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Une démarche en douze étapes pour les évêques

Un évêque 'catholique' typique s'apprêtant à poignarder l'Église dans le dos, avec le poignard de la complicité avec les politiciens pro-avortement.
Un évêque 'catholique' typique s'apprêtant à poignarder l'Église dans le dos,
avec le poignard de la complicité avec les politiciens pro-avortement.
[Source]

Note: Si vous êtes pro-choix, veuillez d'abord consulter «Une liste de lecture pour les pro-choix». La lettre suivante, en date du 1er octobre 2004, a été écrite par Monseigneur René Henry Gracida, évêque émérite de Corpus Christi, au Texas. Elle est tirée de www.lifesite.net.

Mon récent essai, intitulé «Refuser la Sainte Communion, une étude de cas», a incité un certain nombre de personnes à suggérer que la démarche que j'ai suivie, en émettant un décret d'Interdit proscrivant la réception de la Sainte Communion par un député de l'état du Texas, était désuète. Certains ont suggéré que c'était approprié en 1994, mais plus en 2004. Ils disent que les temps ont changé. Je suis d'accord que les temps ont changé -- ils ont empiré!

Nous avons maintenant des candidats à la Présidence et au Congrès qui professent publiquement être des catholiques pratiquants qui, même s'ils appuient plusieurs des enseignements de l'Église concernant la question sociale, sur la question la plus importante -- le droit inaliénable à la vie -- sont diamétralement opposés à notre sainte foi catholique. Le défi le plus important de l'humanité d'aujourd'hui, c'est l'assaut donné contre le caractère sacré de la vie humaine.

La plus haute instance du Magistère, le Pape Jean-Paul II et ses Prédécesseurs, de même que le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Joseph Cardinal Ratzinger, ont enseigné a plusieurs reprises que le droit à la vie est le fondement de tous les autres droits dans la société civile. La négation de ce droit fondamental mène éventuellement à la négation de tous les autres droits.

Tous les autres problèmes sociaux graves, comme la guerre, la pauvreté, la santé, la justice économique, l'immigration, etc., sont d'une importance secondaire lorsqu'on les compare à la vie humaine innocente qu'on anéantit systématiquement. Ce n'est pas seulement une question de croyances personnelles, c'est une question de raison.

L'intellect humain sait intuitivement que le droit à la vie d'une personne innocente a priorité sur toutes les autres questions sociales concernant la qualité de la vie. De par l'enseignement du Magistère, c'est aussi un article de foi. Le Christ lui-même a commandé à ses Apôtres et ses Disciples d'observer le Cinquième commandement, «Tu ne tueras pas» [Ex 20:13]. Les évêques, en tant que successeurs de ces Apôtres, ont la charge de faire de même au nom du Christ.

En 1994, le plus grand assaut contre la vie humaine innocente était mené, tout comme aujourd'hui, par les avorteurs. L'euthanasie avait commencé à apparaître comme une préoccupation croissante mais le clonage, la recherche sur les cellules souches embryonnaires, et même l'infanticide, n'avaient pas encore pris l'ampleur de la tragédie ou du danger qu'ils posent ensemble aujourd'hui.

Dans cette année 1994, je pensais que limiter l'Interdit au for interne était important non seulement pour le bien-être spirituel de la personne subissant cette interdiction, mais aussi pour le bien spirituel de la communauté. Je n'avais pas eu les mêmes sentiments concernant les trois décrets d'excommunication (latae sententiae) que j'avais émis précédemment pour une simple raison: ils visaient trois catholiques qui étaient directement impliqués à procurer le meurtre par avortement -- deux femmes qui avaient chacune administré un avortoir, et un médecin qui avait commis l'innommable mal de l'avortement lui-même.

Leurs cas, qui étaient manifestement une coopération formelle au mal, c'est-à-dire la participation directe et volontaire à la destruction physique d'une vie humaine, exigeaient qu'on inflige la plus grave des peines ecclésiastiques publiques: l'excommunication. D'un autre côté, le cas d'un politicien qui professait publiquement son «opposition personnelle» à l'avortement, tout en défendant publiquement le droit de choisir l'avortement, tel que permis par la Cour Suprême dans l'arrêt Roe vs. Wade, n'apparaissait pas à ce moment exiger la déclaration publique de la plus grave des censures.

En 1995, le Pape Jean-Paul II en arrivait à la conclusion qu'il était urgent de promulguer l'Encyclique Evangelium Vitae. Quelques 12 000 000 avortements plus tard, il est devenu clair comme de l'eau de roche que le politicien qui utilise activement ses habiletés politiques pour maintenir l'avortement sur demande, et qui protège le génocide en cours, en votant pour des lois en faveur de l'avortement, coopère formellement au mal de l'avortement lui-même. En réalité, la distinction entre l'avorteur et le politicien est presque une question de termes: l'avorteur, un assassin, est coupable de procurer directement des avortements; le politicien, lui, assure les conditions juridiques qui permettent au génocide de continuer avec une égale intensité.

De manière grave, sans aucun doute, l'intégrité de la foi chrétienne est attaquée non seulement de l'extérieur, mais pire, de l'intérieur de l'Église. Elle est attaquée par les politiciens catholiques qui, publiquement et obstinément, appuient ce qui est, en toute vérité, rien de moins qu'une hérésie. Par «hérésie», je veux dire le refus ou le doute obstiné d'un dogme de foi non négociable, proposé par le Magistère comme une doctrine révélée, tel que décrit dans le Canon §751 du Code de droit canonique de 1983, modifié en 1998. Dans mon essai publié récemment, «Le Retour de l'hérésie arienne», j'ai essayé de montrer que l'hérésie du quatrième siècle, qui niait la divinité du Christ, est l'image-mirroir de notre hérésie moderne, qui nie la valeur sacrée de la personne humaine rachetée par l'Incarnation, la Passion, la Mort et la Résurrection du Christ.

Est coupable d'hérésie celui qui affirme soit la rectitude morale de l'avortement comme un «droit de la personne», ou à défaut de cela, professe seulement «le droit civil à l'avortement». Ces deux erreurs sont si diamétralement opposées aux exigences du témoignage chrétien, que d'y adhérer obstinément nous coupe automatiquement de tout espoir de salut. Tout catholique qui appuie ces deux hérésies risque la damnation éternelle. Je dis ceci à tous ceux qui sont tombés dans cette erreur, avec toute la raison et la clarté possible, dans l'espoir entier et sincère qu'ils reviendront rapidement dans l'unique Corps du Christ.

Reconnaissant la complexité de la situation dans l'Église et dans notre société en ce moment, je voudrais aider mes frères dans l'épiscopat à trouver leur chemin dans les broussailles des opinions contradictoires et des propositions de gestes à poser. Après de mûres réflexions, je propose une démarche en douze étapes à mes frères dans l'épiscopat, afin de les aider à gérer de manière décisive la crise grave de notre Église et de notre pays.

Le schéma proposé est sans ambiguïté. Le scandale continuel des catholiques qui portent faux témoignage contre les enseignements du Christ n'est pas seulement devenu une complicité au génocide, mais maintenant une action qui sape le dépôt authentique de la foi et de la morale. Ne pas agir de manière décisive maintenant, c'est continuer à laisser les loups dévorer les brebis qui nous ont été confiées, afin qu'on les protège et qu'on les garde.

Voici douze règles simples permettant aux évêques de résoudre cette crise en toute transparence, mais aussi avec une fermeté résolue:

1) Les Ordinaires doivent inculquer publiquement, par leur prédication personnelle et par la prédication vicariante de leurs prêtres, que non seulement il est contraire à la foi chrétienne d'appuyer «le droit de choisir», mais qu'on perd entièrement la vertu de foi surnaturelle, le droit aux Sacrements, les funérailles ecclésiastiques, et de manière plus importante, le salut éternel, si on adhère publiquement et obstinément à un «droit à choisir l'avortement», en opposition à la croyance fondamentale de la foi chrétienne et apostolique au caractère sacré de la vie humaine innocente.

Tout appui public et obstiné, par les paroles ou par le vote, soit de l'avortement, ou en l'absence de cela, «seulement» au «droit civil à choisir l'avortement» est une hérésie. Être «personnellement opposé à l'avortement» n'est pas une défense pour appuyer un «droit à choisir le meurtre». Les propositions: (1) «l'avortement n'est pas intrinsèquement mauvais», et (2) «On a le droit "civil" ou "humain" de choisir l'avortement» sont, de par la raison et de par la Loi divine, deux hérésies spécifiquement distinctes. Un politicien catholique pro-choix pourra peut-être éviter d'en commettre une, mais il tombe certainement dans le précipice de commettre l'autre.

2) Les circonstances graves de l'époque dans laquelle nous vivons, l'obligation de proclamer la foi dans toute sa pureté, le besoin de protéger les Sacrements contre les sacrilèges, et l'obligation d'éliminer les scandales graves parmi les fidèles: toutes ces choses forcent l'évêque à faire enquête publiquement et courageusement auprès des membres du clergé et des laïcs de son diocèse, afin de trouver lesquels parmi les politiciens catholiques qui ont domicile dans son territoire appuient publiquement l'avortement ou le droit de choisir, en accord avec le Canon §1717, N° 1. Les preuves vérifiables dans le for externe devraient être présentées au même titre que toute autre information.

3) L'évêque, après avoir reçu des preuves de la présence dans le diocèse d'un politicien ayant un domicile ou quasi-domicile, et qui à la fois publiquement tient la doctrine du droit au meurtre, et qui reçoit le Sacrement de l'Eucharistie, l'évêque dis-je, après vérification des preuves, devrait ordonner à l'individu de comparaître devant lui quam primum (Canon §1339, N° 2).

4) Si le politicien acceptait la convocation, l'évêque devrait alors lui signaler son erreur, répéter à cet individu l'obligation de se soumettre avec l'assentiment de la foi à l'enseignement dogmatique de l'Église sur la nécessité de respecter la vie humaine innocente. L'évêque devrait clarifier l'incompatibilité absolue de la position que ce politicien tient, avec le caractère baptismal, et ensuite lui ordonner de renoncer et de mettre fin à tout appui public ou privé de sa déviance pro-choix. En tant que catholique occupant une charge publique, l'individu ne peut jamais favoriser ou fermer les yeux sur un droit à l'avortement, mais au contraire, il doit s'efforcer de limiter et d'abroger les lois pro-choix. Parce que l'obligation à professer publiquement sa foi dogmatique est en vigueur dans le sujet catholique dès qu'il est publiquement interrogé, un catholique ne peut jamais appuyer, en public ou en privé, un droit à choisir l'avortement (Canon §750, N° 1, Canon §1364, N° 1).

5) Si le politicien ne devait pas consentir à la réunion, alors la teneur de l'Étape N° 4 devrait être envoyée à l'individu sous pli recommandé (Canon §1509, No. 1).

6) À la fin de la rencontre, l'évêque devrait obtenir une rétractation formelle écrite des croyances erronées de l'individu. Ceci fait, le Sacrement de la réconciliation devrait être offert au pénitent.

7) Si l'évêque obtenait une rétractation formelle par écrit, il devrait émettre une déclaration rendant publique le fait que l'individu et l'Église sont de nouveau unis dans la même foi (conf. Canon §1347, N° 1). De plus, l'obligation de redressement des torts et d'éliminer le scandale, à la mesure du degré des torts faits à la foi, à l'Église, et à la société civile, devrait être satisfaite ou promise sérieusement avant la réconciliation (Canon §1347, N° 2).

8) Si l'évêque était incapable d'obtenir une rétractation formelle écrite, la correction fraternelle et la correction canonique devrait être faite sous pli recommandé (Canon §1339, Nos. 1-3) et, si possible, en personne, manifestant que: (1) l'exigence du témoignage chrétien envers un principe non-négociable de la foi exige qu'il soit publiquement identifié comme tenant une position contradictoire à celle de l'Église catholique, le privant du droit de s'appeler «catholique»; et (2) si l'individu refusait de rectifier son comportement, l'évêque pourrait imposer un Interdit ferendae sententiae lui interdisant de recevoir la Très Sainte Eucharistie afin de protéger sans ambiguïté les clauses du Canon §915. De plus, l'individu pourrait être notifié que, les circonstances le justifiant, l'Ordinaire pourrait, après l'expiration d'un certain délai prescrit dans le monitum, le déclarer publiquement comme ayant été automatiquement excommunié pour cause d'hérésie selon le Canon §1364, N° 1, et dépossédé de la réception de tous les Sacrements (Canon §1331, N° 1), de même que des funérailles ecclésiastiques (Canon §1184, N° 1).

9) Après avoir donné à l'individu une période de temps raisonnable pour la réflexion et la consultation avec son confesseur ou directeur spirituel (Canon §1347, Nos. 1-2), n'obtenant pas l'acceptation d'une occasion additionnelle pour la correction fournie à l'individu dans une limite de temps déterminée, l'évêque devrait décider par décret et, après consultation avec deux autres juges ou experts (Canon §1718, Nos. 2-3), à savoir s'il peut (Canon §1718, N° 1, 1), devrait (Canons §1341; §1718, N° 1, 2), et doit (Canon §1728, N° 1, 3) procéder par voie de décret administratif judiciaire ou extra-judiciaire afin d'infliger ou de déclarer la punition proportionnée de l'Interdit ferendae sententiae, ou déclarer que l'excommunication pour hérésie a été encourue latae sententiae.

10) Une fois la Sentence rendue, ou le Décret extra-judiciaire émis, l'évêque devrait promulguer le décret par publication dans le journal diocésain avec une description appropriée du processus ayant mené à l'émission du décret canonique (Canon §8, N° 2).

11) Après la publication du décret, l'évêque devrait envoyer une lettre aux membres du clergé leur expliquant leur devoirs et responsabilités concernant les châtiments imposés par le décret.

12) L'évêque devrait donner suite à la publication du décret par une lettre au récalcitrant, lui exhortant à revenir à la pleine communion avec l'Église, lui rappelant la Parabole de l'enfant prodigue : tout comme le Bon Pasteur est toujours prêt à accueillir la brebis perdue qui revient au troupeau, ainsi l'évêque, à l'imitation du Christ, essayera toujours de ramener dans le giron de la Sainte Mère l'Église celui qui s'était perdu, mais seulement dans l'entière Vérité et Charité.

Cette démarche en douze étapes est claire, cohérente avec la foi, et en accord avec les exigences de l'équité canonique. Si les Canons punitifs doivent maintenant être dépoussiérés et sortis de l'armoire dans laquelle ils avaient sommeillé pendant près d'un demi-siècle, c'est parce que le baume de la miséricorde et la discrétion de mesure ont échoués dans la tentative de guérir l'infection croissante de l'erreur et du scandale à l'intérieur de l'Église, ainsi que l'augmentation quotidienne du génocide dans le monde autour de nous. Le temps des demi-mesures, la peur des représailles, de perdre sa situation, un avantage temporel, ou une occasion d'avancement professionnel est maintenant terminé: le temps d'agir est maintenant arrivé.

+ René Henry Gracida, DD
Évêque émérite de Corpus Christi
PO Box 217
Tynan, Texas 78391
USA
Fax: 361-547-0499

(Traduit de l'original anglais)

Deux bons évêques.
Deux bons évêques.
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