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Du pouvoir de juger de la validité d'un pontificat

Mgr Athanasius Schneider.
Mgr Athanasius Schneider.
[Source]

Remarque: Ceci est ma critique d'un article de Mgr Athanasius Schneider, qu'il a publié le 18 septembre 2023 sur son site Internet. Veuillez noter que c'est la première fois que je suis en désaccord avec Mgr Schneider. Jusqu'à présent, je l'avais toujours encouragé, c'est pourquoi son article m'a surpris.

[Jaune] Nul dans l'Église n'a le pouvoir de considérer ou de déclarer un pape élu et généralement accepté comme étant un pape invalide.

Si par «élu» nous entendons réellement élu, validement élu, j'aurais tendance à être d'accord. Si par «élu» nous entendons par exemple «soi-disant élu, après un conclave invalide», alors il semble y avoir un problème, du moins selon le Pape Saint Jean-Paul II:

Si l'élection était faite d'une manière différente de ce qui est prescrit dans la présente Constitution ou que les conditions fixées ici n'aient pas été observées, l'élection est par le fait même nulle et non avenue, sans qu'il y ait besoin d'aucune déclaration à ce sujet, et, donc, elle ne donne aucun droit à la personne élue.
[Universi Dominici Gregis, N° 76, mes italiques]

Remarquez que Saint Jean-Paul II dit: «sans qu'il soit nécessaire de faire une déclaration en la matière», et Schneider parle de «considérer ou déclarer». Intéressant.

De plus, tout au long de cet article, Schneider suppose constamment que nous parlons d'un vrai pape, qui a commencé son pontificat en tant que vrai-de-vrai pape, puis quelque chose aurait mal tourné. Mais le cas qui m'intéresse le plus est celui où un imposteur n'est jamais vraiment devenu pape, et a été dès le départ un anti-pape. Peut-être que Schneider a évoqué ce cas ailleurs, je ne sais pas. Mais gardez en tête que même si nous sommes apparemment tout-à-fait en désaccord, peut-être qu'au fond, nous sommes tous les deux plutôt d'accord, et nous parlons simplement de deux choses très différentes.

[Jaune] Il ressort clairement de la pratique constante de l'Église que même si une élection papale était invalide, elle serait de facto guérie grâce à l'acceptation générale des nouveaux élus par l'écrasante majorité des cardinaux et des évêques.

«Une pratique constante»? Vous voulez dire qu'il arrive souvent que les conclaves ne soient pas valides? Les évêques catholiques ont-ils toujours été comme une bande de clowns en état d'ébriété avec des abeilles dans leurs bobettes, incapables même d'accomplir une tâche simple comme voter sur des morceaux de papier, puis compter quel type a obtenu le plus de morceaux de papier? Combien de conclaves y a-t-il eu au cours des deux millénaires d'histoire de l'Église, et combien n'ont pas été valides? (Honnêtement, je ne sais pas; je suis curieux.)

Je me pose également des questions sur cette «majorité écrasante». Aujourd'hui, l'écrasante majorité des évêques raconte à l'Humanité ce que le Serpent a dit à Ève, fait l'éloge des politiciens tueurs de bébés qui se prétendent «catholiques», s'en prend à la Messe catholique éternelle, participe activement à l'instauration d'une tyrannie communiste mondiale, etc.

Si la majorité de nos évêques «catholiques» ne causaient pas constamment scandale en collaborant ouvertement avec Satan, les choses seraient bien plus simples. Mais ces jours-ci, il semble que la plupart des évêques ont tout bêtement perdu la Foi catholique et s'efforcent de détruire ce qui reste de l'Église catholique pour la remplacer par l'anti-Église.

[Rouge] Même si un pape était hérétique, il ne perdrait pas automatiquement sa fonction,

À mes oreilles pieuses, ça sonne bizarre. Si un pilote de ligne décidait d'éviter la destination et décidait plutôt de plonger sur une montagne pour tuer tout le monde (oui, malheureusement, cela s'est produit dans la vraie vie), devrions-nous continuer à le considérer comme le pilote?

Pensez-y. Qu'est-ce qu'un hérétique? Un hérétique dit-il des choses comme: «Je rejette cet enseignement éternel de l'Église catholique, mais s'il-vous-plaît, ne m'écoutez pas! ne me suivez pas! Je veux juste qu'on me laisse tranquille, afin de pouvoir me vautrer tranquillement dans mon hérésie». Je n'ai jamais entendu parler d'une telle chimère. Tous les hérétiques tentent de convaincre tout le monde de les suivre. Tous les hérétiques condamnent comme faux tout enseignement de l'Église auquel ils s'opposent. Tous les hérétiques tentent de consacrer leur erreur afin qu'elle se perpétue (par exemple, ils écrivent des livres enseignant leur erreur, ils attaquent et tuent souvent ceux qui défendent la position de l'Église, certains inventent même de nouvelles religions).

Alors, un pape qui déciderait de devenir un anti-pape et d'entraîner toute l'Église en Enfer serait encore pape? Comment est-ce même possible? Tous les hérétiques ne sont-ils pas automatiquement excommuniés?

L'apostat de la foi, l'hérétique ou le schismatique encourent une excommunication latae sententiae
[Canon 1364]

Notez ici également que le Code de droit canonique ne mentionne rien sur la nécessité d'une déclaration à ce sujet. Vous êtes viré. Vous êtes dehors. Goodbye.

[Vert] et il n'y a personne au sein de l'Église pour le déclarer destitué pour cause d'hérésie. De telles actions s'approcheraient d'une sorte d'hérésie du conciliarisme ou de l'épiscopalisme. Selon ces hérésies, il existe un organe au sein de l'Église (concile oecuménique, synode, collège des cardinaux, collège des évêques) qui peut rendre un jugement juridiquement contraignant sur le Pontife romain.

Comme je l'ai dit plus haut, le cas qui m'intéresse le plus est celui où un mec n'est jamais vraiment devenu le véritable Pontife romain. Le cas d'un vrai pape devenant hérétique est plus compliqué, car le Saint-Esprit est censé accorder une protection négative surnaturelle au pape. On m'a toujours dit que le Saint-Esprit ne garantit pas qu'un Pape dira les choses qu'il devrait dire, mais le Saint-Esprit est censé empêcher le Pape de dire officiellement des choses qu'il ne devrait PAS dire.

Donc si nous parlons d'un vrai pape, qui n'est pas un hérétique, alors oui. Le pape n'est pas un employé d'un conseil d'administration qui peut le congédier. Un vrai pape ne peut pas être destitué par le vote d'un sous-groupe de catholiques (comme les cardinaux), ni même de tous les catholiques.

Je suis quand même curieux. En décidant de devenir hérétique, ce gars ne se ficherait-il pas lui-même à la porte? S'il s'excommunie (voir ci-dessus), n'est-il pas celui qui se jette lui-même hors de l'Église catholique?

[Vert] La théorie de la perte automatique de la papauté pour cause d'hérésie n'est qu'une opinion; même saint Robert Bellarmin l'a noté et ne l'a pas présenté comme un enseignement du Magistère. Le Magistère papal éternel n'a jamais enseigné cela comme doctrine.

J'aurais tendance à être d'accord avec Schneider ici aussi, mais j'aurais aussi tendance à faire attention à son «seulement une opinion». Par exemple, actuellement, il n'a pas encore été déclaré dogmatiquement que Judas est en enfer, on pourrait donc dire que ce n'est qu'une «opinion» (même si bien sûr Judas est en Enfer). Comme autre exemple, certains auraient pu affirmer que l'Assomption de la Vierge Marie n'était qu'une «opinion» avant d'être déclarée ex cathedra.

Nous devons nous pencher sur l'histoire de l'Église et examiner ce qui a été dit au cours de ces deux mille ans environ, à propos du thème de la perte automatique de la papauté. Ici, je dois admettre mon ignorance. Je ne lis ni le latin ni le grec, je n'ai pas de diplôme universitaire de haut niveau et je n'ai pas étudié les Pères de l'Église au cours des 40 dernières années de ma vie, contrairement à tout érudit qui se respecte.

Cela étant dit, il semble que la majorité historique soit favorable à «la perte automatique de la papauté pour cause d'hérésie». (Personnellement, l'argument que je trouve le plus fort est simplement le gros bon sens noté ci-dessus.)

[Vert] En 1917, lors de l'entrée en vigueur du Code de droit canonique (Codex Iuris Canonici), le Magistère de l'Église a éliminé de la nouvelle législation une remarque du Decretum Gratiani contenu dans l'ancien Corpus Iuris Canonici, qui stipulait qu'un pape qui s'écarte de la bonne doctrine peut être déposé. Jamais dans l'histoire de l'Église le Magistère n'a prévu de procédures canoniques pour la déposition d'un pape hérétique. L'Église n'a aucun pouvoir sur le pape, formellement ou juridiquement.

Oui, mais qu'arrive-t-il si ce type n'est pas le Pape?

[Rouge] Selon une tradition catholique plus sûre, dans le cas d'un pape hérétique, les membres de l'Église peuvent l'éviter, lui résister et refuser de lui obéir.

Hummm, quelle tradition? J'ai envie de citer ici un peu de savoir véritablement traditionnel:

Quod gratis asseritur, gratis negatur.
(«Ce qui est affirmé sans preuves, peut être rejeté sans preuves.»)
[Source]

Je ne suis pas théologien, mais j'ai lu quelques livres de théologie au fil des années et je n'ai jamais rencontré quelque chose comme: «Si vous vous adonnez à être plus catholique que le Pape, procédez ainsi».

[Vert] Tout cela peut être fait sans qu'il soit nécessaire d'avoir une théorie ou une opinion selon laquelle un pape hérétique perd automatiquement sa fonction ou peut être destitué.

Oui, vous pouvez continuer, avec vos lèvres, à l'appeler «le Pape», tout en le traitant, par vos actes, exactement comme s'il était un anti-Pape. C'est mentalement illogique, mais cela peut physiquement être fait.

Si vous me demandiez des conseils sur la manière de se comporter avec un ayatollah musulman par exemple, je commencerais ma réponse comme Schneider: «évitez-le, résistez-lui et refusez de lui obéir». Mais j'ajouterais encore une chose: «Dénoncez-le; appelez un chat un chat et le chef d'une fausse religion, le chef d'une fausse religion. Ne prétendez pas qu'il est le véritable chef d'une religion fondée par Dieu».

[Rouge] Donc, il faut suivre la voie la plus sûre (via tutior) et s'abstenir de défendre la simple opinion des théologiens, même celle de saints comme Robert Bellarmin.

Un peu étrange. Après avoir insisté sur le fait que la perte automatique de la charge papale en cas d'hérésie n'a jamais fait l'objet d'une déclaration officielle du Magistère, Schneider évite ensuite soigneusement de citer UNE QUELCONQUE source au cours des deux mille ans d'enseignement catholique qui prétendrait le contraire, c'est-à-dire qu'un hérétique PEUT être Pape. Autrement dit, le débat est toujours ouvert. L'Église n'a pas clos le débat. Alors, dans ce cas, ne devrions-nous pas suivre la tradition, qui nous dit:

In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas
[Source]

Schneider ne devrait-il pas dire des choses comme: «Ceci est MON opinion, mais l'Église dit que vous êtes actuellement libres d'avoir VOTRE opinion, puisqu'elle a évité de clore le débat»?

Je répèterais également que, à supposer que le débat soit encore ouvert, les deux côtés de la balance ne semblent néanmoins pas égaux. D'après ce que je peux voir, l'opinion la plus fréquente («sententia communior») est qu'un hérétique perdrait automatiquement la fonction papale.

[Vert] Le pape ne peut pas commettre d'hérésie lorsqu'il parle ex cathedra; c'est un dogme de Foi. Cependant, dans son enseignement en dehors des déclarations ex cathedra, il peut faire des déclarations doctrinales erronées, ambiguës, voire hérétiques.

Bien sûr, je suis d'accord. Mais Schneider n'est-il pas ici un peu ratoureux? Il écrit en septembre 2023. Il n'a pas seulement décidé d'écrire son article parce qu'il n'avait rien à faire ce jour-là, puisqu'il avait arrosé toutes les plantes de son jardin et fini de tondre la pelouse et qu'il avait enfin trouvé le temps d'affûter son sécateur. Il écrit cet article parce que beaucoup disent que François (Jorge Mario Bergoglio) est un anti-pape, pas un vrai pape.

Ce qui est encore plus important, c'est que l'anti-pape François a depuis longtemps cessé de s'exprimer «en dehors des déclarations ex cathedra» (appelées de manière hilarante «ex aeroplano»).

[Jaune] Et puisque le pape n'est pas identique à l'Église entière,

Je ne sais pas comment interpréter cela. Le catholicisme a toujours donné beaucoup d'autorité au Pape, même au Pape seul §882, §891, etc.)

[Rouge] l'Église est plus forte qu'un seul pape égaré ou hérétique.

Comme Ann Barnhardt le rappelle abondamment à tout le monde, si vous acceptez une erreur au début de votre processus de réflexion, vous devrez accepter toutes sortes de conséquences étranges de cette erreur. Si vous insistez pour appeler Bergoglio le «pape», alors, au lieu que le Pape soit le Rocher sur lequel l'Église est bâtie, le «pape» peut devenir notre ennemi, quelqu'un à qui nous devons refuser d'obéir, quelqu'un dont nous devons nous séparer! Autrement dit, être d'accord avec Schnieder transforme les bons catholiques en protestants! Ça ne sent pas bon...

[Vert] Dans un tel cas, il faut le corriger respectueusement (en évitant la colère purement humaine et les propos irrespectueux)

Bien sûr, nous devons aimer nos ennemis, c'est pourquoi nous devons toujours être respectueux, même envers le susmentionné Ayatollah.

[Rouge] et lui résister comme on résisterait à un mauvais père de famille.

Votre père est toujours votre père, à cause de la biologie. Un pape n'est pas biologiquement un pape. La papauté est une «fonction» ou «office» («munus» en latin; oui, j'ai vérifié la version latine du Catéchisme de l'Église catholique). Vous ne pouvez pas abdiquer de votre biologie. Vous pouvez abdiquer la papauté, en utilisant un acte libre et conscient. Mais devenir un hérétique obstiné, n'est-ce pas aussi un acte libre et conscient?

[Vert] Pourtant, les membres de la famille ne pourraient jamais déclarer qu'il a automatiquement perdu sa paternité ou qu'il a été démis de ses fonctions de père. Ils peuvent le corriger, refuser de lui obéir, se séparer de lui, mais ils ne peuvent pas le déclarer destitué.

Oui, parce que la Biologie n'obéit pas à nos actes libres et conscients (sinon je perdrais du poids
TOUT DE SUITE!:-)

La papauté n'est pas causée par les chromosomes.

[Vert] Les bons catholiques connaissent la vérité et doivent la proclamer et offrir réparation pour les erreurs d'un pape erroné.

Oui, quand quelqu'un enseigne des erreurs, nous devons proclamer la vérité. Oui, offrir réparation pour nos péchés et ceux des autres est toujours une bonne chose. Mais je grince encore des dents lorsque j'entends des expressions comme «eau déshydratée», ou «carré circulaire» ou «pape hérétique».

[Jaune] Puisque le cas d'un pape hérétique est humainement insoluble,

Selon l'opinion de Schneider, avec laquelle nous sommes libres de ne pas être en accord puisque le Magistère n'a pas clos ce débat.

[Vert] nous devons, avec une foi surnaturelle, implorer l'intervention de Dieu. Car un pape erroné n'est pas éternel, et l'Église n'est pas entre nos mains mais entre les mains de Dieu Tout-Puissant.

[Vert] Nous devons nous accrocher à une Foi, une confiance, une humilité et un amour surnaturels pour la Croix afin de supporter une épreuve aussi formidable et extraordinaire. Ces situations sont relativement brèves en comparaison des 2000 ans d'histoire de l'Église. Nous ne devons donc pas céder à des réactions trop humaines et à des solutions apparemment faciles en

[Rouge] déclarant l'invalidité d'un pontificat,

Là encore, Schneider commence par supposer que Bergoglio était autrefois un vrai pape, ce qui, je pense, n'a jamais été le cas. Il n'y a pas de pontificat sans pape. Un imposteur n'a pas de pontificat.

Aussi, pourquoi toujours bondir directement aux déclarations? Pourquoi ne pas demander une enquête? Il semble y avoir de nombreux éléments sur lesquels enquêter, à la fois sur l'étrange tentative d'abdication partielle de Benoît XVI et sur le conclave qui a suivi, soi-disant criblé d'irrégularités.

Et tandis que nous enquêtons avant de déclarer, j'imagine que toute cette histoire de «pape hérétique» mérite également plus de réflexion.

[Vert] mais soyez plutôt sobre et alerte, gardez une vision véritablement surnaturelle et faites confiance à l'intervention divine et à l'indestructibilité de l'Église catholique.

+ Athanasius Schneider


Alors, que penser de cet article de Schneider? Je trouve ça un peu rigolo que Schneider nous demande d'être courageux, de résister et de désobéir, mais lui-même n'a même pas le courage d'admettre qu'il y a un éléphant dans la sacristie, que cet éléphant s'appelle Bergoglio, et que Bergoglio est un hérétique pestiféré qui a été automatiquement excommunié il y a belle lurette.

C'est d'autant plus drôle que la page d'accueil de son site Internet dit: «Encouragements de la part du Berger du Kazakhstan». Au moins, Schneider aurait pu nous donner, à nous les pauvres fidèles, l'encouragement d'entendre un évêque dire à haute voix ce que sentent déjà la plupart des vrais catholiques: Bergoglio n'est qu'un mauvais vieux protestant libéral avec une excellente agence de Relations Publiques.

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