même à son Père pour nos péchés

Toute la vie du Christ est offrande au Père

§606
Le Fils de Dieu, «descendu du ciel non pour faire sa volonté mais celle de son Père qui l'a envoyé» (Jn 6, 38), «dit en entrant dans le monde: (...) Voici je viens (...) pour faire ô Dieu ta volonté. (...) C'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés par l'oblation du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes» (He 10, 5-10). Dès le premier instant de son Incarnation, le Fils épouse le dessein de salut divin dans sa mission rédemptrice: «Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son oeuvre à bonne fin» (Jn 4, 34). Le sacrifice de Jésus «pour les péchés du monde entier» (1 Jn 2, 2) est l'expression de sa communion d'amour au Père: «Le Père m'aime parce que je donne ma vie» (Jn 10, 17). «Il faut que le monde sache que j'aime le Père et que je fais comme le Père m'a commandé» (Jn 14, 31).

§607
Ce désir d'épouser le dessein d'amour rédempteur de son Père anime toute la vie de Jésus (cf. Lc 12, 50; 22, 15; Mt 16, 21-23) car sa passion rédemptrice est la raison d'être de son Incarnation: «Père, sauve-moi de cette heure! Mais c'est pour cela que je suis venu à cette heure» (Jn 12, 27). «La coupe que m'a donnée le Père ne la boirai-je pas?» (Jn 18, 11). Et encore sur la croix avant que «tout soit accompli» (Jn 19, 30), il dit: «J'ai soif» (Jn 19, 28).

«L'Agneau qui enlève le péché du monde»

§608
Après avoir accepté de Lui donner le Baptême à la suite des pécheurs (cf. Lc 3, 21; Mt 3, 14-15), Jean-Baptiste a vu et montré en Jésus l'Agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde (cf. Jn 1, 29. 36). Il manifeste ainsi que Jésus est à la fois le Serviteur souffrant qui, silencieux, se laisse mener à l'abattoir (cf. Is 53, 7; Jr 11, 19) et porte le péché des multitudes (cf. Is 53, 12), et l'agneau Pascal symbole de la rédemption d'Israël lors de la première Pâque (cf. Ex 12, 3-14; Jn 19, 36; 1 Co 5, 7). Toute la vie du Christ exprime sa mission: servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (cf. Mc 10, 45).

Jésus épouse librement l'amour rédempteur du Père

§609
En épousant dans son coeur humain l'amour du Père pour les hommes, Jésus «les a aimés jusqu'à la fin» (Jn 13, 1) «car il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime» (Jn 15, 13). Ainsi dans la souffrance et dans la mort, son humanité est devenue l'instrument libre et parfait de son amour divin qui veut le salut des hommes (cf. He 2, 10. 17-18; 4, 15; 5, 7-9). En effet, il a librement accepté sa passion et sa mort par amour de son Père et des hommes que Celui-ci veut sauver: «Personne ne m'enlève la vie, mais je la donne de moi-même» (Jn 10, 18). D'où la souveraine liberté du Fils de Dieu quand il va lui-même vers la mort (cf. Jn 18, 4-6; Mt 26, 53).

A la Cène Jésus a anticipé l'offrande libre de sa vie

§610
Jésus a exprimé suprêmement l'offrande libre de Lui-même dans le repas pris avec les douze apôtres (cf. Mt 26, 20), dans «la nuit où Il fut livré» (1 Co 11, 23). La veille de sa passion, alors qu'Il était encore libre, Jésus a fait de cette dernière Cène avec ses apôtres le mémorial de son offrande volontaire au Père (cf. 1 Co 5, 7) pour le salut des hommes: «Ceci est mon corps donné pour vous» (Lc 22, 19). «Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés» (Mt 26, 28).

§611
L'Eucharistie qu'il institue à ce moment sera le «mémorial» (1 Co 11, 25) de son sacrifice. Jésus inclut les apôtres dans sa propre offrande et leur demande de la perpétuer (cf. Lc 22, 19). Par là, Jésus institue ses apôtres prêtres de l'Alliance Nouvelle: «Pour eux Je me consacre afin qu'ils soient eux aussi consacrés dans la vérité» (Jn 17, 19; cf. Cc. Trente: DS 1752; 1764).

L'agonie à Gethsémani

§612
La coupe de la Nouvelle Alliance, que Jésus a anticipée à la Cène en s'offrant lui-même (cf. Lc 22, 20), il l'accepte ensuite des mains du Père dans son agonie à Gethsémani (cf. Mt 26, 42) en se faisant «obéissant jusqu'à la mort» (Ph 2, 8; cf. He 5, 7-8). Jésus prie: «Mon Père, s'il est possible que cette coupe passe loin de moi...» (Mt 26, 39). Il exprime ainsi l'horreur que représente la mort pour sa nature humaine. En effet celle-ci, comme la nôtre, est destinée à la vie éternelle; en plus, à la différence de la nôtre, elle est parfaitement exempte du péché (cf. He 4, 15) qui cause la mort (cf. Rm 5, 12); mais surtout elle est assumée par la personne divine du «Prince de la Vie» (Ac 3, 15), du «Vivant» (Ap 1, 17; cf. Jn 1, 4; 5, 26). En acceptant dans sa volonté humaine que la volonté du Père soit faite (cf. Mt 26, 42), il accepte sa mort en tant que rédemptrice pour «porter lui-même nos fautes dans son corps sur le bois» (1 P 2, 24).

La mort du Christ est le sacrifice unique et définitif

§613
La mort du Christ est à la fois le sacrifice Pascal qui accomplit la rédemption définitive des hommes (cf. 1 Co 5, 7; Jn 8, 34-36) par l'Agneau qui porte le péché du monde (cf. Jn 1, 29; 1 P 1, 19) et le sacrifice de la Nouvelle Alliance (cf. 1 Co 11, 25) qui remet l'homme en communion avec Dieu (cf. Ex 24, 8) en le réconciliant avec Lui par le sang répandu pour la multitude en rémission des péchés (cf. Mt 26, 28; Lv 16, 15-16).

§614
Ce sacrifice du Christ est unique, il achève et dépasse tous les sacrifices (cf. He 10, 10). Il est d'abord un don de Dieu le Père lui-même: c'est le Père qui livre son Fils pour nous réconcilier avec lui (cf. 1 Jn 4, 10). Il est en même temps offrande du Fils de Dieu fait homme qui, librement et par amour (cf. Jn 15, 13), offre sa vie (cf. Jn 10, 17-18) à son Père par l'Esprit Saint (cf. He 9, 14), pour réparer notre désobéissance.

Jésus substitue son obéissance à notre désobéissance

§615
«Comme par la désobéissance d'un seul la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l'obéissance d'un seul la multitude sera constituée juste» (Rm 5, 19). Par son obéissance jusqu'à la mort, Jésus a accompli la substitution du Serviteur souffrant qui «offre sa vie en sacrifice expiatoire», «alors qu'il portait le péché des multitudes» «qu'il justifie en s'accablant lui-même de leurs fautes» (Is 53, 10-12). Jésus a réparé pour nos fautes et satisfait au Père pour nos péchés (cf. Cc. Trente: DS 1529).

Sur la croix, Jésus consomme son sacrifice

§616
C'est «l'amour jusqu'à la fin» (Jn 13, 1) qui confère sa valeur de rédemption et de réparation, d'expiation et de satisfaction au sacrifice du Christ. Il nous a tous connus et aimés dans l'offrande de sa vie (cf. Ga 2, 20; Ep 5, 2. 25). «L'amour du Christ nous presse, à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts» (2 Co 5, 14). Aucun homme, fût-il le plus saint, n'était en mesure de prendre sur lui les péchés de tous les hommes et de s'offrir en sacrifice pour tous. L'existence dans le Christ de la Personne divine du Fils, qui dépasse et, en même temps, embrasse toutes les personnes humaines, et qui le constitue Tête de toute l'humanité, rend possible son sacrifice rédempteur pour tous.

§617
«Par sa sainte passion, sur le bois de la Croix, Il nous a mérité la justification» enseigne le Concile de Trente (DS 1529): soulignant le caractère unique du sacrifice du Christ comme «principe de salut éternel» (He 5, 9). Et l'Église vénère la Croix en chantant: «Salut, O Croix, notre unique espérance» (Hymne «Vexilla Regis»).

Notre participation au sacrifice du Christ

§618
La Croix est l'unique sacrifice du Christ «seul médiateur entre Dieu et les hommes» (1 Tm 2, 5). Mais, parce que, dans sa Personne divine incarnée, «il s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme» (GS 22, § 2), il «offre à tous les hommes, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associés au mystère pascal» (GS 22, § 5). Il appelle ses disciples à «prendre leur croix et à le suivre» (Mt 16, 24) car «il a souffert pour nous, il nous a tracé le chemin afin que nous suivions ses pas» (1 P 2, 21). Il veut en effet associer à son sacrifice rédempteur ceux-là même qui en sont les premiers bénéficiaires (cf. Mc 10, 39; Jn 21, 18-19; Col 1, 24). Cela s'accomplit suprêmement pour sa Mère, associée plus intimement que tout autre au mystère de sa souffrance rédemptrice (cf. Lc 2, 35):

En dehors de la Croix il n'y a pas d'autre échelle par où monter au ciel (Ste. Rose de Lima, vita).

EN BREF

§619
«Le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures» (1 Co 15, 3).

§620
Notre salut découle de l'initiative d'amour de Dieu envers nous car «c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés» (1 Jn 4, 10). «C'est Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde» (2 Co 5, 19).

§621
Jésus s'est offert librement pour notre salut. Ce don, il le signifie et le réalise à l'avance pendant la dernière cène: «Ceci est mon corps, qui va être donné pour vous» (Lc 22, 19).

§622
En ceci consiste la rédemption du Christ: il «est venu donner sa vie en rançon pour la multitude» (Mt 20, 28), c'est-à-dire «aimer les siens jusqu'à la fin» (Jn 13, 1) pour qu'ils soient «affranchis de la vaine conduite héritée de leurs pères» (1 P 1, 18).

§623
Par son obéissance aimante au Père, «jusqu'à la mort de la croix» (Ph 2, 8), Jésus accomplit la mission expiatrice (cf. Is 53, 10) du Serviteur souffrant qui «justifie les multitudes en s'accablant lui-même de leurs fautes» (Is 53, 11; cf. Rm 5, 19).

§624
«Par la grâce de Dieu, au bénéfice de tout homme, il a goûté la mort» (He 2, 9). Dans son dessein de salut, Dieu a disposé que son Fils non seulement «mourrait pour nos péchés» (1 Co 15, 3) mais aussi qu'il «goûterait la mort», c'est-à-dire connaîtrait l'état de mort, l'état de séparation entre son âme et son corps, durant le temps compris entre le moment où il a expiré sur la croix et le moment où il est ressuscité. Cet état du Christ mort est le mystère du sépulcre et de la descente aux enfers. C'est le mystère du Samedi Saint où le Christ déposé au tombeau (cf. Jn 19, 42) manifeste le grand repos sabbatique de Dieu (cf. He 4, 7-9) après l'accomplissement (cf. Jn 19, 30) du salut des hommes qui met en paix l'univers entier (cf. Col 1, 18-20).

Le Christ au sépulcre dans son corps

§625
Le séjour du Christ au tombeau constitue le lien réel entre l'état passible du Christ avant Pâque et son actuel état glorieux de Ressuscité. C'est la même personne du «Vivant» qui peut dire: «J'ai été mort et me voici vivant pour les siècles des siècles» (Ap 1, 18):

Dieu [le Fils] n'a pas empêché la mort de séparer l'âme du corps, selon l'ordre nécessaire à la nature, mais il les a de nouveau réunis l'un à l'autre par la Résurrection, afin d'être lui-même dans sa personne le point de rencontre de la mort et de la vie en arrêtant en lui la décomposition de la nature produite par la mort et en devenant lui-même principe de réunion pour les parties séparées (S. Grégoire de Nysse, or. catech. 16: PG 45, 52B).

§626
Puisque le «Prince de la vie» qu'on a mis à mort (Ac 3, 15) est bien le même que «le Vivant qui est ressuscité» (Lc 24, 5-6), il faut que la personne divine du Fils de Dieu ait continué à assumer son âme et son corps séparés entre eux par la mort:

Du fait qu'à la mort du Christ l'âme a été séparée de la chair, la personne unique ne s'est pas trouvée divisée en deux personnes; car le corps et l'âme du Christ ont existé au même titre dès le début dans la personne du Verbe; et dans la mort, quoique séparés l'un de l'autre, ils sont restés chacun avec la même et unique personne du Verbe (S. Jean Damascène, f. o. 3, 27: PG 94, 1098A).

«Tu ne laisseras pas ton saint voir la corruption»

§627
La mort du Christ a été une vraie mort en tant qu'elle a mis fin à son existence humaine terrestre. Mais à cause de l'union que la Personne du Fils a gardé avec son Corps, il n'est pas devenu une dépouille mortelle comme les autres car «il n'était pas possible qu'il fût retenu en son pouvoir (de la mort)» (Ac 2, 24). C'est pourquoi «la vertu divine a préservé le corps du Christ de la corruption» (S. Thomas d'A., s. th. 3, 51, 3). Du Christ on peut dire à la fois: «Il a été retranché de la terre des vivants» (Is 53, 8); et: «Ma chair reposera dans l'espérance que tu n'abandonneras pas mon âme aux enfers et ne laisseras pas ton saint voir la corruption» (Ac 2, 26-27; cf. Ps 16, 9-10). La Résurrection de Jésus «le troisième jour» (1 Co 15, 4; Lc 24, 46; cf. Mt 12, 40; Jon 2, 1; Os 6, 2) en était la preuve car la corruption était censée se manifester à partir du quatrième jour (cf. Jn 11, 39).

«Ensevelis avec le Christ...»

§628
Le Baptême, dont le signe originel et plénier est l'immersion, signifie efficacement la descente au tombeau du chrétien qui meurt au péché avec le Christ en vue d'une vie nouvelle: «Nous avons été ensevelis avec le Christ par le Baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle» (Rm 6, 4; cf. Col 2, 12; Ep 5, 26).

EN BREF

§629
Au bénéfice de tout homme Jésus a goûté la mort (cf. He 2, 9). C'est vraiment le Fils de Dieu fait homme qui est mort et qui a été enseveli.

§630
Pendant le séjour du Christ au tombeau sa Personne divine a continué à assumer tant son âme que son corps séparés pourtant entre eux par la mort. C'est pourquoi le corps du Christ mort «n'a pas vu la corruption» (Ac 12, 37).

«JESÚS-CHRIST EST DESCENDU AUX ENFERS, EST RESSUSCITE DES MORTS LE TROISIEME JOUR»

§631
«Jésus est descendu dans les régions inférieures de la terre. Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté» (Ep 4, 9-10). Le Symbole des apôtres confesse en un même article de foi la descente du Christ aux enfers et sa Résurrection des morts le troisième jour, parce que dans sa Pâque c'est du fond de la mort qu'il a fait jaillir la vie:

Le Christ, ton Fils

qui, remonté des Enfers,

répandit sur le genre humain sa sereine clarté,

et vit et règne pour les siècles des siècles. Amen

(MR, Vigile Pascale 18: Exsultet)

Paragraphe 1. LE CHRIST EST DESCENDU AUX ENFERS

§632
Les fréquentes affirmations du Nouveau Testament selon lesquelles Jésus «est ressuscité d'entre les morts» (Ac 3, 15; Rm 8, 11; 1 Co 15, 20) présupposent, préalablement à la résurrection, que celui-ci soit demeuré dans le séjour des morts (cf. He 13, 20). C'est le sens premier que la prédication apostolique a donné à la descente de Jésus aux enfers: Jésus a connu la mort comme tous les hommes et les a rejoints par son âme au séjour des morts. Mais il y est descendu en Sauveur, proclamant la bonne nouvelle aux esprits qui y étaient détenus (cf. 1 P 3, 18-19).

§633
Le séjour des morts où le Christ mort est descendu, l'Écriture l'appelle les enfers, le Shéol ou l'Hadès (cf. Ph 2, 10; Ac 2, 24; Ap 1, 18; Ep 4, 9) parce que ceux qui s'y trouvent sont privés de la vision de Dieu (cf. Ps 6, 6; 88, 11-13). Tel est en effet, en attendant le Rédempteur, le cas de tous les morts, méchants ou justes (cf. Ps 89, 49; 1 S 28, 19; Ez 32, 17-32) ce qui ne veut pas dire que leur sort soit identique comme le montre Jésus dans la parabole du pauvre Lazare reçu dans «le sein d'Abraham» (cf. Lc 16, 22-26). «Ce sont précisément ces âmes saintes, qui attendaient leur Libérateur dans le sein d'Abraham, que Jésus-Christ délivra lorsqu'il descendit aux enfers» (Catech. R. 1, 6, 3). Jésus n'est pas descendu aux enfers pour y délivrer les damnés (cf. Cc. Rome de 745: DS 587) ni pour détruire l'enfer de la damnation (cf. DS 1011; 1077) mais pour libérer les justes qui l'avaient précédé (cf. Cc. Tolède IV en 625: DS 485; Mt 27, 52-53).

§634
«La Bonne Nouvelle a été également annoncée aux morts...» (1 P 4, 6). La descente aux enfers est l'accomplissement, jusqu'à la plénitude, de l'annonce évangélique du salut. Elle est la phase ultime de la mission messianique de Jésus, phase condensée dans le temps mais immensément vaste dans sa signification réelle d'extension de l'oeuvre rédemptrice à tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux, car tous ceux qui sont sauvés ont été rendus participants de la Rédemption.

§635
Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Mt 12, 24; Rm 10, 7; Ep 4, 9) afin que «les morts entendent la voix du Fils de Dieu et que ceux qui l'auront entendue vivent» (Jn 5, 25). Jésus, «le Prince de la vie» (Ac 3, 15), a «réduit à l'impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort» (He 2, 14-15). Désormais le Christ ressuscité «détient la clef de la mort et de l'Hadès» (Ap 1, 18) et «au nom de Jésus tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers» (Ph 2, 10).

Un grand silence règne aujourd'hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s'est calmée parce que Dieu s'est endormi dans la chair et qu'il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles (...). Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort. Il va pour délivrer de leurs douleurs Adam dans les liens et Eve, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils (...) 'Je suis ton Dieu, et à cause de toi je suis devenu ton Fils. Lève-toi, toi qui dormais, car je ne t'ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l'enfer. Relève-toi d'entre les morts, je suis la Vie des morts' (Ancienne homélie pour le Samedi Saint: PG 43, 440A. 452C. 461).

EN BREF

§636
Dans l'expression «Jésus est descendu aux enfers», le symbole confesse que Jésus est mort réellement, et que, par sa mort pour nous, il a vaincu la mort et le diable «qui a la puissance de la mort» (He 2, 14).

§637
Le Christ mort, dans son âme unie à sa personne divine, est descendu au séjour des morts. Il a ouvert aux justes qui l'avaient précédé les portes du ciel.

Paragraphe 2. LE TROISIEME JOUR IL EST RESSUSCITE DES MORTS

§638
«Nous vous annonçons la Bonne Nouvelle: la promesse faite à nos pères, Dieu l'a accomplie en notre faveur à nous, leurs enfants: Il a ressuscité Jésus» (Ac 13, 32-33). La Résurrection de Jésus est la vérité culminante de notre foi dans le Christ, crue et vécue comme vérité centrale par la première communauté chrétienne, transmise comme fondamentale par la Tradition, établie par les documents du Nouveau Testament, prêchée comme partie essentielle du mystère pascal en même temps que la Croix:

Le Christ est ressuscité des morts.

Par sa mort Il a vaincu la mort,

Aux morts Il a donné la vie.

(Liturgie byzantine, Tropaire de Pâques)

I. L'événement historique et transcendant

§639
Le mystère de la résurrection du Christ est un événement réel qui a eu des manifestations historiquement constatées comme l'atteste le Nouveau Testament. Déjà S. Paul peut écrire aux Corinthiens vers l'an 56: «Je vous ai donc transmis ce que j'avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu'il a été mis au tombeau, qu'il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu'il est apparu à Céphas, puis aux Douze» (1 Co 15, 3-4). L'apôtre parle ici de la vivante tradition de la Résurrection qu'il avait apprise après sa conversion aux portes de Damas (cf. Ac 9, 3-18).

Le tombeau vide

§640
«Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts? Il n'est pas ici, mais il est ressuscité» (Lc 24, 5-6). Dans le cadre des événements de Pâques, le premier élément que l'on rencontre est le sépulcre vide. Il n'est pas en soi une preuve directe. L'absence du corps du Christ dans le tombeau pourrait s'expliquer autrement (cf. Jn 20, 13; Mt 28, 11-15). Malgré cela, le sépulcre vide a constitué pour tous un signe essentiel. Sa découverte par les disciples a été le premier pas vers la reconnaissance du fait de la Résurrection. C'est le cas des saintes femmes d'abord (cf. Lc 24, 3. 22-23), puis de Pierre (cf. Lc 24, 12). «Le disciple que Jésus aimait» (Jn 20, 2) affirme qu'en entrant dans le tombeau vide et en découvrant «les linges gisant» (Jn 20, 6) «il vit et il crut» (Jn 20, 8). Cela suppose qu'il ait constaté dans l'état du sépulcre vide (cf. Jn 20, 5-7) que l'absence du corps de Jésus n'a pas pu être une oeuvre humaine et que Jésus n'était pas simplement revenu à une vie terrestre comme cela avait été le cas de Lazare (cf. Jn 11, 44).

Les apparitions du Ressuscité

§641
Marie de Magdala et les saintes femmes, qui venaient achever d'embaumer le corps de Jésus (cf. Mc 16, 1; Lc 24, 1) enseveli à la hâte à cause de l'arrivée du Sabbat le soir du Vendredi Saint (cf. Jn 19, 31. 42), ont été les premières à rencontrer le Ressuscité (cf. Mt 28, 9-10; Jn 20, 11-18). Ainsi les femmes furent les premières messagères de la Résurrection du Christ pour les apôtres eux-mêmes (cf. Lc 24, 9-10). C'est à eux que Jésus apparaît ensuite, d'abord à Pierre, puis aux Douze (cf. 1 Co 15, 5). Pierre, appelé à confirmer la foi de ses frères (cf. Lc 22, 31-32), voit donc le Ressuscité avant eux et c'est sur son témoignage que la communauté s'écrie: «C'est bien vrai! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon» (Lc 24, 34. 36).

§642
Tout ce qui est arrivé dans ces journées Pascales engage chacun des apôtres -- et Pierre tout particulièrement -- dans la construction de l'ère nouvelle qui a débuté au matin de Pâques. Comme témoins du Ressuscité ils demeurent les pierres de fondation de son Église. La foi de la première communauté des croyants est fondée sur le témoignage d'hommes concrets, connus des chrétiens et, pour la plupart, vivant encore parmi eux. Ces «témoins de la Résurrection du Christ» (cf. Ac 1, 22) sont avant tout Pierre et les Douze, mais pas seulement eux: Paul parle clairement de plus de cinq cents personnes auxquelles Jésus est apparu en une seule fois, en plus de Jacques et de tous les apôtres (cf. 1 Co 15, 4-8).

§643
Devant ces témoignages il est impossible d'interpréter la Résurrection du Christ en-dehors de l'ordre physique, et de ne pas la reconnaître comme un fait historique. Il résulte des faits que la foi des disciples a été soumise à l'épreuve radicale de la passion et de la mort en croix de leur maître annoncée par celui-ci à l'avance (cf. Lc 22, 31-32). La secousse provoquée par la passion fut si grande que les disciples (tout au moins certains d'entre eux) ne crurent pas aussitôt à la nouvelle de la résurrection. Loin de nous montrer une communauté saisie par une exaltation mystique, les Évangiles nous présentent les disciples abattus (»le visage sombre «: Lc 24, 17) et effrayés (cf. Jn 20, 19). C'est pourquoi ils n'ont pas cru les saintes femmes de retour du tombeau et «leurs propos leur ont semblé du radotage» (Lc 24, 11; cf. Mc 16, 11. 13). Quand Jésus se manifeste aux onze au soir de Pâques, «il leur reproche leur incrédulité et leur obstination à ne pas ajouter foi à ceux qui l'avaient vu ressuscité» (Mc 16, 14).

§644
Même mis devant la réalité de Jésus ressuscité, les disciples doutent encore (cf. Lc 24, 38), tellement la chose leur paraît impossible: ils croient voir un esprit (cf. Lc 24, 39). «Dans leur joie ils ne croient pas encore et demeurent saisis d'étonnement» (Lc 24, 41). Thomas connaîtra la même épreuve du doute (cf. Jn 20, 24-27) et, lors de la dernière apparition en Galilée rapportée par Matthieu, «certains cependant doutèrent» (Mt 28, 17). C'est pourquoi l'hypothèse selon laquelle la résurrection aurait été un «produit» de la foi (ou de la crédulité) des apôtres est sans consistance. Bien au contraire, leur foi dans la Résurrection est née -- sous l'action de la grâce divine -- de l'expérience directe de la réalité de Jésus ressuscité.

L'état de l'humanité ressuscitée du Christ

§645
Jésus ressuscité établit avec ses disciples des rapports directs, à travers le toucher (cf. Lc 24, 39; Jn 20, 27) et le partage du repas (cf. Lc 24, 30. 41-43; Jn 21, 9. 13-15). Il les invite par là à reconnaître qu'il n'est pas un esprit (cf. Lc 24, 39) mais surtout à constater que le corps ressuscité avec lequel il se présente à eux est le même qui a été martyrisé et crucifié puisqu'il porte encore les traces de sa passion (cf. Lc 24, 40; Jn 20, 20. 27). Ce corps authentique et réel possède pourtant en même temps les propriétés nouvelles d'un corps glorieux: il n'est plus situé dans l'espace et le temps, mais peut se rendre présent à sa guise où et quand il veut (cf. Mt 28, 9. 16-17; Lc 24, 15. 36; Jn 20, 14. 19. 26; 21, 4) car son humanité ne peut plus être retenue sur terre et n'appartient plus qu'au domaine divin du Père (cf. Jn 20, 17). Pour cette raison aussi Jésus ressuscité est souverainement libre d'apparaître comme il veut: sous l'apparence d'un jardinier (cf. Jn 20, 14-15) ou «sous d'autres traits» (Mc 16, 12) que ceux qui étaient familiers aux disciples, et cela pour susciter leur foi (cf. Jn 20, 14. 16; 21, 4. 7).

§646
La Résurrection du Christ ne fut pas un retour à la vie terrestre, comme ce fut le cas pour les résurrections qu'il avait accomplies avant Pâques: la fille de Jaïre, le jeune de Naïm, Lazare. Ces faits étaient des événements miraculeux, mais les personnes miraculées retrouvaient, par le pouvoir de Jésus, une vie terrestre «ordinaire». A un certain moment, ils mourront de nouveau. La Résurrection du Christ est essentiellement différente. Dans son corps ressuscité, il passe de l'état de mort à une autre vie au-delà du temps et de l'espace. Le corps de Jésus est, dans la Résurrection, rempli de la puissance du Saint-Esprit; il participe à la vie divine dans l'état de sa gloire, si bien que S. Paul peut dire du Christ qu'il est «l'homme céleste» (cf. 1 Co 15, 35-50).

La Résurrection comme événement transcendant

§647
«O nuit, chante l''Exsultet' de Pâques, toi seule as pu connaître le moment où le Christ est sorti vivant du séjour des morts» (MR, Vigile Pascale). En effet, personne n'a été le témoin oculaire de l'événement même de la Résurrection et aucun évangéliste ne le décrit. Personne n'a pu dire comment elle s'était faite physiquement. Moins encore son essence la plus intime, le passage à une autre vie, fut perceptible aux sens. Événement historique constatable par le signe du tombeau vide et par la réalité des rencontres des apôtres avec le Christ ressuscité, la Résurrection n'en demeure pas moins, en ce qu'elle transcende et dépasse l'histoire, au coeur du mystère de la foi. C'est pourquoi le Christ ressuscité ne se manifeste pas au monde (cf. Jn 14, 22) mais à ses disciples, «à ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, ceux-là mêmes qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple» (Ac 13, 31).

II. La Résurrection -- oeuvre de la Sainte Trinité

§648
La Résurrection du Christ est objet de foi en tant qu'elle est une intervention transcendante de Dieu lui-même dans la création et dans l'histoire. En elle, les trois Personnes divines à la fois agissent ensemble et manifestent leur originalité propre. Elle s'est fait par la puissance du Père qui «a ressuscité» (cf. Ac 2, 24) le Christ, son Fils, et a de cette façon introduit de manière parfaite son humanité -- avec son corps -- dans la Trinité. Jésus est définitivement révélé «Fils de Dieu avec puissance selon l'Esprit, par sa Résurrection d'entre les morts» (Rm 1, 3-4). S. Paul insiste sur la manifestation de la puissance de Dieu (cf. Rm 6, 4; 2 Co 13, 4; Ph 3, 10; Ep 1, 19-22; He 7, 16) par l'oeuvre de l'Esprit qui a vivifié l'humanité morte de Jésus et l'a appelée à l'état glorieux de Seigneur.

§649
Quant au Fils, il opère sa propre Résurrection en vertu de sa puissance divine. Jésus annonce que le Fils de l'homme devra beaucoup souffrir, mourir, et ensuite ressusciter (sens actif du mot) (cf. Mc 8, 31; 9, 9-31; 10, 34). Ailleurs, il affirme explicitement: «Je donne ma vie pour la reprendre. (...) J'ai pouvoir de la donner et pouvoir de la reprendre» (Jn 10, 17-18). «Nous croyons (...) que Jésus est mort, puis est ressuscité» (1 Th 4, 14).

§650
Les Pères contemplent la Résurrection à partir de la personne divine du Christ qui est restée unie à son âme et à son corps séparés entre eux par la mort: «Par l'unité de la nature divine qui demeure présente dans chacune des deux parties de l'homme, celles-ci s'unissent à nouveau. Ainsi la mort se produit par la séparation du composé humain, et la Résurrection par l'union des deux parties séparées» (S. Grégoire de Nysse, res. 1: PG 46, 617B); cf. aussi DS 325; 359; 369; 539).

III. Sens et portée salvifique de la Résurrection

§651
«Si le Christ n'est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine et vaine aussi notre foi» (1 Co 15, 14). La Résurrection constitue avant tout la confirmation de tout ce que le Christ lui-même a fait et enseigné. Toutes les vérités, même les plus inaccessibles à l'esprit humain, trouvent leur justification si en ressuscitant le Christ a donné la preuve définitive qu'il avait promise, de son autorité divine.

§652
La Résurrection du Christ est accomplissement des promesses de l'Ancien Testament (cf. Lc 24, 26-27. 44-48) et de Jésus lui-même durant sa vie terrestre (cf. Mt 28, 6; Mc 16, 7; Lc 24, 6-7). L'expression «selon les Écritures» (cf. 1 Co 15, 3-4 et le Symbole de Nicée-Constantinople) indique que la Résurrection du Christ accomplit ces prédictions.

§653
La vérité de la divinité de Jésus est confirmée par sa Résurrection. Il avait dit: «Quand vous aurez élevé le Fils de l'Homme, alors vous saurez que Je Suis» (Jn 8, 28). La Résurrection du Crucifié démontra qu'il était vraiment «Je Suis», le Fils de Dieu et Dieu Lui-même. S. Paul a pu déclarer aux Juifs: «La promesse faite à nos pères, Dieu l'a accomplie en notre faveur (...); il a ressuscité Jésus, ainsi qu'il était écrit au Psaume premier: Tu es mon Fils, moi-même aujourd'hui je t'ai engendré» (Ac 13, 32. 34; cf. Ps 2, 7). La Résurrection du Christ est étroitement liée au mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu. Elle en est l'accomplissement selon le dessein éternel de Dieu.

§654
Il y a un double aspect dans le mystère Pascal: par sa mort il nous libère du péché, par sa Résurrection il nous ouvre l'accès à une nouvelle vie. Celle-ci est d'abord la justification qui nous remet dans la grâce de Dieu (cf. Rm 4, 25) «afin que, comme le Christ est ressuscité des morts, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle» (Rm 6, 4). Elle consiste en la victoire sur la mort du péché et dans la nouvelle participation à la grâce (cf. Ep 2, 4-5; 1 P 1, 3). Elle accomplit l'adoption filiale car les hommes deviennent frères du Christ, comme Jésus lui-même appelle ses disciples après sa Résurrection: «Allez annoncer à mes frères» (Mt 28, 10; Jn 20, 17). Frères non par nature, mais par don de la grâce, parce que cette filiation adoptive procure une participation réelle à la vie du Fils unique, qui s'est pleinement révélée dans sa Résurrection.

§655
Enfin, la Résurrection du Christ -- et le Christ ressuscité lui-même -- est principe et source de notre résurrection future: «Le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis (...), de même que tous meurent en Adam, tous aussi revivront dans le Christ» (1 Co 15, 20-22). Dans l'attente de cet accomplissement, le Christ ressuscité vit dans le coeur de ses fidèles. En Lui les chrétiens «goûtent aux forces du monde à venir» (He 6, 5) et leur vie est entraînée par le Christ au sein de la vie divine (cf. Col 3, 1-3) «afin qu'ils ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux» (2 Co 5, 15).

EN BREF

§656
La foi en la Résurrection a pour objet un événement à la fois historiquement attesté par les disciples qui ont réellement rencontré le Ressuscité, et mystérieusement transcendant en tant qu'entrée de l'humanité du Christ dans la gloire de Dieu.

§657
Le tombeau vide et les linges gisants signifient par eux-mêmes que le corps du Christ a échappé aux liens de la mort et de la corruption par la puissance de Dieu. Ils préparent les disciples à la rencontre du Ressuscité.

§658
Le Christ, «premier né d'entre les morts» (Col 1, 18), est le principe de notre propre résurrection, dès maintenant par la justification de notre âme (cf. Rm 6, 4), plus tard par la vivification de notre corps (cf. Rm 8, 11).

«JESUS EST MONTE AUX CIEUX, IL SIEGE A LA DROITE DE DIEU, LE PERE TOUT-PUISSANT»

§659
«Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s'assit à la droite de Dieu» (Mc 16, 19). Le Corps du Christ a été glorifiée dès l'instant de sa Résurrection comme le prouvent les propriétés nouvelles et surnaturelles dont jouit désormais son corps en permanence (cf. Lc 24, 31; Jn 20, 19. 26). Mais pendant les quarante jours où il va manger et boire familièrement avec ses disciples (cf. Ac 10, 41) et les instruire sur le Royaume (cf. Ac 1, 3), sa gloire reste encore voilée sous les traits d'une humanité ordinaire (cf. Mc 16, 12; Lc 24, 15; Jn 20, 14-15; 21, 4). La dernière apparition de Jésus se termine par l'entrée irréversible de son humanité dans la gloire divine symbolisée par la nuée (cf. Ac 1, 9; cf. aussi Lc 9, 34-35; Ex 13, 22) et par le ciel (cf. Lc 24, 51) où il siège désormais à la droite de Dieu (cf. Mc 16, 19; Ac 2, 33; 7, 56; cf. aussi Ps 110, 1). Ce n'est que de manière tout à fait exceptionnelle et unique qu'il se montrera à Paul «comme à l'avorton» (1 Co 15, 8) en une dernière apparition qui le constitue apôtre (cf. 1 Co 9, 1; Ga 1, 16).

§660
Le caractère voilé de la gloire du Ressuscité pendant ce temps transparaît dans sa parole mystérieuse à Marie-Madeleine: «Je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu» (Jn 20, 17). Ceci indique une différence de manifestation entre la gloire du Christ ressuscité et celle du Christ exalté à la droite du Père. L'événement à la fois historique et transcendant de l'Ascension marque la transition de l'une à l'autre.

§661
Cette dernière étape demeure étroitement unie à la première, c'est-à-dire à la descente du ciel réalisée dans l'Incarnation. Seul celui qui est «sorti du Père» peut «retourner au Père «: le Christ (cf. Jn 16, 28). «Personne n'est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l'Homme qui est descendu des cieux» (Jn 3, 13; cf. Ep 4, 8-10). Laissée à ses forces naturelles, l'humanité n'a pas accès à la «Maison du Père» (Jn 14, 2), à la vie et à la félicité de Dieu. Le Christ seul a pu ouvrir cet accès à l'homme, «de sorte que nous, ses membres, nous ayons l'espérance de le rejoindre là où Lui, notre Tête et notre Principe, nous a précédés» (MR, Préface de l'Ascension)

§662
«Moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi» (Jn 12, 32). L'élévation sur la Croix signifie et annonce l'élévation de l'Ascension au ciel. Elle en est le début. Jésus-Christ, l'unique Prêtre de l'Alliance nouvelle et éternelle, n'est pas «entré dans un sanctuaire fait de mains d'hommes (...) mais dans le ciel, afin de paraître maintenant à la face de Dieu en notre faveur» (He 7, 24). Au ciel le Christ exerce en permanence son sacerdoce, «étant toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui par lui s'avancent vers Dieu» (He 9, 25). Comme «grand prêtre des biens à venir» (He 9, 11), il est le centre et l'acteur principal de la liturgie qui honore le Père dans les cieux (cf. Ap 4, 6-11).

§663
Le Christ, désormais, siège à la droite du Père:: «Par droite du Père nous entendons la gloire et l'honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s'est assis corporellement après qu'il s'est incarné et que sa chair a été glorifiée» (S. Jean Damascène, f. o. 4, 2: PG 94, 1104C).

§664
La session à la droite du Père signifie l'inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l'homme: «A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit» (Dn 7, 14). A partir de ce moment, les apôtres sont devenus les témoins du «Règne qui n'aura pas de fin» (Symbole de Nicée-Constantinople).

EN BREF

§665
L'ascension du Christ marque l'entrée définitive de l'humanité de Jésus dans le domaine céleste de Dieu d'où il reviendra (cf. Ac 1, 11), mais qui entre-temps le cache aux yeux des hommes (cf. Col 3, 3).

§666
Jésus-Christ, tête de l'Église, nous précède dans le Royaume glorieux du Père pour que nous, membres de son corps, vivions dans l'espérance d'être un jour éternellement avec lui.

§667
Jésus-Christ, étant entré une fois pour toutes dans le sanctuaire du ciel, intercède sans cesse pour nous comme le médiateur qui nous assure en permanence l'effusion de l'Esprit Saint .

«D'OU IL VIENDRA JUGER LES VIVANTS ET LES MORTS»

I. Il reviendra dans la gloire

Le Christ règne déjà par l'Église...

§668
«Le Christ est mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants» (Rm 14, 9). L'Ascension du Christ au Ciel signifie sa participation, dans son humanité, à la puissance et à l'autorité de Dieu lui-même. Jésus-Christ est Seigneur: il possède tout pouvoir dans les cieux et sur la terre. Il est «au-dessus de toute autorité, pouvoir, puissance et souveraineté», car le Père «a tout mis sous ses pieds» (Ep 1, 20-22). Le Christ est le Seigneur du cosmos (cf. Ep 4, 10; 1 Co 15, 24. 27-28) et de l'histoire. En lui, l'histoire de l'homme et même toute la création trouvent leur «récapitulation» (Ep 1, 10), leur achèvement transcendant.

§669
Comme Seigneur, le Christ est aussi la tête de l'Église qui est son Corps (cf. Ep 1, 22). Élevé au ciel et glorifié, ayant ainsi accompli pleinement sa mission, il demeure sur la terre dans son Église. La Rédemption est la source de l'autorité que le Christ, en vertu de l'Esprit Saint, exerce sur l'Église (cf. Ep 4, 11-13). «Le règne du Christ est déjà mystérieusement présent dans l'Église», «germe et commencement de ce Royaume sur la terre» (LG 3; 5).

§670
Depuis l'Ascension, le dessein de Dieu est entré dans son accomplissement. Nous sommes déjà à «la dernière heure» (1 Jn 2, 18; cf. 1 P 4, 7). «Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous. Le renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en toute réalité, anticipé dès maintenant: en effet, déjà sur la terre l'Église est parée d'une sainteté imparfaite mais véritable» (LG 48). Le Royaume du Christ manifeste déjà sa présence par les signes miraculeux (cf. Mc 16, 17-18) qui accompagnent son annonce par l'Église (cf. Mc 16, 20).

... en attendant que tout Lui soit soumis

§671
Déjà présent dans son Église, le Règne du Christ n'est cependant pas encore achevé «avec puissance et grande gloire» (Lc 21, 27; cf. Mt 25, 31) par l'avènement du Roi sur la terre. Ce Règne est encore attaqué par les puissances mauvaises (cf. 2 Th 2, 7) même si elles ont été déjà vaincues à la base par la Pâque du Christ. Jusqu'à ce que tout lui ai été soumis (cf. 1 Co 15, 28), «jusqu'à l'heure où seront réalisés les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite, l'Église en pèlerinage porte dans ses sacrements et ses institutions, qui relèvent de ce temps, la figure du siècle qui passe; elle vit elle-même parmi les créatures qui gémissent présentement encore dans les douleurs de l'enfantement et attendent la manifestation des fils de Dieu» (LG 48). Pour cette raison les chrétiens prient, surtout dans l'Eucharistie (cf. 1 Co 11, 26), pour hâter le retour du Christ (cf. 2 P 3, 11-12) en lui disant: «Viens, Seigneur» (1 Co 16, 22; Ap 22, 17. 20).

§672
Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n'était pas encore l'heure de l'établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël (cf. Ac 1, 6-7) qui devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes (cf. Is 11, 1-9), l'ordre définitif de la justice, de l'amour et de la paix. Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l'Esprit et du témoignage (cf. Ac 1, 8), mais c'est aussi un temps encore marqué par la «détresse» (1 Co 7, 26) et l'épreuve du mal (cf. Ep 5, 16) qui n'épargne pas l'Église (cf. 1 P 4, 17) et inaugure les combats des derniers jours (cf. 1 Jn 2, 18; 4, 3; 1 Tm 4, 1). C'est un temps d'attente et de veille (cf. Mt 25, 1. 13; Mc 13, 33-37).

L'avènement glorieux du Christ, espérance d'Israël

§673
Depuis l'Ascension, l'avènement du Christ dans la gloire est imminent (cf. Ap 22, 20) même s'il ne nous «appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité» (Ac 1, 7; cf. Mc 13, 32). Cet avènement eschatologique peut s'accomplir à tout moment (cf. Mt 24, 44; 1 Th 5, 2) même s'il est «retenu», lui et l'épreuve finale qui le précédera (cf. 2 Th 2, 3-12).

§674
La venue du Messie glorieux est suspendue à tout moment de l'histoire (cf. Rm 11, 31) à sa reconnaissance par «tout Israël» (Rm 11, 26; Mt 23, 39) dont «une partie s'est endurcie» (Rm 11, 25) dans «l'incrédulité» (Rm 11, 20) envers Jésus. S. Pierre le dit aux juifs de Jérusalem après la Pentecôte: «Repentez-vous et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés et qu'ainsi le Seigneur fasse venir le temps de répit. Il enverra alors le Christ qui vous est destiné, Jésus, celui que le Ciel doit garder jusqu'au temps de la restauration universelle dont Dieu a parlé dans la bouche de ses saints prophètes» (Ac 3, 19-21). Et S. Paul lui fait écho: «Si leur mise à l'écart fut une réconciliation pour le monde, que sera leur assomption, sinon la vie sortant des morts?» (Rm 11, 15). L'entrée de «la plénitude des juifs» (Rm 11, 12) dans le salut messianique, à la suite de «la plénitude des païens» (Rm 11, 25; cf. Lc 21, 24), donnera au Peuple de Dieu de «réaliser la plénitude du Christ» (Ep 4, 13) dans laquelle «Dieu sera tout en tous» (1 Co 15, 28).

L'Épreuve ultime de l'Église

§675
Avant l'avènement du Christ, l'Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8; Mt 24, 12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21, 12; Jn 15, 19-20) dévoilera le «mystère d'iniquité» sous la forme d'une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l'apostasie de la vérité. L'imposture religieuse suprême est celle de l'Anti-Christ, c'est-à-dire celle d'un pseudo-messianisme où l'homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2 Th 2, 4-12; 1 Th 5, 2-3; 2 Jn 7; 1 Jn 2, 18. 22).

§676
Cette imposture antichristique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l'on prétend accomplir dans l'histoire l'espérance messianique qui ne peut s'achever qu'au-delà d'elle à travers le jugement eschatologique: même sous sa forme mitigée, l'Église a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme (cf. DS 3839), surtout sous la forme politique d'un messianisme sécularisé, «intrinsèquement perverse» (cf. Pie XI, enc. «Divini Redemptoris» condamnant le «faux mysticisme» de cette «contrefaçon de la rédemption des humbles»; GS 20-21).

§677
L'Église n'entrera dans la gloire du Royaume qu'à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection (cf. Ap 19, 1-9). Le Royaume ne s'accomplira donc pas par un triomphe historique de l'Église (cf. Ap 13, 8) selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal (cf. Ap 20, 7-10) qui fera descendre du Ciel son Épouse (cf. Ap 21, 2-4). Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier (cf. Ap 20, 12) après l'ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe (cf. 2 P 3, 12-13).

II. Pour juger les vivants et les morts

§678
A la suite des prophètes (cf. Dn 7, 10; Jl 3-4; Ml 3, 19) et de Jean-Baptiste (cf. Mt 3, 7-12), Jésus a annoncé dans sa prédication le Jugement du dernier Jour. Alors seront mis en lumière la conduite de chacun (cf. Mc 12, 38-40) et le secret des coeurs (cf. Lc 12, 1-3; Jn 3, 20-21; Rm 2, 16; 1 Co 4, 5). Alors sera condamnée l'incrédulité coupable qui a tenu pour rien la grâce offerte par Dieu (cf. Mt 11, 20-24; 12, 41-42). L'attitude par rapport au prochain révélera l'accueil ou le refus de la grâce et de l'amour divin (cf. Mt 5, 22; 7, 1-5). Jésus dira au dernier jour: «Tout ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait» (Mt 25, 40).

§679
Le Christ est Seigneur de la vie éternelle. Le plein droit de juger définitivement les oeuvres et les coeurs des hommes appartient à Lui en tant que Rédempteur du monde. Il a «acquis» ce droit par sa Croix. Aussi le Père a-t-il remis «le jugement tout entier au Fils» (Jn 5, 22; cf. Jn 5, 27; Mt 25, 31; Ac 10, 42; 17, 31; 2 Tm 4, 1). Or, le Fils n'est pas venu pour juger, mais pour sauver ( cf. Jn 3, 17) et pour donner la vie qui est en lui (cf. Jn 5, 26). C'est par le refus de la grâce en cette vie que chacun se juge déjà lui-même (cf. Jn 3, 18; 12, 48), reçoit selon ses oeuvres (cf. 1 Co 3, 12-15) et peut même se damner pour l'éternité en refusant l'Esprit d'amour (cf. Mt 12, 32; He 6, 4-6; 10, 26-31).

EN BREF

§680
Le Christ Seigneur règne déjà par l'Église, mais toutes choses de ce monde ne lui sont pas encore soumises. Le triomphe du Royaume du Christ ne se fera pas sans un dernier assaut des puissances du mal.

§681
Au Jour du Jugement, lors de la fin du monde, le Christ viendra dans la gloire pour accomplir le triomphe définitif du bien sur le mal qui, comme le grain et l'ivraie, auront grandi ensemble au cours de l'histoire .

§682
En venant à la fin des temps juger les vivants et les morts, le Christ glorieux révélera la disposition secrète des coeurs et rendra à chaque homme selon ses oeuvres et selon son accueil ou son refus de la grâce.

JE CROIS EN L'ESPRIT SAINT

§683
«Nul ne peut appeler Jésus Seigneur sinon dans l'Esprit Saint» (1 Co 12, 3). «Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie: Abba, Père!» (Ga 4, 6). Cette connaissance de foi n'est possible que dans l'Esprit Saint. Pour être en contact avec le Christ, il faut d'abord avoir été touché par l'Esprit Saint. C'est lui qui vient au devant de nous, et suscite en nous la foi. De par notre Baptême, premier sacrement de la foi, la Vie, qui a sa source dans le Père et nous est offerte dans le Fils, nous est communiquée intimement et personnellement par l'Esprit Saint dans l'Église:

Le Baptême nous accorde la grâce de la nouvelle naissance en Dieu le Père par le moyen de son Fils dans l'Esprit Saint. Car ceux qui portent l'Esprit de Dieu sont conduits au Verbe, c'est-à-dire au Fils; mais le Fils les présente au Père, et le Père leur procure l'incorruptibilité. Donc, sans l'Esprit, il n'est pas possible de voir le Fils de Dieu, et, sans le Fils, personne ne peut approcher du Père, car la connaissance du Père, c'est le Fils, et la connaissance du Fils de Dieu se fait par l'Esprit Saint (S. Irénée, dem. 7).

§684
L'Esprit Saint par sa grâce, est premier dans l'éveil de notre foi et dans la vie nouvelle qui est de «connaître le Père et celui qu'il a envoyé, Jésus-Christ» (Jn 17, 3). Cependant il est dernier dans la révélation des Personnes de la Trinité Sainte. S. Grégoire de Nazianze, «le Théologien», explique cette progression par la pédagogie de la «condescendance» divine:

L'Ancien Testament proclamait manifestement le Père, le Fils plus obscurément. Le Nouveau a manifesté le Fils, a fait entrevoir la divinité de l'Esprit. Maintenant l'Esprit a droit de cité parmi nous et nous accorde une vision plus claire de lui-même. En effet il n'était pas prudent, quand on ne confessait pas encore la divinité du Père, de proclamer ouvertement le Fils et, quand la divinité du Fils n'était pas encore admise, d'ajouter l'Esprit Saint comme un fardeau supplémentaire, pour employer une expression un peu hardie... C'est par des avances et des progressions «de gloire en gloire» que la lumière de la Trinité éclatera en plus brillantes clartés (S. Grégoire de Naz., or. theol. 5, 26: PG 36, 161C).

§685
Croire en l'Esprit Saint c'est donc professer que l'Esprit Saint est l'une des Personnes de la Trinité Sainte, consubstantielle au Père et au Fils, «adoré et glorifié avec le Père et le Fils» (Symbole de Nicée-Constantinople). C'est pourquoi il a été question du mystère divin de l'Esprit Saint dans la «théologie» trinitaire. Ici il ne s'agira donc de l'Esprit Saint que dans «l'économie» divine.

§686
L'Esprit Saint est à l'oeuvre avec le Père et le Fils du commencement à la consommation du dessein de notre salut. Mais c'est dans les «derniers temps», inaugurés avec l'Incarnation rédemptrice du Fils, qu'Il est révélé et donné, reconnu et accueilli comme Personne. Alors ce dessein divin, achevé dans le Christ, «Premier-Né» et Tête de la nouvelle création, pourra prendre corps dans l'humanité par l'Esprit répandu: l'Église, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle.

«JE CROIS EN L'ESPRIT SAINT»

§687
«Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l'Esprit de Dieu» (1 Co 2, 11). Or, son Esprit qui le révèle nous fait connaître le Christ, son Verbe, sa Parole vivante, mais ne se dit pas lui-même. Celui qui «a parlé par les prophètes» nous fait entendre la Parole du Père. Mais lui, nous ne l'entendons pas. Nous ne le connaissons que dans le mouvement où il nous révèle le Verbe et nous dispose à L'accueillir dans la foi. L'Esprit de Vérité qui nous «dévoile» le Christ «ne parle pas de lui-même» (Jn 16, 13). Un tel effacement, proprement divin, explique pourquoi «le monde ne peut pas le recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le connaît», tandis que ceux qui croient au Christ le connaissent parce qu'il demeure avec eux (Jn 14, 17).

§688
L'Église, communion vivante dans la foi des apôtres qu'elle transmet, est le lieu de notre connaissance de l'Esprit Saint:

-- dans les Écritures qu'Il a inspirées;

-- dans la Tradition, dont les Pères de l'Église sont les témoins toujours actuels;

-- dans le Magistère de l'Église qu'Il assiste;

-- dans la liturgie sacramentelle, à travers ses paroles et ses symboles, où l'Esprit Saint nous met en communion avec le Christ;

-- dans la prière dans laquelle Il intercède pour nous;

-- dans les charismes et les ministères par lesquels l'Église est édifiée;

-- dans les signes de vie apostolique et missionnaire;

-- dans le témoignage des saints où Il manifeste sa sainteté et continue l'oeuvre du salut.

I. La mission conjointe du Fils et de l'Esprit

§689
Celui que le Père a envoyé dans nos coeurs, l'Esprit de son Fils (cf. Ga 4, 6) est réellement Dieu. Consubstantiel au Père et au Fils, il en est inséparable, tant dans la Vie intime de la Trinité que dans son don d'amour pour le monde. Mais en adorant la Trinité Sainte, vivifiante, consubstantielle et indivisible, la foi de l'Église professe aussi la distinction des Personnes. Quand le Père envoie son Verbe, Il envoie toujours son Souffle: mission conjointe où le Fils et l'Esprit Saint sont distincts mais inséparables. Certes, c'est le Christ qui paraît, Lui, l'Image visible du Dieu invisible, mais c'est l'Esprit Saint qui Le révèle.

§690
Jésus est Christ, «oint», parce que l'Esprit en est l'Onction et tout ce qui advient à partir de l'Incarnation découle de cette plénitude (cf. Jn 3, 34). Quand enfin le Christ est glorifié (cf. Jn 7, 39), il peut à son tour, d'auprès du Père, envoyer l'Esprit à ceux qui croient en lui: il leur communique sa Gloire (cf. Jn 17, 22), c'est-à-dire l'Esprit Saint qui le glorifie (cf. Jn 16, 14). La mission conjointe se déploiera dès lors dans les enfants adoptés par le Père dans le Corps de son Fils: la mission de l'Esprit d'adoption sera de les unir au Christ et de les faire vivre en lui:

La notion de l'onction suggère (...) qu'il n'y a aucune distance entre le Fils et l'Esprit. En effet de même qu'entre la surface du corps et l'onction de l'huile ni la raison ni la sensation ne connaissent aucun intermédiaire, ainsi est immédiat le contact du Fils avec l'Esprit, si bien que pour celui qui va prendre contact avec le Fils par la foi, il est nécessaire de rencontrer d'abord l'huile par le contact. En effet il n'y a aucune partie qui soit nue de l'Esprit Saint. C'est pourquoi la confession de la Seigneurie du Fils se fait dans l'Esprit Saint pour ceux qui la reçoivent, l'Esprit venant de toutes parts au devant de ceux qui s'approchent par la foi (S. Grégoire de Nysse, Spir. 3, 1: PG 45, 1321A-B).

II. Le nom, les appellations et les symboles de l'Esprit Saint

Le nom propre de l'Esprit Saint

§691
«Saint-Esprit», tel est le nom propre de Celui que nous adorons et glorifions avec le Père et le Fils. L'Église l'a reçu du Seigneur et le professe dans le Baptême de ses nouveaux enfants (cf. Mt 28, 19).

Le terme «Esprit» traduit le terme hébreu Ruah qui, dans son sens premier, signifie souffle, air, vent. Jésus utilise justement l'image sensible du vent pour suggérer à Nicodème la nouveauté transcendante de Celui qui est personnellement le Souffle de Dieu, l'Esprit divin (Jn 3, 5-8). D'autre part, Esprit et Saint sont des attributs divins communs aux Trois Personnes divines. Mais en joignant les deux termes, l'Écriture, la liturgie et le langage théologique désignent la Personne ineffable de l'Esprit Saint, sans équivoque possible avec les autres emplois des termes «esprit» et «saint».

Les appellations de l'Esprit Saint

§692
Jésus, lorsqu'il annonce et promet la venue de l'Esprit Saint, le nomme le «Paraclet», littéralement: «celui qui est appelé auprès», ad-vocatus (Jn 14, 16. 26; 15, 26; 16, 7). «Paraclet» est traduit habituellement par «Consolateur», Jésus étant le premier consolateur (cf. 1 Jn 2, 1). Le Seigneur lui-même appelle l'Esprit Saint «l'Esprit de Vérité» (Jn 16, 13).

§693
Outre son nom propre, qui est le plus employé dans les Actes des apôtres et les Épîtres, on trouve chez S. Paul les appellations: l'Esprit de la promesse (Ga 3, 14; Ep 1, 13), l'Esprit d'adoption (Rm 8, 15; Ga 4, 6), l'Esprit du Christ (Rm 8, 11), l'Esprit du Seigneur (2 Co 3, 17), l'Esprit de Dieu (Rm 8, 9. 14; 15, 19; 1 Co 6, 11; 7, 40), et chez S. Pierre, l'Esprit de gloire (1 P 4, 14).

Les symboles de l'Esprit Saint

§694
L'eau. Le symbolisme de l'eau est significatif de l'action de l'Esprit Saint dans le Baptême, puisque, après l'invocation de l'Esprit Saint, elle devient le signe sacramentel efficace de la nouvelle naissance: de même que la gestation de notre première naissance s'est opérée dans l'eau, de même l'eau baptismale signifie réellement que notre naissance à la vie divine nous est donnée dans l'Esprit Saint. Mais «baptisés dans un seul Esprit», nous sommes aussi «abreuvés d'un seul Esprit» (1 Co 12, 13): l'Esprit est donc aussi personnellement l'Eau vive qui jaillit du Christ crucifié (cf. Jn 19, 34; 1 Jn 5, 8) comme de sa source et qui en nous jaillit en Vie éternelle (cf. Jn 4, 10-14; 7, 38; Ex 17, 1-6; Is 55, 1; Za 14, 8; 1 Co 10, 4; Ap 21, 6; 22, 17).

§695
L'onction. Le symbolisme de l'onction d'huile est aussi significatif de l'Esprit Saint, jusqu'à en devenir le synonyme (cf. 1 Jn 2, 20. 27; 2 Co 1, 21). Dans l'initiation chrétienne, elle est le signe sacramentel de la Confirmation, appelée justement dans les Églises d'Orient «Chrismation». Mais pour en saisir toute la force, il faut revenir à l'Onction première accomplie par l'Esprit Saint: celle de Jésus. Christ [»Messie» à partir de l'hébreu] signifie «Oint» de l'Esprit de Dieu. Il y a eu des «oints» du Seigneur dans l'Ancienne Alliance (cf. Ex 30, 22-32), le roi David éminemment (cf. 1 S 16, 13). Mais Jésus est l'Oint de Dieu d'une manière unique: l'humanité que le Fils assume est totalement «ointe de l'Esprit Saint». Jésus est constitué «Christ» par l'Esprit Saint (cf. Lc 4, 18-19; Is 61, 1). La Vierge Marie conçoit le Christ de l'Esprit Saint qui par l'ange l'annonce comme Christ lors de sa naissance (cf. Lc 2, 11) et pousse Siméon à venir au Temple voir le Christ du Seigneur (cf. Lc 2, 26-27); c'est lui qui emplit le Christ (cf. Lc 4, 1) et dont la puissance sort du Christ dans ses actes de guérison et de salut (cf. Lc 6, 19; 8, 46). C'est lui enfin qui ressuscite Jésus d'entre les morts (cf. Rm 1, 4; 8, 11). Alors, constitué pleinement «Christ» dans son Humanité victorieuse de la mort (cf. Ac 2, 36), Jésus répand à profusion l'Esprit Saint jusqu'à ce que «les saints» constituent, dans leur union à l'Humanité du Fils de Dieu, «cet Homme parfait (...) qui réalise la plénitude du Christ» (Ep 4, 13): «le Christ total», selon l'expression de S. Augustin (serm. 341, 1, 1; ibid., 9, 11).

§696
Le feu. Alors que l'eau signifiait la naissance et la fécondité de la Vie donnée dans l'Esprit Saint, le feu symbolise l'énergie transformante des actes de l'Esprit Saint. Le prophète Elie, qui «se leva comme un feu et dont la parole brûlait comme une torche» (Si 48, 1), par sa prière attire le feu du ciel sur le sacrifice du mont Carmel (cf. 1 R 18, 38-39), figure du feu de l'Esprit Saint qui transforme ce qu'il touche. Jean-Baptiste, «qui marche devant le Seigneur avec 'l'esprit' et la puissance d'Elie» (Lc 1, 17) annonce le Christ comme celui qui «baptisera dans l'Esprit Saint et le feu» (Lc 3, 16), cet Esprit dont Jésus dira: «Je suis venu jeter un feu sur la terre et combien je voudrais qu'il fût déjà allumé» (Lc 12, 49). C'est sous la forme de langues «qu'on eût dites de feu» que l'Esprit Saint se pose sur les disciples au matin de la Pentecôte et les remplit de lui (Ac 2, 3-4). La tradition spirituelle retiendra ce symbolisme du feu comme l'un des plus expressifs de l'action de l'Esprit Saint (cf. S. Jean de la Croix, llama). «N'éteignez pas l'Esprit» (1 Th 5, 19).

§697
La nuée et la lumière. Ces deux symboles sont inséparables dans les manifestations de l'Esprit Saint. Dès les théophanies de l'Ancien Testament, la Nuée, tantôt obscure, tantôt lumineuse, révèle le Dieu vivant et sauveur, en voilant la transcendance de sa Gloire: avec Moïse sur la montagne du Sinaï (cf. Ex 24, 15-18), à la Tente de Réunion (cf. Ex 33, 9-10) et durant la marche au désert (cf. Ex 40, 36-38; 1 Co 10, 1-2); avec Salomon lors de la dédicace du Temple (cf. 1 R 8, 10-12). Or ces figures sont accomplies par le Christ dans l'Esprit Saint. C'est Celui-ci qui vient sur la Vierge Marie et la prend «sous son ombre» pour qu'elle conçoive et enfante Jésus (Lc 1, 35). Sur la montagne de la Transfiguration, c'est lui qui «survient dans la nuée qui prend sous son ombre» Jésus, Moïse et Elie, Pierre, Jacques et Jean, et «de la nuée sort une voix qui dit: 'Celui-ci est mon Fils, mon Élu, écoutez-le'» (Lc 9, 34-35). C'est enfin la même Nuée qui «dérobe Jésus aux yeux» des disciples le jour de l'Ascension (Ac 1, 9) et qui le révélera Fils de l'homme dans sa Gloire au Jour de son Avènement (cf. Lc 21, 27).

§698
Le sceau est un symbole proche de celui de l'Onction. C'est en effet le Christ que «Dieu a marqué de son sceau» (Jn 6, 27) et c'est en lui que le Père nous marque aussi de son sceau (2 Co 1, 22; Ep 1, 13; 4, 30). Parce qu'elle indique l'effet indélébile de l'Onction de l'Esprit Saint dans les sacrements du Baptême, de la Confirmation et de l'Ordre, l'image du sceau (sphragis) a été utilisée dans certaines traditions théologiques pour exprimer le «caractère» ineffaçable imprimé par ces trois sacrements qui ne peuvent être réitérés.

§699
La main . C'est en imposant les mains que Jésus guérit les malades (cf. Mc 6, 5; 8, 23) et bénit les petits enfants (cf. Mc 10, 16). En son nom, les apôtres feront de même (cf. Mc 16, 18; Ac 5, 12; 14, 3). Mieux encore, c'est par l'imposition des mains des apôtres que l'Esprit Saint est donné (cf. Ac 8, 17-19; 13, 3; 19, 6). L'Épître aux Hébreux met l'imposition des mains au nombre des «articles fondamentaux» de son enseignement (cf. He 6, 2). Ce signe de l'effusion toute-puissante de l'Esprit Saint, l'Église l'a gardé dans ses épiclèses sacramentelles.

Catéchisme de l'Église catholique © Libreria Editrice Vaticana 1992.

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