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Lettre ouverte aux catholiques du Québec;
À la recherche de la fierté québécoise

Matthias Grunewald. Le Christ se fait railler.
Jésus tombe entre les mains des évêques du Québec.
(Matthias Grunewald. Le Christ se fait railler. [Source])

Note: Ce texte est une critique du document du même nom, rendu public par le Cardinal Marc Ouellet aux environs du 2007-novembre-20 [À la recherche de la fierté québécoise, Cardinal Marc Ouellet, 2007-novembre. Introuvable sur le site web du diocèse de Québec au 2016-février-27].

[Vert] À la suite de mon intervention à la Commission Bouchard-Taylor, vos commentaires ont été nombreux et variés. Je les ai tous lus avec grande attention, qu'ils proviennent du courrier ou des médias. Merci des messages d'appui, merci aussi des critiques qui m'ont fait réfléchir et qui motivent cette lettre ouverte qui voudrait prolonger la réflexion, dissiper les incompréhensions et inviter à une écoute réciproque dans un esprit de paix et de réconciliation.

[Vert] Face à mon analyse du malaise québécois, j'ai entendu les «enfin, il était temps!», comme aussi les «quel retour en arrière!». Entendons-nous bien, je ne demande aucunement à la société québécoise de revenir en 1950. Du point de vue sociologique et culturel, le pluralisme et la laïcité se sont installés à demeure au Québec et il y a de quoi être fiers des gains obtenus dans les domaines de l'économie, de la santé, de la culture, des services sociaux, de l'éducation, de la politique et du dynamisme de la société québécoise. Le Québec possède un niveau de vie enviable, une culture de la liberté et de la tolérance, une belle ouverture à l'immigration et du talent à revendre sur le plan artistique et culturel. Mais un constat demeure: sa quête de spiritualité languit.

[Jaune] Peut-être a-t-elle été freinée par une autorité excessive de l'Église?

Tout se joue dans cette phrase.

C'est l'un ou l'autre. Ou l'Église catholique a été fondée par des hommes pécheurs, ou Elle a été fondée et continue d'être guidée par Dieu, ce Dieu qui est tout-puissant et infiniment sage, ce Dieu qui ne peut pas faire d'erreurs!

Si l'Église catholique a été fondée par des hommes pécheurs, alors il faut être imbécile pour être catholique. En effet, l'Église catholique enseigne très clairement qu'Elle a été fondée par Dieu, qu'Elle continue d'être guidée par Dieu, et donc qu'Elle est infaillible dans Ses enseignements officiels.

Si l'Église, en tant que telle, commet une seule erreur, alors le catholicisme est une religion du mensonge et de la duplicité. Si on peut trouver ne serait-ce qu'une seule erreur dans les enseignements officiels de l'Église, que ce soit aujourd'hui, ou avant 1960, ou il y a mille ans, alors la prétention fondamentale de l'Église est fausse, et donc toute la religion catholique n'est qu'un immense château de cartes, fait de cartes de mensonge.

Par contre, l'Église catholique a toujours enseigné, et enseignera toujours, que Ses membres sont des pécheurs, et que les Papes, les évêques et les prêtres peuvent aller en Enfer comme n'importe qui d'autre. C'est pourquoi les évêques compétents font toujours très attention d'expliquer la distinction entre l'Église Sainte et Sans Erreurs, et certains membres du clergé qui font des choses honteuses et pas catholiques.

Cette distinction doit être expliquée encore plus soigneusement lorsque vous savez que vous parlez à des médias anti-catholiques qui se meurent pour entendre un évêque «avouer» que «l'Église a fait une erreur» (et donc qu'Elle serait une fausse Église). J'ai lu trois articles dans les journaux et écouté un reportage à la radio, sur cette Lettre Ouverte du Cardinal, et nulle part on a parlé de cette distinction très importante. Ils ne parlaient que du Cardinal qui avouait les erreurs «de l'Église».

[Vert] Ou peut-être n'a-t-elle pas reçu l'enseignement nécessaire à ses besoins? Le vide spirituel dont j'ai parlé, c'est le fruit de l'esprit du monde qui, en voulant éliminer Dieu, nous propose, de mille façons, d'être nous-mêmes le dieu de notre vie. La frilosité devant la procréation, devant la vie, compromet l'avenir du Québec, et sa jeunesse cherche des modèles qui semblent lui manquer cruellement. Il nous faut un dialogue sérieux sur les [Rouge] valeurs [Fin Rouge] et sur notre témoignage de chrétiens pour redonner espérance et foi à l'âme québécoise.

Sur la sottise du mot «valeur», voir ma critique du discours du Cardinal Ouellet à la Commission Bouchard-Taylor.

[Vert] Pourtant l'Église catholique ne manque pas de figures exemplaires qui ont marqué l'histoire de notre société. Des laïcs, hommes et femmes, des religieuses et religieux, ont laissé des traces mémorables, un précieux héritage dans les domaines de la santé, de l'éducation et de l'évangélisation. Le pape Jean-Paul II a canonisé ou béatifié quatorze (14) de ces personnalités, durant son pontificat. Mais, malheureusement, elles sont trop peu connues.

[Rouge] On accorde beaucoup plus d'attention au passif de l'Église

Voir ci-haut.

[Vert] qu'à sa contribution active à l'histoire et à la culture québécoises. Un regard juste et clairvoyant sur notre passé chrétien aiderait, je pense, à reconnaître nos limites, mais aussi à nourrir la fierté et la confiance des Québécoises et des Québécois face à notre avenir.

[Vert] M'inspirant du geste de Jean-Paul II dont j'ai été témoin à Rome en mars de l'an 2000,

Je doute que Jean-Paul II ait omis de clarifier la très importante distinction entre la Sainte Église Infaillible, et les péchés de certains membres du clergé.

[Vert] j'invite les catholiques à un acte de repentance et de réconciliation. La société québécoise traîne une mémoire blessée dont les mauvais souvenirs bloquent l'accès aux sources vives de son âme et de son identité religieuse. Le temps est venu de faire le point et de prendre un nouveau départ. Des erreurs ont été commises qui ont terni l'image de l'Église et pour lesquelles il faut humblement demander pardon. J'invite les pasteurs et les fidèles à chercher avec moi la manière de reconnaître nos erreurs et nos déficiences, afin d'aider notre société à se réconcilier avec son passé chrétien.

Le Cardinal m'invite à l'aider à voir ses erreurs? Oubliez l'arrière d'un napperon de papier au restaurant, ça va me prendre tout un site web!
;-)

Je pense que le Cardinal devrait commencer par ré-écrire un autre article qui commencerait par expliquer soigneusement la distinction entre l'Église infaillible et sans erreurs, et les péchés de certains membres du clergé. Ensuite, il devrait s'excuser non seulement pour les péchés du clergé avant 1960, mais aussi et surtout pour les erreurs du clergé après 1960!

En passant, c'est assez rigolo de voir comment le Cardinal s'empresse à demander pardon pour les péchés d'autrui loin dans le passé, et qu'il garde le silence sur ses propres péchés qui ont tous quatre ans ou moins d'âge.

[Jaune] Comme Archevêque de Québec et Primat du Canada, je reconnais que des attitudes étroites de certains catholiques, avant 1960, ont favorisé l'antisémitisme, le racisme, l'indifférence envers les premières nations et la discrimination à l'égard des femmes et des homosexuels. Le comportement des catholiques et de certaines autorités épiscopales relativement au droit de vote, à l'accès au travail et à la promotion de la femme n'a pas toujours été à la hauteur des besoins de la société ni même conforme à la doctrine sociale de l'Église.

Remarquez comme c'est rigolo. Moi, quand je critique le Cardinal Ouellet, je cite au long ses documents, et je fais bien attention de distinguer entre les choses avec lesquelles je suis d'accord, et celles avec lesquelles je ne suis pas d'accord.

Au contraire, le Cardinal ici passe une liste d'épicerie «d'erreurs faites par des évêques catholiques» (liste qui ressemble curieusement à la liste d'épicerie des journalistes gauchistes anti-catholiques), mais sans citer la moindre documentation à l'appui, et sans dire exactement ce pour quoi il s'excuse (et ce pourquoi il n'a pas le droit de s'excuser, car il n'y peut pas y avoir de fausseté dans les enseignements officiels de l'Église).

Par exemple, un bon Cardinal québécois aurait pu dire quelque chose comme:

Les enseignements de l'Église sur la grave immoralité de la sodomie sont éternellement et infailliblement vrais. Par contre, avant 1960, certains membres du clergé ont agi contrairement aux divins enseignements de l'Église, en faisant preuve de mépris envers les personnes ayant des attirances envers le même sexe (comme on peut le voir précisément ici, ici et ici dans tel et tel élément de preuve). De plus, après 1960, de nombreux membres du clergé ont fait encore plus de tort aux personnes ayant des attirances envers le même sexe, en omettant de proclamer prophétiquement les divins enseignements de l'Église sur la sodomie (par exemple, voir tous les documents du Cardinal Marc Ouellet). Pour ces comportements anti-catholiques de certains membres du clergé québécois, je demande pardon.

Et ainsi de suite pour l'ordination des femmes, la pilule contraceptive, le condom, les religions autochtones, les horribles défaillances du clergé après 1960 (qui ont causé la «frilosité» des québécois face à la procréation), etc.

[Jaune] Je reconnais aussi que des abus de pouvoir et des contre-témoignages ont terni chez plusieurs l'image du clergé, et nui à son autorité morale: des mères de famille ont été rabrouées par des curés sans égard pour les obligations familiales qu'elles avaient déjà assumées; des jeunes ont subi des agressions sexuelles par des prêtres et des religieux, leur causant de graves dommages et traumatismes qui ont brisé leur vie! Ces scandales ont ébranlé la confiance du peuple envers les autorités religieuses, et nous le comprenons! Pardon pour tout ce mal!

Encore ici, il faut expliquer que ces comportements sont précisément condamnés par les divins enseignements de l'Église catholique! Il faut demander pardon pour les comportements anti-catholiques de certains membres du clergé, et rien d'autre! De plus, il ne ferait pas de tort d'être plus précis dans les accusations. De la manière dite par le Cardinal, on a l'impression que ces problèmes étaient très répandus, alors que statistiquement, ils l'étaient probablement bien moins avant 1960 que après 1960...

[Vert] Le Carême de 2008, dans le cadre de la préparation spirituelle au Congrès eucharistique international de Québec, nous donnera l'occasion de témoigner publiquement de notre repentance, prenant appui sur le don de Dieu qui nous est fait dans l'Eucharistie, pour la vie du monde. D'autres initiatives suivront pour faciliter l'accueil, le dialogue et la guérison de la mémoire.

En parlant de pénitence publique pour les péchés des évêques, n'oubliez pas le rôle détestable et honteux de trop d'évêques canadiens dans le scandale de l'infanticide légalisé.

[Vert] Que cette recherche de paix et de réconciliation, vécue en toute sincérité, aide le Québec à se souvenir plus sereinement de son identité chrétienne et missionnaire, qui lui a valu une place enviable sur la scène internationale.

[Rouge] En tant que pasteur d'un peuple en grande majorité catholique,

Nous sommes une minuscule minorité.

[Rouge] vous comprendrez que la transmission de notre héritage culturel et religieux me tient beaucoup à coeur.

La religion catholique n'est pas un bête «héritage culturel».

[Vert] C'est pourquoi je réitère l'appui aux parents qui ont droit à ce que leurs enfants reçoivent à l'école un enseignement religieux qui corresponde à leurs convictions.

[Rouge] Je demande donc avec eux à l'État de respecter la tradition québécoise de transmission des connaissances religieuses à l'école - pas nécessairement PAR l'école - et d'offrir un espace aux Églises et aux groupes religieux reconnus afin qu'ils donnent des cours confessionnels qui soient conçus et rémunérés par eux.

Ce n'est pas ce que l'Église catholique enseigne au sujet des écoles.

[Rouge] Et qu'au nom de la liberté religieuse de chacun, le cours d'État d'éthique et de culture religieuse soit OPTIONNEL.

Ce Cours ne doit pas être optionnel, il doit être éliminé complètement.

[Vert] Nous sommes fiers d'être québécois et québécoises et nous ne voulons pas perdre nos moyens de transmettre les [Rouge] valeurs [Fin Rouge] profondes de notre héritage religieux. Notre tradition judéo-chrétienne a fait de nous un peuple solidaire et charitable, nous savons faire preuve d'entraide et nous sommes capables de pardonner avec l'aide de Dieu. Afin de retrouver pleinement l'estime de nous-mêmes et la confiance en l'avenir, cherchons des chemins de réconciliation et offrons à nos compatriotes un dialogue vrai sur les [Rouge] valeurs [Fin Rouge] spirituelles et religieuses qui ont façonné l'identité québécoise. En un mot, ne s'agit-il pas, aujourd'hui comme hier, tout simplement, de vivre l'Évangile?

Marc Cardinal Ouellet
Archevêque de Québec et Primat du Canada

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