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Prisonniers politiques dans l'utérus

Si vous êtes pro-choix, veuillez d'abord consulter «Une liste de lecture pour les pro-choix». Si vous ne connaissez pas bien Amnistie Internationale, vous pouvez en lire plus sur leur militantisme pro-choix.

L'organisme international de défense des droits de l'homme, Amnistie International (AI) songe à décréter que l'avortement serait un droit de l'homme international, abandonnant la position de neutralité qu'ils ont longtemps eue. S'ils le font, ils vont se joindre à la longue liste des ennemis de l'Église catholique, peut-être leur plus grand allié dans le domaine de la défense des droits de l'homme. Amnistie International a demandé des commentaires de leurs membres, pour savoir s'ils devraient faire ce saut fatidique. Les rapports disent qu'une décision sera prise à la fin de 2006 ou à l'assemblée générale annuelle du groupe en 2007.

Il est tragique qu'un groupe, qui a fait tant de bien, pourrait même considérer cette décision. Cela manifeste un aveuglement moral au fait que la poussée pour «le droit à l'avortement» n'est que le plus récent dans une chaîne de génocides cycliques, durant le siècle dernier, qui ont tous employé la même excuse pour atteindre leurs buts: l'esclavage aux USA a prétendu que les noirs n'étaient humains qu'au trois-cinquième afin de les exploiter; les Nazis ont prétendu que les juifs étaient des sous-humains afin de les assassiner; et le lobby de l'avortement prétend depuis longtemps que l'enfant à naître n'est pas une personne mais un «tas de cellules» afin de l'éliminer.

Dans chaque cas, ces crimes ont été justifiés en rétrogradant les victimes à un statut sous-humain, pour servir une cause: une cause économique pour les propriétaires d'esclaves, la cause «de la patrie» pour les Nazis, et la cause de «la libération de la femme» et de la commodité, pour le monde industrialisé et moderne accroc au sexe, qui inflige maintenant l'avortement sur les pays en voie de développement, afin d'apaiser les consciences, sous le prétexte condescendant «d'aider les pauvres».

La question est, à quelle autorité morale Amnistie International fait-il appel en justifiant une telle décision? Un «climat d'opinion» selon lequel l'avortement est «nécessaire» pour protéger les femmes? Si oui, qui va protéger les femmes contre les avorteurs? Comment Amnistie International va-t-il continuer à défendre (comme il l'a fait jusqu'ici, admirablement) les femmes qu'on force à se faire avorter en Chine, lorsque le gouvernement chinois va se retourner et prétendre, «Nous ne faisons qu'appliquer les droits de la femme, que vous avez vous-même proclamé». Ou, «Nous ne faisons que protéger nos droits de l'homme en tant que nation, en évitant la surpopulation». Si l'immoralité intrinsèque de l'avortement est inversée en la tranformant en droit de l'homme, quel sera l'argument d'Amnistie International pour défendre ces femmes?

L'ordre du jour de l'avortement va main dans la main avec les forces de la tyrannie dans le monde. Je me souviens des effectifs de la Ligue Marxiste-Léniniste qui hurlaient à tue-tête en plein visage des gens pro-vie dans les rues de Boston. C'était bien normal que les gens pro-avortement fassent cause commune avec les adhérents de l'idéologie qui a réduit en esclavage la moitié du monde pendant 70 ans.

De plus, ceux qui crient le plus fort pour que l'avortement soit déclaré un «droit de l'homme» sont ceux qui en profitent: Planned Parenthood, Marie Stopes et leurs petits copains au United Nations Population Fund (UNFPA) et les brutes maléfiques du Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination against Women (CEDAW) qui est au service, non pas des femmes, mais d'une idéologie extrême.

Pour faire leur travail, Amnistie International devrait se tenir loin de ces gens. (Les filles au CEDAW ont sérieusement proposé d'exiger que les religions du monde changent leurs textes sacrés pour se conformer aux normes du CEDAW sur ce qu'elles considèrent comme discriminatoire ou non envers les femmes.)

Il devrait être très clair pour tous dans l'Occident que le libéralisme moderne est ennemi du catholicisme - on le voit durant chaque année électorale - et c'est un libéralisme qui façonne la culture gauchiste moderne de la protestation. Aux États-Unis, par exemple, on ne peut pas être un libéral en règle si on est pro-vie, et on ne peut pas être catholique en règle si on n'est pas pro-vie, quelle que soit la manière qu'on tente de regarder les choses.

L'assujetissement de la moralité authentique à l'identité politique (droite/gauche, etc.) et la nature impérative du besoin d'être identifié avec le «politiquement correcte» est une forme d'hypocrisie morale laïque - la moralité fondée non pas sur la Loi divine, mais sur les caprices et la mode politique, ou l'intolérance déguisée en tolérance, le mal qui se fait passer pour le bien.

L'Agence catholique de nouvelles (CNA) rapporte le 5 mai une réaction à la proposition d'Amnistie International, par le Père Joaquin Alliende du Chili, l'assistant ecclésiastique de l'Agence catholique Aide à l'Église en détresse (ACN).

Alliende a dit, «C'est avec grand regret que nous avons appris que Amnistie International avait proposé de promouvoir le "droit" à l'avortement dans le monde comme nouvelle mission pour leur organisme». Il poursuit, «Amnistie International a mérité une réputation élevée pour ses efforts intensifs en vue d'obtenir la libération de prisonniers de conscience. L'ACN, une oeuvre caritative qui est souvent aussi "une voix pour les sans-voix", apprécie beaucoup cet engagement moral d'Amnistie International».

Toutefois, il dit: «Maintenant, en proposant une initiative pro-avortement, Amnistie International abandonne ses propres principes éthiques nobles, ébranlant ainsi les fondements même sur lesquels il est bâti; pour la simple raison que la vie à naître dans l'utérus de la mère est le plus faible des hommes menacés et persécutés. Ainsi, le jour où cette initiative a été lancée devient un jour de deuil pour tous ceux qui sont inconditionnellement engagés à l'humanisme vrai».

Si Amnistie International choisissait de prétendre que l'avortement est un «droit humain» universel, ce serait une décision politique, non morale - en fait ce serait une décision immorale, et il renoncerait à sa crédibilité comme «voix des sans-voix». Il ne ferait qu'ajouter au tapage politique qui étouffe la voix des enfants à naître impuissants - et qui étouffe aussi la voix de la raison.

Pour être philosophiquement et moralement cohérent, Amnistie International devrait cesser de s'asseoir sur la clôture politique, et se joindre au mouvement pro-vie international. Autrement, le destin de l'enfant à naître comme prisonnier politique dans l'utérus, qu'on peut arbitrairement exécuter par caprice, sera fixé encore plus irrévocablement.

Copyright © 2006 John Mallon. Première publication dans le numéro de juin-juillet de la revue Inside the Vatican.

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