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In Memoriam: Père Engelbert Lacasse, S.J. (1906-2005)
Ad Majorem Dei Gloriam

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Par Luc Gagnon, Directeur de la revue Égards, ainsi que Directeur de Campagne Québec-Vie. Reproduit avec permission.

Note: Normalement, je mets des articles qui peuvent intéresser tout le monde sur mon site, et non pas des articles qui me mettent la brume aux yeux. Mais le Père Lacasse a été mon premier directeur spirituel (après l'abbé Benoît Garneau, du SME), alors je lui dois beaucoup. De plus, l'auteur de cet article, M. Luc Gagnon, est un bon copain à moi. Nous sommes entrés chez les Légionnaires du Christ ensemble, il y a une quinzaine d'années! (Je me suis sauvé au bout de deux jours et demi, en remerciant Dieu pour certains bons côtés de La Révolution tranquille!) Luc est un gars tellement poli, qui vouvoie tout le monde, même lui-même!

Le Père Engelbert Lacasse a complété sa course temporelle le 21 septembre dernier dans sa centième année d'existence consacrée à la plus grande gloire de Dieu et au salut des âmes. Jusqu'à 95 ans alors qu'il a quitté la résidence Vimont du Collège Brébeuf pour l'infirmerie communautaire de Saint Jérôme, il a prêché sans relâche les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola à des milliers de pénitents. Le bon Père Lacasse avait une âme enflammée d'apôtre et il s'est occupé jusqu'à la fin de ses jeunes dirigés avec un grand zèle sacerdotal. Il a été à la source de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses même dans le désert spirituel de l'après Vatican II. Si l'Église du Québec se relève un jour de sa torpeur actuelle, elle le devra en grande partie à ce jésuite, à la fois humble et grand.

Né dans un petit village des Laurentides, Sainte-Sophie, le Père Lacasse a d'abord fait ses études classiques au séminaire Sainte-Thérèse avant d'entrer en 1928 au noviciat des jésuites. Il avait eu entre autres pour confrère de noviciat François Hertel qu'il soutint spirituellement même après son apostasie dans l'après-guerre alors que l'écrivain s'exila tristement à Paris. Le Père Lacasse n'aimait pas parler du pauvre Hertel par discrétion et délicatesse, mais il me mit en garde contre l'orgueil qui était d'après lui à la racine de son apostasie et de son insubordination à l'égard de ses supérieurs.

Le Père Lacasse a été au contraire un modèle d'obéissance religieuse selon l'esprit du fondateur des jésuites: «obéir comme un cadavre». Il a toujours été heureux des fonctions, parfois ingrates, qu'il a occupées. Il acceptait toute mission avec joie et enthousiasme, voulant partout sauver des âmes. II a ainsi occupé durant de nombreuses années le poste d'aumônier des bûcherons sur les chantiers au nord du Québec. Il a aussi prêché des retraites pour toutes les classes sociales: étudiants, bûcherons, professionnels, illettrés, etc. Contrairement à beaucoup de ses collègues jésuites, il n'a pas enseigné dans les collèges, sinon durant sa formation en régence. Il fut en général posté à Québec ou à Montréal.

La Révolution tranquille a été pénible pour ce jésuite discipliné. Après le Concile, il avait même fait venir au Canada le Cardinal Jean Daniélou, SJ, pour rétablir un certain nombre de vérités emportées par une laïcisation avancée. Il souffrait de la crise vécue à l'intérieur même de sa communauté religieuse: tant de confrères défroqués, l'abandon de l'habit ecclésiastique et de la discipline religieuse, la critique systématique de la doctrine romaine, un intellectualisme et un rationalisme contraires à la foi traditionnelle. De sa position discrète de directeur spirituel, il a réagi pourtant de façon positive en encourageant toutes les bonnes initiatives et surtout en formant des catholiques conscients des exigences de la foi et capables de faire face à la crise. II souffrait en silence les désobéissances et les trahisons de beaucoup de ses collègues et il pleurait l'effondrement de sa communauté religieuse et de l'Église au Québec.

Il resta fidèle à la foi et aux pratiques traditionnelles de l'Église, mais il ne se révolta jamais contre l'autorité. II fut toujours critique du parcours de Mgr Marcel Lefebvre, surtout après la condamnation romaine de 1976. Il fut un papiste fervent jusqu'au bout. Il ne fut pas très enthousiaste de la réforme liturgique de 1969, mais il l'accepta comme légitime, orthodoxe et authentique. Il célébra d'abord la nouvelle messe en latin et il adopta ensuite la langue vernaculaire. Il considérait le Concile Vatican II comme tout à fait valide, mais il rejetait tout esprit de rupture qui aurait voulu opposer Vatican II aux conciles antérieurs et à la doctrine traditionnelle: il recevait l'enseignement de Vatican II à la lumière de la Tradition et non pas selon les idées à la mode.

Il s'engagea aussi dans les questions sociales au Québec, entre autres en appuyant les écoles catholiques et en encourageant le mouvement pro-vie. Il m'avait encouragé en 1989 lorsque j'avais créé un comité pro-vie à l'Université Laval alors que j'étais étudiant en médecine. Il fut aussi un conseiller spirituel très proche de Monsieur Gilles Grondin lors de la fondation de Campagne Québec-Vie.

Dans l'ombre et dans les âmes, le Père Lacasse a préparé la renaissance catholique du Québec de demain. Il fut un père et un guide pour de nombreux orphelins spirituels de la Révolution tranquille. À la maison Dauphine dans le Vieux-Québec, le Père Lacasse nous recevait avec une charité vraiment paternelle et nous dirigeait dans la bonne voie. Moi qui ai profité de sa bonté et de sa générosité surnaturelles alors que j'étais un adolescent réactionnaire et perplexe, victime de la dilapidation spirituelle de la génération lyrique, je ne puis suffisamment remercier Dieu d'avoir mis sur ma route le plus dévoué des jésuites canadien-français de la vieille école.


 

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>> -----Original Message-----
>> From: Luc Gagnon
>> Sent: July 5, 2006 11:30 AM
>> To: stefan.jetchick
>> Subject: Article sur le pere Lacasse
>>
>>
>> Cher Monsieur Jetchick,
>> Merci de vouloir reproduire mon article sur le Père Lacasse et
>> le traduire en anglais. Veuillez m'envoyer la traduction.
>> Cordialement,
>> Luc Gagnon, dir.
>> Égards
>>

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