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Lettre ouverte à M. Paul Shoiry

Note: Vous pouvez aussi lire l'échange complet de courriels avec M. Paul Shoiry.

Sillery, le samedi 11 juin 2005.

M. Paul Shoiry, Conseiller et Chef de l'opposition officielle
Ville de Québec, Arrondissement Sainte-Foy-Sillery
1130, route de l'Église, C.P. 218
Sainte-Foy (Québec)
G1V 4E1

Bonjour Monsieur Shoiry,

J'ai reçu dans le courrier d'hier votre circulaire invitant tous les citoyens du quartier de Sillery à vous rencontrer dans la salle communautaire le 15 juin prochain. L'ordre du jour semble être que d'abord vous allez présenter vos réalisations (passées et à venir), et qu'ensuite vous allez laisser la parole aux citoyens pour que nous puissions parler de nos préoccupations et de nos priorités concernant «notre qualité de vie tant dans Sillery que dans la ville».

Je vous remercie pour votre gentille invitation. J'ai deux commentaires et deux questions, que je voudrais vous transmettre par écrit avant cette rencontre.

Premier commentaire: SVP, soyez assuré que je me rends compte jusqu'à quel point il est difficile d'être un bon politicien. Je ne veux pas me plaindre sans savoir de quoi je parle, pour ensuite me sauver quand vient le temps de mettre l'épaule à la roue pour changer les choses! Voir entre autres «Pourris, les politiciens?»

Deuxième commentaire: Un de mes bons copains a dit un jour:

«Dépenser l'argent des autres n'exige aucune habileté que ce soit»

Derrière cette boutade, il y a une grande vérité. Il y a une différence fondamentale entre dépenser l'argent des autres, et mettre son propre argent, ou sa propre réputation, ou même sa propre vie en danger.

Un bon gestionnaire répartit les fonds publics selon les priorités qu'on lui a dictés. C'est bien en soi, et on aura toujours besoin de bons gestionnaires. Mais seul un chef est prêt à mettre sa tête sur le billot pour dire à ses électeurs les vérités qu'ils ne veulent pas entendre. De plus, seul un chef est prêt à se mettre la tête sur le billot afin de protéger son peuple contre les puissants de ce monde.

Après avoir examiné la liste de vos réalisations donnée dans votre circulaire, réalisations qui semblent concerner surtout l'entretien routier, je suis tenté de dire: «Oui mais, n'est-ce pas vrai que n'importe qui d'autre aurait pu faire ça?» Bien sûr, je ne vois rien de mal dans vos réalisations, et j'aime bien ça avoir de bonnes routes. Mais je me demandais si vous seriez prêt à faire des projets qui n'exigent pas d'argent du contribuable, mais qui exigent pas mal de «tripes» ou de courage de votre part!

Alors voici mes deux questions, chacune suivie d'une suggestion.

Première question:

Vous semblez avoir consacré votre carrière politique à l'amélioration du réseau routier. La tâche d'un politicien se limite-elle à la réfection des routes, ou inclut-elle aussi le devoir de s'assurer que les gens qui utilisent ces routes respectent la loi? Est-il normal que les piétons et les cyclistes soient constamment menacés par les chauffards qui brûlent les feux rouges et qui se servent des voies publiques comme si elles étaient des pistes de course privées? Est-il normal que les contribuables se fassent raboter les oreilles par des chauffards qui remplacent leur silencieux par un «bruyantieux», ou qui utilisent des «boumeurs» (haut-parleurs pour les basses) assez puissants pour réveiller tout un voisinage, ou qui conduisent des motocyclettes dont la seule vertu est d'être très bruyantes, et adorées par les bandes de motards criminalisées?

J'ai vécu à Sillery presque toute ma vie, mais mon impression personnelle est que ce genre de comportement a grandement augmenté durant les dernières années. Ma suggestion pour un projet qui ne coûterait rien aux contribuables, mais qui exigerait de vos tripes, serait de proposer un nouveau règlement municipal pour notre ville. Ce nouveau règlement dirait tout simplement que si trois citoyens utilisant une caméra vidéo peuvent filmer une infraction décrite ci-haut, alors la Ville va poursuivre le conducteur en infraction. L'exigence des trois témoins protégerait les conducteurs innocents, et l'exigence de la caméra vidéo nous laisserait attraper non seulement les infractions comme brûler un feu rouge, mais aussi la vitesse et le bruit excessifs.

Un autre détail intéressant de cette proposition de règlement serait que l'amende irait directement aux trois témoins, pour que les sans-abri et les chômeurs (qui ont le temps de s'assoir aux intersections durant l'heure de pointe) puissent faire de l'argent comme de l'eau! Aussi, un montant équivalent à l'amende serait prélevé de la caisse de retraite des policiers, et donné à la Ville. Ainsi, la ville ne perdrait pas d'argent avec ce nouveau règlement, et cela donnerait un incitatif aux policiers (heureusement minoritaires) qui ne prennent pas assez leur devoir au sérieux.

Ce règlement pourrait-il vraiment être promulgué? On s'en fiche! Le simple fait de le proposer ferait du bien! Mais cela exigerait des tripes. N'oubliez pas, les policiers de la Ville de Québec se promènent ces jours-ci en culottes camouflées militaires, comme menace à peine voilée à la Ville, pour faire comprendre qu'ils ont les fusils, et que la Ville devrait leur donner une augmentation. Je pense qu'on a besoin d'un politicien fort pour rappeler à ces policiers que ce sont nos élus qui nous gouvernent, pas des gens en tenue militaire qui ont des fusils.

Deuxième question:

Considérez-vous la «qualité de vie» comme un problème purement matériel? En d'autres mots, pensez-vous que la tâche d'un politicien se limite à nous fournir de bonnes routes, de l'eau potable, des bons hôpitaux, etc.?

J'ai essayé d'expliquer ceci dans une autre lettre ouverte, «Lettre ouverte à l'ACMQVQ». En tant que projet plus difficile, qui exigerait peu d'argent mais pas mal de courage politique, pourriez-vous demander publiquement au Maire s'il serait prêt à participer à une campagne pour encourager nos jeunes à arrêter de sacrer? Tout ce qu'il faudrait faire serait, par exemple, de mettre des affiches dans les abribus. Ma suggestion serait quelque chose comme: "Christ, Hostie, Tabernacle". Ceci prendrait des tripes, parce que la plupart des gens n'aiment pas se faire dire qu'ils sont imparfaits et qu'ils ont des choses à améliorer. Ceci prendrait aussi des tripes parce que de nos jours attaquer les catholiques est à la mode. Veuillez noter que je ne vous demande pas de défendre la religion catholique, mais le droit que les catholiques ont de ne pas se faire constamment insulter dans les lieux publics.

Si vous réalisez ces deux projets, M. Shoiry, je pense que je vais refuser de voter pour vous aux prochaines élections municipales. Je vais plutôt commencer une campagne pour vous faire élire comme Premier ministre du Canada!

Veuillez agréer, Monsieur Shoiry, l'expression de mes sentiments les meilleurs,

Stefan Jetchick

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