Adorons Jésus-Eucharistie! | Accueil >> Varia >> Livres >> Table des matières
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§100
La charge d'interpréter authentiquement la Parole de Dieu a été confiée au seul
Magistère de l'Église, au Pape et aux évêques en communion avec lui.
La Sainte ÉCRITURE
I. Le Christ -- Parole unique de l'Écriture Sainte
§101
Dans la condescendance de
sa bonté, Dieu, pour se révéler aux hommes, leur parle en paroles
humaines: «En effet, les paroles de Dieu, exprimées en langues
humaines, ont pris la ressemblance du langage humain, de même que le Verbe du
Père éternel, ayant assumé l'infirmité de notre chair, est devenu semblable aux
hommes» (DV 13).
§102
A travers toutes les
paroles de l'Écriture Sainte, Dieu ne dit qu'une seule Parole, son Verbe unique
en qui Il se dit tout entier (cf. He 1, 1-3):
Rappelez-vous que c'est une même Parole de Dieu qui s'étend dans toutes les Écritures, que c'est un même Verbe qui résonne dans la bouche de tous les écrivains sacrés, lui qui, étant au commencement Dieu auprès de Dieu, n'y a pas besoin de syllabes parce qu'il n'y est pas soumis au temps (S. Augustin, Psal. 103, 4, 1: PL 37, 1378).
§103
Pour cette raison, l'Église
a toujours vénéré les divines Écritures comme elle vénère aussi le Corps du
Seigneur. Elle ne cesse de présenter aux fidèles le Pain de vie pris sur la
Table de la Parole de Dieu et du Corps du Christ (cf. DV 21).
§104
Dans l'Écriture Sainte,
l'Église trouve sans cesse sa nourriture et sa force (cf. DV 24), car en elle,
elle n'accueille pas seulement une parole humaine, mais ce qu'elle est
réellement: la Parole de Dieu (cf. 1 Th 2, 13). «Dans les
Saints livres, en effet, le Père qui est aux Cieux vient avec tendresse
au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux» (DV 21).
II. Inspiration et vérité de la Sainte Écriture
§105
Dieu est l'Auteur de l'Écriture
Sainte.«La vérité divinement révélée, que contiennent et
présentent les livres de la Sainte Écriture, y a été consignée sous
l'inspiration de l'Esprit Saint».
«Notre Sainte Mère l'Église, de par sa foi apostolique, juge sacrés et canoniques tous les livres tant de l'Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l'inspiration de l'Esprit Saint ils ont Dieu pour auteur et qu'ils ont été transmis comme tels à l'Église elle-même» (DV 11).
§106
Dieu a inspiré les auteurs humains des
livres sacrés. «En vue de composer ces livres sacrés,
Dieu a choisi des hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs
facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils
missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et
cela seulement» (DV 11).
§107
Les livres inspirés enseignent la
vérité. «Dès lors, puisque toutes les assertions des
auteurs inspirés ou hagiographes doivent être tenues pour assertions de
l'Esprit Saint, il faut déclarer que les livres de l'Écriture enseignent
fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée
pour notre salut dans les Lettres sacrées» (DV 11).
§108
Cependant, la foi
chrétienne n'est pas une «religion du Livre». Le
christianisme est la religion de la «Parole» de Dieu,
«non d'un verbe écrit et muet, mais du Verbe incarné et
vivant» (S. Bernard, hom. miss. 4, 11: Opera, ed. J. Leclercq-H. Rochais, v. 4 [Romae 1966] p. 57). Pour
qu'elles ne restent pas lettre morte, il faut que le Christ, Parole éternelle
du Dieu vivant, par l'Esprit Saint nous «ouvre l'esprit à
l'intelligence des Écritures» (Lc 24, 45).
III. L'Esprit Saint, interprète de l'Écriture
§109
Dans l'Écriture Sainte,
Dieu parle à l'homme à la manière des hommes. Pour bien interpréter l'Écriture,
il faut donc être attentif à ce que les auteurs humains ont vraiment voulu
affirmer et à ce que Dieu a bien voulu nous manifester par leurs paroles (cf.
DV 12, § 1).
§110
Pour découvrir l'intention
des auteurs sacrés, il faut tenir compte des conditions de leur temps et de
leur culture, des «genres littéraires» en usage à cette
époque, des manières de sentir, de parler et de raconter courantes en ce
temps-là. «Car c'est de façon bien différente que la vérité se
propose et s'exprime en des textes diversement historiques, en des textes, ou
prophétiques, ou poétiques, ou même en d'autres genres d'expression»
(DV 12, § 2).
§111
Mais puisque l'Écriture
Sainte est inspirée, il y a un autre principe de l'interprétation juste, non
moins important que le précédent, et sans lequel l'Écriture demeurerait lettre
morte: «La Sainte Écriture doit être lue et interprétée à la
lumière du même Esprit qui la fit rédiger» (DV 12, § 3).
Le Concile Vatican II indique trois critères pour une interprétation de l'Écriture conforme à l'Esprit qui l'a inspirée (cf. DV 12, § 3):
§112
1. Porter une
grande attention «au contenu et à l'unité de toute
l'Écriture». En effet, aussi différents que soient les livres
qui la composent, l'Écriture est uneen raison de l'unité du dessein de Dieu,
dont le Christ Jésus est le centre et le coeur, ouvert depuis sa Pâque (cf. Lc
24, 25-27. 44-46).
Le coeur (cf. Ps 22, 15) du Christ désigne la Sainte Écriture qui fait connaître le coeur du Christ. Ce coeur était fermé avant la passion car l'Écriture était obscure. Mais l'Écriture a été ouverte après la passion, car ceux qui désormais en ont l'intelligence considèrent et discernent de quelle manière les prophéties doivent être interprétées (cf. S. Thomas d'A., Psal. 21, 11).
§113
2. Lire ensuite
l'Écriture dans «la Tradition vivante de toute l'Église».
Selon un adage des Pères, la Sainte Écriture se lit bien plus dans le coeur de
l'Église que dans les moyens matériels de son expression. En effet, l'Église
porte dans sa Tradition la mémoire vivante de la Parole de Dieu, et c'est
l'Esprit Saint qui lui donne l'interprétation spirituelle de l'Écriture
(«... selon le sens spirituel dont l'Esprit gratifie
l'Église «: Origène, hom. in Lev. 5, 5).
§114
3. Être attentif
«à l'analogie de la foi» (cf. Rm 12, 6). Par
«analogie de la foi» nous entendons la cohésion des
vérités de la foi entre elles et dans le projet total de la Révélation.
Les sens de l'Écriture
§115
Selon une ancienne tradition, on
peut distinguer deux sens de l'Écriture: le sens littéral et le
sens spirituel, ce dernier étant subdivisé en sens allégorique, moral et
anagogique. La concordance profonde des quatre sens assure toute sa richesse à
la lecture vivante de l'Écriture dans l'Église:
§116
Le sens littéral. C'est le
sens signifié par les paroles de l'Écriture et découvert par l'exégèse qui suit
les règles de la juste interprétation «Tous les sens de la Sainte
Ecriture trouvent leur appui dans le sens littéral» (S. Thomas d'A.,
s. th. 1, 1, 10, ad 1).
§117
Le sens spirituel. Grâce à
l'unité du dessein de Dieu, non seulement le texte de l'Écriture, mais aussi
les réalités et les événements dont il parle peuvent être des signes.
1) Le sens allégorique. Nous pouvons acquérir une compréhension plus profonde des événements en reconnaissant leur signification dans le Christ; ainsi, la traversée de la Mer Rouge est un signe de la victoire du Christ, et ainsi du Baptême (cf. 1 Co 10, 2).
2) Le sens moral. Les événements rapportés dans l'Écriture peuvent nous conduire à un agir juste. Elles ont été écrites «pour notre instruction» (1 Co 10, 11; cf. He 3 -- 4, 11).
3) Le sens anagogique. Nous pouvons voir des réalités et des événements dans leur signification éternelle, nous conduisant (en grec: anagoge) vers notre Patrie. Ainsi, l'Église sur terre est signe de la Jérusalem céleste (cf. Ap 21, 1 -- 22, 5).
§118
Un distique médiéval résume la
signification des quatre sens: Le sens littéral enseigne les événements,
l'allégorie ce qu'il faut croire, le sens moral ce qu'il faut faire, l'anagogie
vers quoi il faut tendre (Augustin de Dace, Rotulus pugillaris, I:
ed. A. Walz,
Angelicum 6 [1929] 256).
§119
«Il appartient
aux exégètes de s'efforcer, suivant ces règles, de pénétrer et d'exposer plus
profondément le sens de la Sainte Écriture, afin que, par leurs études en
quelque sorte préparatoires, mûrisse le jugement de l'Église. Car tout ce qui
concerne la manière d'interpréter l'Écriture est finalement soumis au jugement
de l'Église, qui exerce le ministère et le mandat divinement reçus de garder la
parole de Dieu et de l'interpréter» (DV 12, 3):
Je ne croirais pas à l'Évangile, si l'autorité de l'Église catholique ne m'y poussait (S. Augustin, fund. 5, 6: PL 42, 176).
IV. Le Canon des Écritures
§120
C'est la Tradition
apostolique qui a fait discerner à l'Église quels écrits devaient être comptés
dans la liste des Livres Saints (cf. DV 8, 3). Cette liste intégrale est
appelée «Canon» des Écritures. Elle comporte pour
l'Ancien Testament 46 (45, si l'on compte Jr et Lm ensemble) écrits et 27 pour
le Nouveau (cf. DS 179; 1334-1336; 1501-1504):
Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Josué, Juges, Ruth, les deux livres de Samuel, les deux livres des Rois, les deux livres des Chroniques, Esdras et Néhémie, Tobie, Judith, Esther, les deux livres des Maccabées, Job, les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse, l'Ecclésiastique, Isaïe, Jérémie, les Lamentations, Baruch, Ezéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Agée, Zacharie, Malachie pour l'Ancien Testament;
les Évangiles de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean, les Actes des Apôtres, les Épîtres de S. Paul aux Romains, la première et la deuxième aux Corinthiens, aux Galates, aux Ephésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, la première et la deuxième aux Thessaloniciens, la première et la deuxième à Timothée, à Tite, à Philémon, l'Épître aux Hébreux, l'Épître de Jacques, la première et la deuxième de Pierre, les trois Épîtres de Jean, l'Épître de Jude et l'Apocalypse pour le Nouveau Testament.
L'Ancien Testament
§121
L'Ancien Testament est une
partie inamissible de l'Écriture Sainte. Ses livres sont divinement inspirés et
conservent une valeur permanente (cf. DV 14) car l'Ancienne Alliance n'a jamais
été révoquée.
§122
En effet, «l'Économie de l'Ancien Testament avait pour principale raison d'être de
préparer l'avènement du Christ Sauveur du monde». «Bien qu'ils contiennent de
l'imparfait et du provisoire», les livres de l'Ancien Testament témoignent de toute
la divine pédagogie de l'amour salvifique de Dieu: «En eux se trouvent de sublimes
enseignements sur Dieu, une bienfaisante sagesse sur la vie humaine, d'admirables
trésors de prière; en eux enfin se tient caché le mystère de notre salut» (DV 15).
§123
Les chrétiens vénèrent l'Ancien Testament comme vraie Parole de Dieu. L'Église a
toujours vigoureusement repoussé l'idée de rejeter l'Ancien Testament sous prétexte
que le Nouveau l'aurait rendu caduc (Marcionisme).
Le Nouveau Testament
§124
«La Parole de Dieu qui est une force divine pour le salut de tout croyant, se
présente dans les écrits du Nouveau Testament et sa puissance s'y manifeste de façon
singulière» (DV 17). Ces écrits nous livrent la vérité définitive de la Révélation
divine. Leur objet central est Jésus-Christ, le Fils de Dieu incarné, ses actes, ses
enseignements, sa passion et sa glorification ainsi que les débuts de son Église sous
l'action de l'Esprit Saint (cf. DV 20).
§125
Les Évangiles sont
le coeur de toutes les Écritures «en tant qu'ils constituent le
témoignage par excellence sur la vie et sur l'enseignement du Verbe incarné,
notre Sauveur» (DV 18).
§126
Dans la formation des Évangiles
on peut distinguer trois étapes:
§1
. La vie et
l'enseignement de Jésus. L'Église tient fermement que les quatre Évangiles,
«dont elle affirme sans hésiter l'historicité, transmettent
fidèlement ce que Jésus le Fils de Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a
réellement fait et enseigné pour leur salut éternel, jusqu'au jour où il fut
enlevé au ciel».
§2
. La
tradition orale. «Ce que le Seigneur avait dit et fait, les
apôtres après son Ascension le transmirent à leurs auditeurs avec cette
intelligence plus profonde des choses dont eux-mêmes, instruits par les
événements glorieux du Christ et éclairés par l'Esprit de vérité, jouissaient».
§3
. Les
Évangiles écrits. «Les auteurs sacrés composèrent donc les
quatre Évangiles, choisissant certains des nombreux éléments soit oralement
soit déjà par écrit, rédigeant un résumé des autres, ou les expliquant en
fonction de la situation des Églises, gardant enfin la forme d'une prédication,
de manière à nous livrer toujours sur Jésus des choses vraies et
sincères» (DV 19).
§127
L'Évangile quadriforme
occupe dans l'Église une place unique, témoins la vénération dont l'entoure la
liturgie et l'attrait incomparable qu'il a exercé de tout temps sur les
saints:
Il n'y a aucune doctrine qui soit meilleure, plus précieuse et plus splendide que le texte de l'Évangile. Voyez et retenez ce que notre Seigneur et Maître, le Christ, a enseigné par ses paroles et réalisé par ses actes (Ste Césarie la Jeune, Rich.: SC 345, 480).
C'est par-dessus tout l'Évangile qui m'entretient pendant mes oraisons; en lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre âme. J'y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux (Ste. Thérèse de l'Enfant-Jésus, ms. autob. A 83v).
L'unité de l'Ancien et du Nouveau Testament
§128
L'Église, déjà aux temps
apostoliques (cf. 1 Co 10, 6. 11; He 10, 1; 1 P 3, 21), et puis constamment
dans sa Tradition, a éclairé l'unité du plan divin dans les deux Testaments
grâce à la typologie. Celle-ci discerne dans les oeuvres de Dieu dans
l'Ancienne Alliance des préfigurations de ce que Dieu a accompli dans la
plénitude des temps, en la personne de son Fils incarné.
§129
Les chrétiens lisent donc
l'Ancien Testament à la lumière du Christ mort et ressuscité. Cette lecture
typologique manifeste le contenu inépuisable de l'Ancien Testament. Elle ne
doit pas faire oublier qu'il garde sa valeur propre de Révélation que Notre
Seigneur lui-même a réaffirmée (cf. Mc 12, 29-31). Par ailleurs, le Nouveau
Testament demande d'être lu aussi à la lumière de l'Ancien. La catéchèse
chrétienne primitive y aura constamment recours (cf. 1 Co 5, 6-8; 10,
1-11). Selon un vieil adage, le Nouveau Testament est caché dans l'Ancien,
alors que l'Ancien est dévoilé dans le Nouveau: «Le Nouveau se
cache dans l'Ancien et dans le Nouveau l'Ancien se dévoile» (S. Augustin,
Hept. 2, 73: PL 34, 623; cf. DV 16).
§130
La typologie signifie le
dynamisme vers l'accomplissement du plan divin quand «Dieu sera tout
en tous» (1 Co 15, 28). Aussi la vocation des patriarches et l'Exode
de l'Égypte, par exemple, ne perdent pas leur valeur propre dans le plan de
Dieu, du fait qu'ils en sont en même temps des étapes intermédiaires.
V. La Sainte Écriture dans la vie de l'Église
§131
«La force et la puissance
que recèle la Parole de Dieu sont si grandes qu'elles constituent, pour
l'Église, son point d'appui et sa vigueur et, pour les enfants de l'Église, la
force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de
leur vie spirituelle» (DV 21). Il faut «que l'accès à la
Sainte Écriture soit largement ouvert aux chrétiens» (DV 22).
§132
«Que l'étude de
la Sainte Écriture soit donc pour la sacrée théologie comme son âme. Que le
ministère de la Parole, qui comprend la prédication pastorale, la catéchèse, et
toute l'instruction chrétienne, où l'homélie liturgique doit avoir une place de
choix, trouve, lui aussi, dans cette même Parole de l'Écriture, une saine
nourriture et une saine vigueur» (DV 24).
§133
L'Église
«exhorte instamment et spécialement tous les chrétiens (...) à
acquérir, par la lecture fréquente des divines Écritures, 'la science éminente
de Jésus-Christ' (Ph 3, 8). 'En effet, ignorer les Écritures, c'est ignorer le
Christ' (S. Jérôme, Is. prol.: PL 24, 17B)» (DV 25).
EN BREF
§134
Toute l'Écriture divine n'est qu'un
seul livre, et ce seul livre c'est le Christ, «car toute l'Écriture
divine parle du Christ, et toute l'Écriture divine s'accomplit dans le
Christ» (Hugues de Saint Victor, De arca Noe 2,
8: PL 176, 642; cf. ibid. 2, 9: PL 176,
642-643: PL 176, 642C).
§135
«Les Saintes Écritures contiennent la Parole de Dieu et,
puisqu'elles sont inspirées, elles sont vraiment cette Parole» (DV
24).
§136
Dieu est l'Auteur de l'Écriture Sainte en inspirant ses auteurs humains;
Il agit en eux et par eux. Il donne ainsi l'assurance que leurs écrits
enseignent sans erreur la vérité salutaire (cf. DV 11).
§137
L'interprétation des Écritures inspirées doit être avant tout attentive à ce
que Dieu veut révéler par les auteurs sacrés pour notre salut. «Ce
qui vient de l'Esprit, n'est pleinement entendu que par l'action de
l'Esprit» (Origène, hom. in Ex. 4, 5).
§138
L'Église reçoit et vénère comme inspirés les 46 livres de l'Ancien et les 27
livres du Nouveau Testament.
§139
Les quatre Évangiles tiennent une place centrale puisque le Christ Jésus en est
le centre.
§140
L'unité des deux Testaments découle de l'unité du dessein de Dieu et de sa
Révélation.. L'Ancien Testament prépare le Nouveau, alors que celui-ci
accomplit l'Ancien; les deux s'éclairent mutuellement; les deux
sont vraie Parole de Dieu.
§141
«L'Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle l'a
fait pour le Corps même du Seigneur» (DV 21): ces deux
nourrissent et régissent toute la vie chrétienne. «Ta Parole est la
lumière de mes pas, la lampe de ma route» (Ps 119, 105; cf. Is
50, 4).
LA REPONSE DE L'HOMME A DIEU
§142
Par sa révélation,
«provenant de l'immensité de sa charité, Dieu, qui est invisible
s'adresse aux hommes comme à ses amis et converse avec eux pour les inviter à
entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion» (DV
2). La réponse adéquate à cette invitation est la foi.
§143
Par la foi l'homme soumet
complètement son intelligence et sa volonté à Dieu. De tout son être l'homme
donne son assentiment à Dieu révélateur (cf. DV 5). L'Écriture Sainte appelle
«obéissance de la foi» cette réponse de l'homme au Dieu
qui révèle (cf. Rm 1, 5; 16, 26).
JE CROIS
I. L'obéissance de la foi
§144
Obéir (ob-audire)
dans la foi, c'est se soumettre librement à la parole écoutée, parce que sa
vérité est garantie par Dieu, la Vérité même. De cette obéissance, Abraham est
le modèle que nous propose l'Écriture Sainte. La Vierge Marie en est la
réalisation la plus parfaite.
Abraham -- «le père de tous les croyants»
§145
L'Épître aux Hébreux, dans
le grand éloge de la foi des ancêtres, insiste particulièrement sur la foi
d'Abraham: «Par la foi, Abraham obéit à l'appel de
partir vers un pays qu'il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant
où il allait» (He 11, 8; cf. Gn 12, 1-4). Par la foi, il a
vécu en étranger et en pèlerin dans la Terre promise (cf. Gn 23, 4). Par la
foi, Sara reçut de concevoir le fils de la promesse. Par la foi enfin, Abraham
offrit son fils unique en sacrifice (cf. He 11, 17).
§146
Abraham réalise ainsi la
définition de la foi donnée par l'épître aux Hébreux: «La foi
est la garantie des biens que l'on espère, la preuve des réalités qu'on ne voit
pas» (He 11, 1). «Abraham eut foi en Dieu, et ce lui fut
compté comme justice» (Rm 4, 3; cf. Gn 15, 6). Grâce à cette
«foi puissante» (Rm 4, 20), Abraham est devenu «le
père de tous ceux qui croiraient» (Rm 4, 11. 18; cf. Gn 15,
5).
§147
De cette foi, l'Ancien
Testament est riche en témoignages. L'Épître aux Hébreux proclame l'éloge de la
foi exemplaire des anciens «qui leur a valu un bon témoignage»
(He 11, 2. 39). Pourtant, «Dieu prévoyait pour nous un sort
meilleur «: la grâce de croire en son Fils Jésus,
«le chef de notre foi, qui la mène à la perfection» (He
11, 40; 12, 2).
Marie -- «Bienheureuse celle qui a cru»
§148
La Vierge Marie réalise de
la façon la plus parfaite l'obéissance de la foi. Dans la foi, Marie accueillit
l'annonce et la promesse apportées par l'ange Gabriel, croyant que
«rien n'est impossible à Dieu» (Lc 1, 37; cf. Gn
18, 14), et donnant son assentiment: «Je suis la servante du
Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole» (Lc 1, 38). Élisabeth la
salua: «Bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de
ce qui lui a été dit de la part du Seigneur» (Lc 1, 45). C'est pour
cette foi que toutes les générations la proclameront bienheureuse (cf. Lc 1,
48).
§149
Pendant toute sa vie, et
jusqu'à sa dernière épreuve (cf. Lc 2, 35), lorsque Jésus, son fils, mourut sur
la croix, sa foi n'a pas vacillé. Marie n'a pas cessé de croire «en
l'accomplissement» de la parole de Dieu. Aussi bien, l'Église
vénère-t-elle en Marie la réalisation la plus pure de la foi.
II. «Je sais en qui j'ai mis ma foi» (2 Tm 1, 12)
Croire en Dieu seul
§150
La foi est d'abord une adhésion
personnelle de l'homme à Dieu; elle est en même temps, et
inséparablement, l'assentiment libre à toute la vérité que Dieu a révélé.
En tant qu'adhésion personnelle à Dieu et assentiment à la vérité qu'il a
révélé, la foi chrétienne diffère de la foi en une personne humaine. Il est
juste et bon de se confier totalement en Dieu et de croire absolument ce qu'Il
dit. Il serait vain et faux de mettre une telle foi en une créature (cf. Jr 17,
5-6; Ps 40, 5; 146, 3-4).
Croire en Jésus-Christ, le Fils de Dieu
§151
Pour le chrétien, croire en
Dieu, c'est inséparablement croire en Celui qu'Il a envoyé, «son
Fils bien-aimé» en qui Il a mis toute sa complaisance (cf. Mc 1,
11); Dieu nous a dit de L'écouter (cf. Mc 9, 7). Le Seigneur Lui-même dit
à ses disciples: «Croyez en Dieu, croyez aussi en
moi» (Jn 14, 1). Nous pouvons croire en Jésus-Christ parce qu'Il est
Lui-même Dieu, le Verbe fait chair: «Nul n'a jamais vu Dieu;
le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui, L'a fait
connaître» (Jn 1, 18). Parce qu'il «a vu le
Père» (Jn 6, 46), Il est seul à Le connaître et à pouvoir Le révéler
(cf. Mt 11, 27).
Croire en l'Esprit Saint
§152
On ne peut pas croire en
Jésus-Christ sans avoir part à son Esprit. C'est l'Esprit Saint qui révèle aux
hommes qui est Jésus. Car «nul ne peut dire: 'Jésus est
Seigneur', que sous l'action de l'Esprit Saint» (1 Co 12, 3).
«L'Esprit sonde tout, jusqu'aux profondeurs de Dieu (...) Nul ne
connaît ce qui concerne Dieu, sinon l'Esprit de Dieu» (1 Co 2,
10-11). Dieu seul connaît Dieu tout entier. Nous croyons en l'Esprit
Saint parce qu'il est Dieu.
L'Église ne cesse de confesser sa foi en un seul Dieu, Père, Fils et Esprit Saint.
III. Les caractéristiques de la foi
La foi est une grâce
§153
Lorsque S. Pierre confesse
que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, Jésus lui déclare que cette
révélation ne lui est pas venue «de la chair et du sang, mais de mon
Père qui est dans les cieux» (Mt 16, 17; cf. Ga 1, 15;
Mt 11, 25). La foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui.
«Pour prêter cette foi, l'homme a besoin de la grâce prévenante et
aidante de Dieu, ainsi que des secours intérieurs du Saint-Esprit. Celui-ci
touche le coeur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l'esprit et donne 'à
tous la douceur de consentir et de croire à la vérité'» (DV 5).
La foi est un acte humain
§154
Croire n'est possible que
par la grâce et les secours intérieurs du Saint-Esprit. Il n'en est pas moins
vrai que croire est un acte authentiquement humain. Il n'est contraire ni à la
liberté ni à l'intelligence de l'homme de faire confiance à Dieu et d'adhérer
aux vérités par lui révélées. Déjà dans les relations humaines il n'est pas
contraire à notre propre dignité de croire ce que d'autres personnes nous
disent sur elles-mêmes et sur leurs intentions, et de faire confiance à leurs
promesses (comme, par exemple, lorsqu'un homme et une femme se marient), pour
entrer ainsi en communion mutuelle. Dès lors, il est encore moins contraire à
notre dignité de «présenter par la foi la soumission plénière de
notre intelligence et de notre volonté au Dieu qui révèle» (Cc.
Vatican I: DS 3008) et d'entrer ainsi en communion intime avec Lui.
§155
Dans la foi, l'intelligence
et la volonté humaines coopèrent avec la grâce divine: «Croire
est un acte de l'intelligence adhérant à la vérité divine sous le commandement
de la volonté mue par Dieu au moyen de la grâce» (S. Thomas d'A., s.
th. 2-2, 2, 9; cf. Cc. Vatican I: DS 3010).
La foi et l'intelligence
§156
Le motif de croire
n'est pas le fait que les vérités révélées apparaissent comme vraies et intelligibles
à la lumière de notre raison naturelle. Nous croyons «à cause de
l'autorité de Dieu même qui révèle et qui ne peut ni se tromper ni nous
tromper». «Néanmoins, pour que l'hommage de notre foi fût
conforme à la raison, Dieu a voulu que les secours intérieurs du Saint-Esprit
soient accompagnés des preuves extérieures de sa Révélation» (ibid.,
DS 3009). C'est ainsi que les miracles du Christ et des saints (cf. Mc 16,
20; He 2, 4), les prophéties, la propagation et la sainteté de l'Église,
sa fécondité et sa stabilité «sont des signes certains de la
Révélation, adaptés à l'intelligence de tous», des
«motifs de crédibilité» qui montrent que l'assentiment de
la foi n'est «nullement un mouvement aveugle de l'esprit»
(Cc. Vatican I: DS 3008-3010).
§157
La foi est certaine, plus
certaine que toute connaissance humaine, parce qu'elle se fonde sur la Parole
même de Dieu, qui ne peut pas mentir. Certes, les vérités révélées peuvent
paraître obscures à la raison et à l'expérience humaines, mais «la
certitude que donne la lumière divine est plus grande que celle que donne la
lumière de la raison naturelle» (S. Thomas d'A., s. th. 2-2, 171, 5,
obj. 3). «Dix mille difficultés ne font pas un seul doute»
(Newman, apol.).
§158
«La foi cherche
à comprendre»(S. Anselme, prosl. prooem.: PL 153,
225A): il est inhérent à la foi que le croyant désire mieux connaître
Celui en qui il a mis sa foi, et mieux comprendre ce qu'Il a révélé; une
connaissance plus pénétrante appellera à son tour une foi plus grande, de plus
en plus embrasée d'amour. La grâce de la foi ouvre «les yeux du
coeur» (Ep 1, 18) pour une intelligence vive des contenus de la
Révélation, c'est-à-dire de l'ensemble du dessein de Dieu et des mystères de la
foi, de leur lien entre eux et avec le Christ, centre du mystère révélé. Or,
pour «rendre toujours plus profonde l'intelligence de la Révélation,
l'Esprit Saint ne cesse, par ses dons, de rendre la foi plus
parfaite» (DV 5). Ainsi, selon l'adage de S. Augustin (serm. 43, 7,
9: PL 38, 258), «je crois pour comprendre et je comprends pour
mieux croire».
§159
Foi et science. «Bien
que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai
désaccord entre elles. Puisque le même Dieu qui révèle les mystères et
communique la foi a fait descendre dans l'esprit humain la lumière de la
raison, Dieu ne pourrait se nier lui-même ni le vrai contredire jamais le
vrai» (Cc. Vatican I: DS 3017). «C'est pourquoi la
recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle est menée d'une
manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de la morale, ne sera
jamais réellement opposée à la foi: les réalités profanes et celles de la
foi trouvent leur origine dans le même Dieu. Bien plus, celui qui s'efforce,
avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets des choses, celui-là,
même s'il n'en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu, qui
soutient tous les êtres et les fait ce qu'ils sont» (GS 36, § 2).
La liberté de la foi
§160
Pour être humaine,
«la réponse de la foi donnée par l'homme à Dieu doit être
volontaire; en conséquence, personne ne doit être contraint à embrasser
la foi malgré soi. Par sa nature même, en effet, l'acte de foi a un caractère
volontaire» (DH 10; cf. CIC, can. 748, § 2). «Dieu, certes, appelle l'homme à le servir en esprit
et vérité; si cet appel oblige l'homme en conscience, il ne le contraint
pas. (...) Cela est apparu au plus haut point dans le Christ Jésus»
(DH 11). En effet, le Christ a invité à la foi et à la conversion, il n'y a
nullement contraint. «Il a rendu témoignage à la vérité, mais il n'a
pas voulu l'imposer par la force à ses contradicteurs. Son royaume (...) s'étend
grâce à l'amour par lequel le Christ, élevé sur la croix, attire à lui tous les
hommes» (DH 11).
La nécessité de la foi
§161
Croire en Jésus-Christ et
en Celui qui l'a envoyé pour notre salut est nécessaire pour obtenir ce salut
(cf. Mc 16, 16; Jn 3, 36; 6, 40 e.a.). «Parce que 'sans
la foi (...) il est impossible de plaire à Dieu' (He 11, 6) et d'arriver à
partager la condition de ses fils, personne jamais ne se trouve justifié sans
elle et personne à moins qu'il n'ait 'persévéré en elle jusqu'à la fin' (Mt 10,
22; 24, 13), n'obtiendra la vie éternelle» (Cc. Vatican
I: DS 3012; cf. Cc. Trente:
DS 1532).
La persévérance dans la foi
§162
La foi est un don gratuit que
Dieu fait à l'homme. Ce don inestimable, nous pouvons le perdre; S. Paul
en avertit Timothée: «Combats le bon combat, possédant foi et
bonne conscience; pour s'en être affranchis, certains ont fait naufrage
dans la foi» (1 Tm 1, 18-19). Pour vivre, croître et persévérer
jusqu'à la fin dans la foi nous devons la nourrir par la Parole de Dieu;
nous devons implorer le Seigneur de l'augmenter (cf. Mc 9, 24; Lc 17,
5; 22, 32); elle doit «agir par la charité»
(Ga 5, 6; cf. Jc 2, 14-26), être portée par l'espérance (cf. Rm 15, 13)
et être enracinée dans la foi de l'Église.
La foi -- commencement de la vie éternelle
§163
La foi nous fait goûter
comme à l'avance, la joie et la lumière de la vision béatifique, but de notre
cheminement ici-bas. Nous verrons alors Dieu «face à
face» (1 Co 13, 12), «tel qu'Il est» (1 Jn 3,
2). La foi est donc déjà le commencement de la vie éternelle:
Tandis que dès maintenant nous contemplons les bénédictions de la foi, comme un reflet dans un miroir, c'est comme si nous possédions déjà les choses merveilleuses dont notre foi nous assure qu'un jour nous en jouirons (S. Basile, Spir. 15, 36: PG 32, 132; cf. S. Thomas d'A., s. th. 2-2, 4, 1).
§164
Maintenant, cependant,
«nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision»
(2 Co 5, 7), et nous connaissons Dieu «comme dans un miroir, d'une
manière confuse, (...), imparfaite» (1 Co 13, 12). Lumineuse par
Celui en qui elle croit, la foi est vécue souvent dans l'obscurité. La foi peut
être mise à l'épreuve. Le monde en lequel nous vivons semble souvent bien loin
de ce que la foi nous assure; les expériences du mal et de la souffrance,
des injustices et de la mort paraissent contredire la Bonne Nouvelle, elles
peuvent ébranler la foi et devenir pour elle une tentation.
§165
C'est alors que nous devons
nous tourner vers les témoins de la foi: Abraham, qui crut,
«espérant contre toute espérance» (Rm 4, 18); la
Vierge Marie qui, dans «le pèlerinage de la foi» (LG 58),
est allée jusque dans la «nuit de la foi» (Jean-Paul II,
RM 18) en communiant à la souffrance de son Fils et à la nuit de son
tombeau; et tant d'autres témoins de la foi: «Enveloppés
d'une si grande nuée de témoins, nous devons rejeter tout fardeau et le péché
qui nous assiège et courir avec constance l'épreuve qui nous est proposée,
fixant nos yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection,
Jésus»(He 12, 1-2).
NOUS CROYONS
§166
La foi est un acte
personnel: la réponse libre de l'homme à l'initiative de Dieu qui se
révèle. Mais la foi n'est pas un acte isolé. Nul ne peut croire seul, comme nul
ne peut vivre seul. Nul ne s'est donné la foi à lui-même comme nul ne s'est
donné la vie à lui-même. Le croyant a reçu la foi d'autrui, il doit la
transmettre à autrui. Notre amour pour Jésus et pour les hommes nous pousse à
parler à autrui de notre foi. Chaque croyant est ainsi comme un maillon dans la
grande chaîne des croyants. Je ne peux croire sans être porté par la foi des
autres, et par ma foi, je contribue à porter la foi des autres.
§167
«Je
crois» (Symbole des Apôtres): c'est la foi de l'Église
professée personnellement par chaque croyant, principalement lors du baptême.
«Nous croyons» (Symbole de Nicée-Constantinople, dans
l'original grec): c'est la foi de l'Église confessée par les évêques
assemblés en Concile ou, plus généralement, par l'assemblée liturgique des
croyants. «Je crois «: c'est aussi l'Église, notre
Mère, qui répond à Dieu par sa foi et qui nous apprend à dire:
«Je crois», «Nous croyons».
I. «Regarde, Seigneur, la foi de ton Église»
§168
C'est d'abord l'Église qui
croit, et qui ainsi porte, nourrit et soutient ma foi. C'est d'abord l'Église
qui, partout, confesse le Seigneur («C'est toi que par tout
l'univers la Sainte Église proclame son Seigneur», chantons-nous
dans le «Te Deum»), et avec elle et en elle, nous sommes
entraînés et amenés à confesser, nous aussi: «Je
crois», «Nous croyons». C'est par l'Église que
nous recevons la foi et la vie nouvelle dans le Christ par le baptême. Dans le
«Rituale Romanum», le ministre du baptême demande au
catéchumène: «Que demandes-tu à l'Église de Dieu?»
Et la réponse: «La foi». «Que te donne
la foi?» «La vie éternelle» (OICA 75 et
247).
§169
Le salut vient de Dieu
seul; mais parce que nous recevons la vie de la foi à travers l'Église,
celle-ci est notre mère: «Nous croyons l'Église comme la mère
de notre nouvelle naissance, et non pas en l'Église comme si elle était
l'auteur de notre salut» (Faustus de Riez, Spir. 1, 2: CSEL
21, 104). Parce qu'elle est notre mère, elle est aussi l'éducatrice de notrefoi.
II. Le langage de la foi
§170
Nous ne croyons pas en des
formules, mais dans les réalités qu'elles expriment et que la foi nous permet
de «toucher». «L'acte (de foi) du croyant ne
s'arrête pas à l'énoncé, mais à la réalité (énoncée)» (S. Thomas
d'A., s. th. 2-2, 1, 2, ad 2). Cependant, ces réalités, nous les approchons à
l'aide des formulations de la foi. Celles-ci permettent d'exprimer et de
transmettre la foi, de la célébrer en communauté, de l'assimiler et d'en vivre
de plus en plus.
§171
L'Église qui est
«la colonne et le soutien de la vérité» (1 Tm 3, 15),
garde fidèlement «la foi transmise aux saints une fois pour
toutes» (Jude 3). C'est elle qui garde la mémoire des Paroles du
Christ, c'est elle qui transmet de génération en génération la confession de
foi des apôtres. Comme une mère qui apprend à ses enfants à parler, et par là
même à comprendre et à communiquer, l'Église, notre Mère, nous apprend le
langage de la foi pour nous introduire dans l'intelligence et la vie de la foi.
III. Une seule foi
§172
Depuis des siècles, à
travers tant de langues, cultures, peuples et nations, l'Église ne cesse de confesser
sa foi unique, reçue d'un seul Seigneur, transmise par un seul baptême,
enracinée dans la conviction que tous les hommes n'ont qu'un seul Dieu et Père
(cf. Ep 4, 4-6). S. Irénée de Lyon, témoin de cette foi, déclare:
§173
«En effet,
l'Église, bien que dispersée dans le monde entier jusqu'aux extrémités de la
terre, ayant reçu des apôtres et de leurs disciples la foi (...) garde [cette
prédication et cette foi] avec soin, comme n'habitant qu'une seule maison, elle
y croit d'une manière identique, comme n'ayant qu'une seule âme et qu'un seul
coeur, et elle les prêche, les enseigne et les transmet d'une voix unanime,
comme ne possédant qu'une seule bouche» (haer. 1, 10, 1-2).
§174
«Car, si les
langues diffèrent à travers le monde, le contenu de la Tradition est un et
identique. Et ni les Églises établies en Germanie n'ont d'autre foi ou d'autre
Tradition, ni celles qui sont chez les Ibères, ni celles qui sont chez les
Celtes, ni celles de l'Orient, de l'Égypte, de la Libye, ni celles qui sont
établies au centre du monde...» (ibid. 1, 10, 1-2) «Le
message de l'Église est donc véridique et solide, puisque c'est chez elle qu'un
seul chemin de salut apparaît à travers le monde entier» (ibid., 5,
20, 1).
§175
«Cette foi que
nous avons reçue de l'Église, nous la gardons avec soin, car sans cesse, sous
l'action de l'Esprit de Dieu, telle un dépôt de grand prix renfermé dans un
vase excellent, elle rajeunit et fait rajeunir le vase même qui la contient»
(ibid., 3, 24, 1).
EN BREF
§176
La foi est une adhésion personnelle de
l'homme tout entier à Dieu qui se révèle. Elle comporte une adhésion de
l'intelligence et de la volonté à la Révélation que Dieu a faite de lui-même
par ses actions et ses paroles.
§177
«Croire» a donc une double référence: à la personne
et à la vérité; à la vérité par confiance en la personne qui l'atteste.
§178
Nous ne devons croire en nul autre que Dieu, le Père, le Fils et le
Saint-Esprit.
§179
La foi est un don surnaturel de Dieu. Pour croire, l'homme a besoin des secours
intérieurs du Saint-Esprit.
§180
«Croire» est un acte humain, conscient et libre, qui correspond
à la dignité de la personne humaine.
§181
«Croire» est un acte ecclésial. La foi de l'Église
précède, engendre, porte et nourrit notre foi. L'Église est la mère de tous les
croyants. «Nul ne peut avoir Dieu pour Père qui n'a pas l'Église
pour mère» (S. Cyprien, unit. eccl.: PL 4, 503A).
§182
«Nous croyons tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, écrite
ou transmise, et que l'Église propose à croire comme divinement
révélé» (SPF 20).
§183
La foi est nécessaire au salut. Le Seigneur lui-même l'affirme:
«Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; celui qui ne
croira pas, sera condamné» (Mc 16, 16).
§184
«La foi est un avant-goût de la connaissance qui nous rendra bienheureux dans la
vie future» (S. Thomas d'A., comp. 1, 2).
Symbole des Apôtres (DS 30) | Credo de Nicée-Constantinople (DS 150) |
Je crois en Dieu, | Je crois en un seul Dieu, |
le Père Tout-Puissant, | le Père Tout-Puissant, |
Créateur du ciel et de la terre. | Créateur du ciel et de la terre |
| de l'univers visible et invisible. |
Et en Jésus-Christ, son Fils unique | Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ |
notre Seigneur, | le Fils unique de Dieu, |
|
né du Père avant tous les siècles
|
qui a été conçu du Saint-Esprit, | par l'Esprit Saint, |
est né de la Vierge Marie, | Il a pris chair de la Vierge Marie, |
| et S'est fait homme. |
a souffert sous Ponce Pilate, | Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, |
a été crucifié, est mort | Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. |
et a été enseveli,
|
|
Le troisième jour est ressuscité des morts, | Il ressuscita le troisième jour, |
| conformément aux Écritures, |
est monté aux cieux, | et Il monta au ciel; |
est assis à la droite de Dieu le Père | Il est assis à la droite du Père. |
Tout-Puissant, |
|
| Il reviendra dans la gloire, |
d'où Il viendra juger les vivants et les morts. | pour juger les vivants et les morts; |
| et son règne n'aura pas de fin. |
Je crois en l'Esprit Saint, | Je crois en l'Esprit Saint, |
|
qui est Seigneur et qui donne la vie;
|
à la sainte Église catholique, | Je crois en l'Église, |
| une, sainte, catholique et apostolique. |
à la communion des saints, |
|
| Je reconnais un seul baptême |
à la rémission des péchés, | pour le pardon des péchés. |
à la résurrection de la chair, | J'attends la résurrection des morts, |
à la vie éternelle, | et la vie du monde à venir. |
Amen. | Amen. |
Les symboles de la foi
§185
Qui dit «Je
crois», dit «J'adhère à ce que nous
croyons». La communion dans la foi a besoin d'un langage commun de
la foi, normatif pour tous et unissant dans la même confession de foi.
§186
Dès l'origine, l'Église
apostolique a exprimé et transmis sa propre foi en des formules brèves et
normatives pour tous (cf. Rm 10, 9; 1 Co 15, 3-5; etc.). Mais très
tôt déjà, l'Église a aussi voulu recueillir l'essentiel de sa foi en des
résumés organiques et articulés, destinés surtout aux candidats au
Baptême:
Cette synthèse de la foi n'a pas été faite selon les opinions humaines; mais de toute l'Écriture a été recueilli ce qu'il y a de plus important, pour donner au complet l'unique enseignement de la foi. Et comme la semence de sénevé contient dans une toute petite graine un grand nombre de branches, de même ce résumé de la foi renferme-t-il en quelques paroles toute la connaissance de la vraie piété contenue dans l'Ancien et le Nouveau Testament (S. Cyrille de Jérusalem, catech. ill. 5, 12: PG 33, 521-524).
§187
On appelle ces synthèses de
la foi «professions de foi» puisqu'elles résument la foi
que professent les chrétiens. On les appelle «Credo» en
raison de ce qui en est normalement la première parole: «Je
crois». On les appelle également «Symboles de la
foi».
§188
Le mot grec symbolon
signifiait la moitié d'un objet brisé (par exemple un sceau) que l'on
présentait comme un signe de reconnaissance. Les parties brisées étaient mises
ensemble pour vérifier l'identité du porteur. Le «symbole de la
foi» est donc un signe de reconnaissance et de communion entre les
croyants. Symbolon signifie ensuite recueil, collection ou sommaire. Le
«symbole de la foi» est le recueil des principales
vérités de la foi. D'où le fait qu'il sert de point de référence premier et
fondamental de la catéchèse.
§189
La première
«profession de foi» se fait lors du Baptême. Le
«symbole de la foi» est d'abord le symbole baptismal.
Puisque le Baptême est donné «au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit» (Mt 28, 19), les vérités de foi professées lors du
Baptême sont articulées selon leur référence aux trois personnes de la Sainte
Trinité.
§190
Le Symbole est donc divisé
en trois parties: «d'abord il est question de la première
Personne divine et de l'oeuvre admirable de la création; ensuite, de la
seconde Personne divine et du mystère de la Rédemption des hommes; enfin
de la troisième Personne divine, source et principe de notre
sanctification» (Catech. R. 1, 1, 3). Ce sont là «les
trois chapitres de notre sceau (baptismal)» (S. Irénée, dem. 100).
§191
«Ces trois
parties sont distinctes quoique liées entre elles. D'après une comparaison
souvent employée par les Pères, nous les appelons articles. De même, en
effet, que dans nos membres, il y a certaines articulations qui les distinguent
et les séparent, de même, dans cette profession de foi, on a donné avec
justesse et raison le nom d'articles aux vérités que nous devons croire en
particulier et d'une manière distincte» (Catech. R. 1, 1, 4). Selon
une antique tradition, attestée déjà par S. Ambroise, on a aussi coutume de
compter douze articles du Credo, symbolisant par le nombre des apôtres
l'ensemble de la foi apostolique (cf. symb. 8: PL 17, 1158D).
§192
Nombreux ont été, tout au
long des siècles, en réponse aux besoins des différentes époques, les
professions ou symboles de la foi: les symboles des différentes Églises
apostoliques et anciennes (cf. DS 1-64), le Symbole «Quicumque»,
dit de S. Athanase (cf. DS 75-76), les professions de foi de certains Conciles
(Tolède: DS 525-541; Latran: DS 800-802; Lyon: DS
851-861; Trente: DS 1862-1870) ou de certains papes, tels la
«Fides Damasi» (cf. DS 71-72) ou le «Credo du
Peuple de Dieu» [SPF] de Paul VI (1968).
§193
Aucun des symboles des
différentes étapes de la vie de l'Église ne peut être considéré comme dépassé
et inutile. Ils nous aident à atteindre et à approfondir aujourd'hui la foi de
toujours à travers les divers résumés qui en ont été faits.
Parmi tous les symboles de la foi, deux tiennent une place toute particulière dans la vie de l'Église:
§194
Le Symbole des apôtres,
appelé ainsi parce qu'il est considéré à juste titre comme le résumé fidèle de la
foi des apôtres. Il est l'ancien symbole baptismal de l'Église de Rome. Sa
grande autorité lui vient de ce fait: «Il est le symbole que
garde l'Église romaine, celle où a siégé Pierre, le premier des apôtres, et où
il a apporté la sentence commune» (S. Ambroise, symb. 7: PL
17, 1158D).
§195
Le Symbole dit de
Nicée-Constantinople tient sa grande autorité du fait qu'il est issu des
deux premiers Conciles oecuméniques (325 et 381). Il demeure commun, aujourd'hui
encore, à toutes les grandes Églises de l'Orient et de l'Occident.
§196
Notre exposé de la foi
suivra le Symbole des apôtres qui constitue, pour ainsi dire,
«le plus ancien catéchisme romain». L'exposé sera
cependant complété par des références constantes au Symbole de
Nicée-Constantinople, souvent plus explicite et plus détaillé.
§197
Comme au jour de notre
Baptême, lorsque toute notre vie a été confiée «à la règle de
doctrine» (Rm 6, 17), accueillons le Symbole de notre foi qui donne
la vie. Réciter avec foi le Credo, c'est entrer en communion avec Dieu le Père,
le Fils et le Saint-Esprit, c'est entrer aussi en communion avec l'Église toute
entière qui nous transmet la foi et au sein de laquelle nous croyons:
Ce Symbole est le sceau spirituel, il est la méditation de notre coeur et la garde toujours présente, il est, à coup sûr, le trésor de notre âme (S. Ambroise, symb. 1: PL 17, 1155C).
JE CROIS EN DIEU LE PERE
§198
Notre profession de foi
commence par Dieu, car Dieu est «Le premier et Le
dernier» (Is 44, 6), le Commencement et la Fin de tout. Le Credo
commence par Dieu le Père, parce que le Père est la Première Personne
Divine de la Très Sainte Trinité; notre Symbole commence par la création
du ciel et de la terre, parce que la création est le commencement et le
fondement de toutes les oeuvres de Dieu .
«JE CROIS EN DIEU LE PERE TOUT-PUISSANT CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE»
Paragraphe 1. JE CROIS EN DIEU
§199
«Je crois en
Dieu «: cette première affirmation de la profession de foi est
aussi la plus fondamentale. Tout le Symbole parle de Dieu, et s'il parle aussi
de l'homme et du monde, il le fait par rapport à Dieu. Les articles du Credo
dépendent tous du premier, tout comme les commandements explicitent le premier.
Les autres articles nous font mieux connaître Dieu tel qu'il s'est révélé
progressivement aux hommes. «Les fidèles font d'abord profession de
croire en Dieu» (Catech. R. 1, 2, 2).
Catéchisme de l'Église catholique © Libreria Editrice Vaticana 1992.
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